My First Mistake [ Tome 2 ]

33• String et guirlandes

Les invités étant tous présents, je jette un coup d'oeil aux vêtements et précisément à ma tenue choisie pour le thème "Mochetés de Noël". Ma robe version guirlandes en folie risque de gagner le défi mais je suis vexée de voir que les autres n'ont pas joué le jeu. Jeongin est tendance dans sa tenue dépareillée. Seulgi est à croquer avec son pull à l'effigie de Rudolph alors que Solar est totalement hors sujet avec sa robe verte émeraude à l'allure d'un mannequin défilant pour un grand couturier.

— Solar, tu peux me dire où tu vois la mocheté dans ta tenue?
— C'est quand je mets l'accessoire. Regarde.

Notre mannequin Victoria Secret ici présent sort un serre-tête comportant plusieurs Pères Noël et active l'animation d'un bouton sur le côté. Nos petits bonhommes rouges et blancs se mettent alors à clignoter et entonner une chanson, me laissant perplexe.

— Non. T'es toujours belle. C'est de l'arnaque, je vais me changer.
— Tu restes comme tu es, m'ordonne Binnie, me rappelant que ses amis vont débarquer et me voir dans cette tenue après quatre mois de silence.

Voici donc la motivation parfaite pour un changement de tenue qui me mettrait en valeur. L'idée est de leur montrer ce qu'ils ont oublié. 
Je commence à courir au moment où des coups sont frappés à la porte. Le timing est serré mais je parviens à me réfugier dans la chambre de Binnie pour farfouiller dans mon armoire. Il me faut quelque chose qui serait festif mais pas trop. Ma magnifique robe à sequins rouge répond à ma demande. 
Je tente de retirer mon sac à patate quand vient le drame. L'une des guirlandes reste coincée dans l'attache arrière de mon soutien-gorge, me mettant dans une position inconfortable. J'ai les bras repliés en aile de poulet, coincés à l'intérieur du tissu et les fesses à l'air si je ne compte que le string qui les habille. Ma vision est quant à elle floutée par la transparence du tissu.

— Tu veux de l'aide? Me surprend Felix que je n'avais pas vu ni entendu approcher.

Voulant le préserver de la vision de mon derrière, je me retourne mais n'anticipe pas la présence de la palette de couchage à proximité. Mon mollet bute contre l'obstacle, ce qui me fait basculer à la renverse sur l'immense lit. Avec la grâce d'un poulet déplumé fuyant l'eau bouillante, je me tortille sur le ventre pour me relever puisque mes fesses sont à nouveau visibles mais je ne parviens qu'à me cogner contre la tête de lit.

Le son creux me rappelle qu'il n'y a toujours rien dans ma caboche. Mais le rire attendrissant de Félix me sort de ce constat. 

— Vous faîtes quoi? Demande soudainement Chris. Oh mon... Cul.

Je pousse un hurlement de rage devant ce corps coincé qui refuse de m'obéir et commence à faire de la brasse au niveau des jambes pour attraper ce fichu drap et tenter de le renvoyer sur mes deux globes bombés.
La sensation d'une main près de mon dos me fait paniquer. Je cambre à outrance et relève la tête en arrière, reprenant ainsi un peu de ma respiration. Mais c'est le menton de Félix que je touche au passage.

— Je veux juste t'aider. Putain, je crois que tu m'as pété la lèvre, dit-il en s'éloignant du lit.

Il n'avait qu'à me prévenir. Je ne pouvais pas savoir qu'il allait tenter quelque chose.

— Attends, je vais essayer, lui répond Chris. 
— Fais gaffe, elle est dangereuse.

Même pas vrai. Je suis juste empêtrée dans ce tissu et munie d'une volonté féroce de cacher une vue qu'ils ne devraient pas détailler.

— C'est quoi cette paire de fesses? Demande Minho qui semble-t-il vient de nous rejoindre à son tour.
— C'est Yeri, lui répond Felix.
— Oh. Elle est coincée?
— Oui, il faut des ciseaux, répond très sérieusement mon ex petit ami.
— On ne va pas lui couper sa robe préférée, les contredit Chris. Faut trouver une autre solution.

Je les sens juste au-dessus de moi, à toucher le tissu à dix centimètres de mes fesses comme s'ils essayaient de solutionner un problème de mathématiques niveau dix.

 — J'prense qu'il faut dégager ce truc là, propose Minho.
— C'est toi qu'on va dégager, tu vas juste encore plus emmêlé le business, répond Felix.
— Et bien alors on coupe tout!

D'autres pas se font entendre et je comprends que mon postérieur n'aura plus aucun secret pour personne. S'en est fini de moi.

— Putain de bordel de Yeri. Qu'est ce que tu fous le cul à l'air?! Se met à hurler mon frère qui balance dans les trois secondes un coussin sur la vue impudique.
— Elle est bloquée, répond Felix.
— J'ai proposé de couper la robe mais ils ne veulent pas, continue mon ancien fiancé.
— Je pense que c'est comme avec mes chaînes lorsqu'elles sont emmêlées. Tu secoues le tout et ça se débloque tout seul, propose Chris.
— Laissez faire le pro, lance Jisung. Aucune culotte ne me résiste. 
— Ce n'est pas la culotte qu'il faut enlever mais la robe, le tacle Felix.
— C'est la même chose. Je suis le Lucky Luc de l'amour, je retire les vêtements plus vite que mon ombre.
— Et moi le Lucky Luc du poing. Je te défonce plus rapidement que tu ne touches à ta braguette.
— Pendant que tu le dis, ça me rappelle un film porno, mais la fille avait la tête dans la machine à laver, intervient le dernier de la bande, Hyunjin.

Voilà quatre mois que je n'avais aucune nouvelle d'eux et la première chose qu'ils admirent pour ces retrouvailles forcées est mon fessier. Est-il possible d'être plus poisseux ?

— Tu as pris des fesses, Yeri. Tu t'es mise au sport? Me demande Chris.
— Je fais des squats.
— Ca se voit. T'as un bon résultat par là, dit-il en tapotant de son doigt ma peau.

Ce que j'entends est un corps balancé à l'autre bout de la pièce et un silence qui en dit long.

— Allez, on se décide. J'ai les ciseaux. Je coupe la robe et le soutien-gorge ? Propose Minho.
— Rajoute le string! Lui répond Jisung.
— J'suis partant, vote Chris près de la porte.
— Je ne me prononce pas, je vous laisse, annonce Felix.

Son retrait ravive la douleur dans mon cœur. J'en conclus qu'il ne m'a toujours pas pardonné. Le temps n'efface pas les maux.

— Allez, bougez, je m'en occupe. Y a qu'à démêler le long pompon, propose Hyunjin
— C'est une guirlande, lui dis-je comme si je tenais au respect à ma tenue.

Le matelas commence à s'affaisser, m'indiquant la présence d'un intrus à proximité. 

— Est ce que je peux m'asseoir sur toi pour avoir une meilleure vue? Demande mon ancien partenaire de tromperie.
— T'as qu'à te foudre à l'envers, grogne Binnie.
— Donc je lui mets ma bite dans la tête?

Au silence qui suit, j'en conclus que cette position convient encore moins à mon frère. Je l'invite donc à faire ce qu'il a en tête. L'idée est de me libérer au plus vite.
Un corps passe à califourchon sur le mien mais je ne suis en rien gênée par le poids de Hyunjin. De ses mains très douces, je le sens soulever différentes parties du tissu pour qu'il les déclipse une à une avec doigté.

— On dirait que t'as fait ça toute ta vie, constate Minho.
— Ma mère m'appelle à chaque fois lorsqu'il faut défaire les nœuds de ses colliers. Je suis la patience incarnée.

Heureusement qu'il ne me voit pas lever les yeux. Une fois la sensation d'être libérée retrouvée, le tissu redescend naturellement sur mon corps et je peux enfin regarder mes pom-pom girls préférés. Il me faut me mordre les lèvres pour ne pas pleurer sur le champ.

— Merci, dis-je d'une voix à peine audible.
— Tout le monde dans le salon. Le spectacle est fini, ordonne mon frère.

La rupture n'est pas agréable puisqu'aucun d'entre eux ne trouve une excuse pour rester, me laissant seule avec cette robe que je retire et mon ancienne culpabilité. Finalement, je sens que cette soirée s'annonce plus compliquée que prévue.