Quel plaisir de se dire que je m'apprête à vivre ma deuxième leçon de conduite aujourd'hui. J'ignore totalement qui en est le professeur mais une chose est sûre, ce n'est pas mon frère. Les garçons se sont mis d'accord pour me faire la surprise sur l'identité du tyran à chaque fois. Même chose pour le chaperon.
L'horloge affiche 21 heures. Je me lève avec une motivation débordante du fauteuil, attrape mon téléphone et cours vers la porte.— Même pas un petit bisou? Demande mon père.
— Non, mais je t'aime quand même.
— Moi aussi mon p'tit pot de miel. Évite de te faire arrêter par les flics car je ne viendrai pas te chercher.
— Menteur, je sais que tu irais jusqu'à me faire évader de prison.
— Et du pays! Ajoute ma mère. J'ai déjà des passeports russes donc tu peux y aller les yeux fermés.
— Enfin ouvre-les pour conduire.Après de tels encouragements, je ne peux que réussir à surmonter les obstacles dans ma vie. J'ai tellement hâte de vivre ce moment en quasi tête à tête avec l'un de mes pom-pom girls. Ils m'ont manqué plus que de raison.
Mes derniers pas devant l'immeuble révèlent le visage de mon guide. C'est donc Jisung. La douche froide est surprenante car je m'attendais à passer un moment agréable alors que mes rapports avec lui sont plutôt dans la tendance inverse depuis que je l'ai laissé tomber sur ce toit.
Son attitude ne semble pas aussi sur la défensive que la mienne, vu la décontraction qu'il affiche.— Bonsoir p'tit monstre.
Appuyé sur sa portière tel le bad boy de mes livres, j'admire silencieusement les traits de son visage qui m'ont plu dès le premier jour. C'est un tout qui me séduit chez lui mais je reprends mes esprits quand je m'installe sur le siège à ses côtés. Il n'attend pas que je me sois attachée pour démarrer et commence à avancer vers la sortie du parking des barres d'immeuble. C'est à ce moment que j'aperçois Seulgi qui trottine en secouant la main pour qu'on s'arrête à son niveau. Mon amie sera donc le chaperon. Cela me rassure puisqu'avec son caractère, je sais que nous pourrons faire face à l'air renfrogné et désinvolte du conducteur.
— On ne s'arrête pas pour...
La voiture passe à une allure au-delà de la vitesse autorisée dans un tel lieu et je blêmis quand Jisung lui envoie un doigt d'honneur. Je crois que l'on vient de me kidnapper.
— On n'a pas besoin d'elle, dit-il comme pour me rassurer. Il ne va rien se passer entre nous donc sa présence serait inutile et désagréable.
Je sens tout à coup comme un courant d'air venu des Pôles. Quelque chose me dit que je dois me préparer à bien pire.
— Mais Binnie ne sera pas content...
— T'es pas à la botte de Binnie. Et moi, on ne me fixe pas de règles. Je vis comme je l'entends. Si tu veux ce cours, ce sera en duo.
— Car il ne se passera rien. J'ai compris l'idée.A son tour de me dévisager, surpris que je sois finalement aussi désagréable que lui. Cette leçon risque d'être plus pénible que romantique vu les tensions entre nous.
Arrivés sur le parking, nous échangeons nos places et la panique grandit en moi. Je n'ai pas envie de me ridiculiser devant lui et encore moins de lui demander de l'aide. Il faut donc que je me surpasse en lui montrant tout ce que j'ai appris. Comment est ce qu'on démarre encore ? Il y avait trois trucs à mémoriser en même temps. Mes mains se posent sur chaque zone qui pourrait déclencher le vrombissement du moteur et ma première tentative se solve par un échec. Mon professeur ne cache même pas son rire, m'énervant au passage. À la deuxième tentative, la voiture se met à rouler.— Il t'a appris à faire quoi, ton grand frère chéri?
— Démarrer, rouler en seconde, faire des ronds et des huit et m'arrêter en ne calant pas.
— Okay... Les rétros?
— J'ai retenu, ce n'est pas pour se faire belle...Mon copilote s'esclaffe à nouveau, comme si je m'étais lancée dans un one woman show.
— J'avais oublié à quel point tu pouvais être cool.
— C'est... Gentil.
— Bon. Tu vas me faire des tours. À chaque fois, je veux te voir regarder dans ton rétroviseur et mettre le clignotant comme si tu étais sur la route.Sa demande me semble plutôt simple à réaliser. Je commence mes petits tours en me concentrant sur mes gestes mais il semblerait que Jisung ait envie de faire la causette.
— Quand je repense au bal, je me dis que c'est du gâchis. Tu as choisi Felix pour le quitter quelques mois plus tard...
Sa réflexion me fait paniquer et je déclenche par erreur les essuis glace.
— Il n'y a pas de pluie, p'tit monstre. On est dans un parking souterrain.
— Je... Voulais juste essayer, dis-je en mentant honteusement.
— Si au moins vous aviez été amoureux jusqu'à la fin de vos jours, j'aurais juste eu à gérer ça mais là, ça me conforte dans l'idée que c'est dommage.
— On ne pouvait pas savoir que ça ne marcherait pas. Et puis, c'est de ma faute. C'est moi qui l'ai trompé.
— Je n'ai pas dit le contraire. J'avoue que pour le coup, tu m'as laissé sans voix. Je ne t'imaginais pas du tout comme ça.Moi non plus. Je ne pensais pas que je serais capable de trahir les sentiments de quelqu'un qui m'était cher.
— Tu n'es pas obligé de remuer le couteau dans la plaie.
— Et tu n'étais pas obligée de briser mon coeur.La réplique est glaçante. Même avec les mois passés, je comprends que celui dont j'étais proche ne m'a toujours pas pardonné mon choix.
— Tu le sais que je suis désolée...
— Oui. Mais notre histoire méritait mieux. Regarde-nous. J'enchaîne les meufs, je baise à tout va sans jamais prendre mon pied. Et toi, tu continues de chercher celui qu'il te faut.Alors que la conversation est très sérieuse, Jisung me désigne le mur à l'autre bout du parking. Je ne sais pas s'il s'agit d'une façon déguisée de souhaiter notre mort.
— Qu'est ce que tu veux que je fasse?
— Tu sais freiner?
— Oui, pédale du milieu et embrayage.
— Bien, on va travailler le frein d'urgence. Accélère.J'en suis maintenant convaincue. Il veut mettre fin à mes jours sans pour autant l'assumer. Timidement, mon pied appuie sur la pédale de droite.
— Plus fort. Passe ta troisième.
J'obéis, la peur au ventre, avec la sensation que je perds peu à peu confiance en son jugement.
— Jisung...
— Encore.
— Y a le mur!!!
— Putain, fais-moi confiance Yeri. Je t'aime.Mon coeur semble sortir de mon corps et mon cerveau débranche les neurones qui le font réfléchir. Mon pied plane au-dessus de la pédale de frein mais n'appuie pas, attendant les indications de celui qui vient de me révéler ses sentiments.
Quand j'accepte l'idée d'être écrasée par cette montagne de briques, il pose sa main sur ma cuisse et prononce les mots que je bénis.— Maintenant ! Tu freines!
Mon pied s'abat sur ce petit objet en charge de ma survie. Les pneus crissent. La voiture semble glisser. Puis je me rappelle que je dois mettre l'autre pied sur l'embrayage. Lorsqu'on ne bouge plus, je suis frappée par une montée d'adrénaline qui agite mes membres.
— Bien.
Même si j'ai obéi à ses indications, il faut que je m'assure de ses intentions.
— Dis-moi que tu n'as pas voulu nous tuer...
— Non. Quand tu seras sur les grands axes, il peut arriver que le trafic s'arrête brutalement. Tu dois être capable de piler.Il retire sa main de ma cuisse et me fait signer de couper le contact. Ma leçon s'arrête donc là. Je crois que cela ne me dérange pas puisque je n'aurais pas pu en supporter davantage.
— Merci, me dit-il.
— Pourquoi ?
— Pour m'avoir fait confiance et avoir accepté de m'écouter.
— Je ne veux plus que tu souffres...
— Et je crois que je suis prêt à te sortir de ma tête, malgré tout ce que je ressens. Je me sens mieux maintenant.Avec un sourire qu'il n'avait pas en entrant dans le véhicule, Jisung reprend sa place de pilote et me ramène auprès des miens. Je ne pensais pas vivre un moment aussi fort. Décidément, rien ne se passe comme je l'imaginais. Je me demande ce que me réservent les autres leçons.
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My First Mistake [ Tome 2 ]
FanfictionGenre: New Adult Tropes : Lycée/Campus, brother's best Friends, Found Family, secrets, proximité forcée, trahison, polyamour, she fell first they fell harder, évocation de scènes violentes passées. Tome 1: My First Time Tome 2: My First Mistake Tom...