31• Débriefing nerveux

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Je laisse ma mère me serrer si fort dans ses bras, comme si ce contact pouvait panser mes plaies. Elle m'attire sur le canapé et caresse mon visage avec appréhension, me faisant grimacer lorsque ses doigts touchent ma tempe.

— Qu'est ce qui s'est passé, Yeri? Dis-moi...
— Quelqu'un t'a fait du mal? S'inquiète également mon père.

Non, je ne suis pas à plaindre puisque je suis la responsable de tout ce chaos.
Comment le leur expliquer sans qu'il ne me juge? A défaut de tout avouer, je me réfugie contre elle, fuyant les questions et la laisse me bercer. Mon père ne tarde pas à appeler Changbin afin d'en savoir plus.

— Ta soeur vient de rentrer en pleurs. Elle était sous ta responsabilité. Qu'est ce qui s'est passé? Une simple dispute? Mais tu as vu son visage? Tu n'en sais plus, tu te fiches de moi?!

Je soupire de soulagement, comprenant qu'il protège son meilleur ami et ne créera pas de nouveaux ennuis. Après tout, ce coup n'était pas volontaire.
Ma mère commence à fredonner une comptine pour calmer mes larmes mais le simple fait de sentir son odeur apaise mon petit coeur. Aujourd'hui, j'ai l'impression de revivre la même situation qu'à mes 6 ans quand je suis rentrée de l'école bouleversée car Jeno, celui dont j'étais secrètement amoureuse, avait dit qu'il ne m'aimerait pas car je ne courrais pas assez vite. Ce à quoi ma mère m'avait répondu que c'était tant mieux car ce n'était pas aux filles de courir après les garçons, qu'il fallait qu'on se fasse désirer. C'était la première fois que j'observais Binnie serrer ses poings en silence tandis que je vivais un petit chagrin d'amour.
Cinq ans plus tard, je l'avais recroisé en 6ème au collège. J'avais aperçu son regard perçant se poser sur moi et surtout sur mon corps qui commençait à sortir de l'enfance. Une simple discussion avec mon frère devant les autres jeunes l'avait convaincu de ne plus jamais m'adresser la parole. Je suppose, aujourd'hui, qu'il avait dû être menacé des pires souffrances par le gardien du pacte.
Mais j'en reviens toujours aux bras de ma mère qui sont le refuge idéal pour toutes les peines de coeur.

Mais comment retenir la leçon de cette situation actuelle? J'ai fait du mal à quelqu'un qui ne le méritait pas, qui tenait à moi. Pourquoi ne me suis-je pas contentée de ce que j'avais? J'ai beau avoir fauté, je ne regrette pas l'acte mais la douleur causée.

— Dis-moi ce qui s'est passé... 
— J'ai fait une chose horrible.
— Alors confie-toi et je t'aiderai à cacher le corps.

J'étouffe un rire en récupérant un mouchoir. Mon père n'écoute quasiment plus de ce que lui dit Binnie et tend l'oreille vers nous d'une façon peu discrète. 

— J'ai embrassé quelqu'un d'autre que Felix...

Ma mère cesse tout contact physique et hausse les épaules. Ca y est, voici donc le moment où elle sera déçue et ne m'aimera plus.

— Quoi? C'est tout?
— Maman!! Tu ne te rends pas compte. Je l'ai trompé et il l'a appris. 
— Aïe. Pas malin de se faire choper... Mais ne dis pas que c'est lui t'a frappée?!

Mon père rugit au même moment au téléphone, reprenant l'information qui vient de lui tomber du ciel.

— Est ce que c'est Félix qui a frappé ma fille? Réponds tout de suite Seo Changbin!

J'essaie de faire abstraction de la folie furieuse de mon paternel afin de poursuivre mes révélations honteuses. Autant tout déballer pour ne plus avoir de secrets en réserve.

— En quelques sortes... Il voulait frapper ce fameux garçon, a été déséquilibré et m'a touchée.
— Ce n'était pas volontaire, mon amour. N'organise pas de représailles.
— Je m'en fiche, lui répond mon père. Mon poing aussi ne sera pas volontaire. Je vais bien faire exprès de me planter de cible. Il perdra ses couilles et ses héritiers au lieu de ses dents.
— Les chiens ne font pas des chats, dit-elle désespérée... Et qui était celui pour qui tes yeux ont brillé plus fort que ton premier amour?

Je ne peux plus faire de manière. L'heure est venue de donner le nom qui a provoqué un séisme dans ma vie à partir du moment où il m'a avoué que je lui plaisais. 

— Hyunjin... 
— Hyunjin? 
— Hwang Hyunjin? Articule mon père. Changbin, tu me ramènes son petit cul aussi à l'appart. Je ne veux pas le savoir que vous réglez vos affaires entre vous. Je vais mettre mes lunettes, moi aussi, et je vais reprendre votre pacte en main. Un coup de fusil pour celui qui ne gardera pas ses distances.

J'ai la drôle d'impression que nous sommes un peu trop mélodramatiques dans cette famille. Peut-être est-ce un trait génétique ?

— Bon, j'avoue que j'ai toujours eu un faible pour Felix, s'amuse ma mère. Il est si adorable, bien élevé, mais je te l'accorde, Hyunjin est sacrément mignon. Tu tiens de moi, ma fille, pour tes goûts en matière de garçons. J'ai trouvé le plus beau.
— Je vais l'écrabouiller...
— Et le plus instable, ajoute-t-elle.
— Yeri, comment fais-tu pour toujours te mettre dans des situations impossibles? Désespère mon père.
— Mais arrête, elle n'a que 17 ans. Elle a embrassé un autre garçon et alors? Ils sont jeunes, ils font leurs expériences. Elle ne va pas se marier demain donc qu'elle profite de la vie!
— Ça veut dire que tu ne profites plus parce que nous sommes mariés?

Le débat dévie dangereusement. Avant que la colère qui va naître de leur dispute ne me retombe dessus, il faut que je fuis.

— Si je vais dans ma chambre, c'est bon?
— Mets des petits pois sur ton visage, me conseille ma mère.
— Ceux en sachet, pas en conserve. Je préfère le préciser.
— Ma fille n'est pas stupide. 
— Je n'en doute pas mais vu qu'elle tient de toi pour ses choix catastrophiques, je préfère prendre les devants.

Courage, fuyons.
Je récupère le petit sac surgelé au passage et m'enferme dans ma tour où la solitude me permet de réaliser le bazar que j'ai mis dans ma vie.
La seule personne qui n'a eu qu'un vague aperçu de la catastrophe vient justement aux nouvelles.

Solar
[ Salut la belle. Ton moral va un peu mieux? ]

Yeri
[ Je pense qu'il n'est techniquement pas possible de faire pire. Comment tu as eu mon numéro ? ]

Solar
[ Par Wendy. Je lui ai fait croire que je voulais t'envoyer une photo de Felix torse nu dans mes bras. Ce groupe de tarées est vraiment pathétique. ]

Yeri
[ Tu prêches une convertie. Y a pas plus  toxiques.

Solar
[ Le coup du numéro de téléphone, je ne l'ai toujours pas digéré. ]

Yeri
[ Qu'est ce qui leur a pris? Si tant est qu'il y a une raison... ]

Solar
[ Parce que j'ai refusé les avances d'un super pote de Joy. Je lui ai dit que jouer la traînée n'était pas mon délire et que je leur laissais ce sympathique rôle. ]

Yeri
[ Elle a dû être ravie. Mais tu ne perds rien. Tu n'as pas besoin de t'entourer de ces filles. Tu es drôle, badass et tellement jolie. ]

Solar
[ Ouh. On me drague. ]

Yeri
[ Je t'aurais bien dit oui mais je crois que j'ai assez fait de bêtises comme ça. ]

Solar
[ Raconte-moi tout. Que s'est-il passé lors de ta marche nocturne ? ]

Yeri
[ Je te laisse l'histoire pour demain. Arrive une heure en avance et prends des pop-corn. Ma vie est si chaotique qu'on devrait en écrire un livre. ]

Solar
[ Je m'en occupe alors. Je ferai ta biographie. Tu seras ma petite poule aux oeufs d'or avec tout ce que tu provoques. Mais petite chose avant de te laisser. Apprends de tes erreurs et pardonne-toi car sinon tu ne pourras jamais avancer. ]

My First Mistake [ Tome 2 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant