My First Mistake [ Tome 2 ]

21• Le cadeau d'anniversaire

A notre arrivée, nous trouvons la résidence anormalement calme pour un lieu de fête. Ma première réaction est de saisir mon téléphone pour contacter Felix mais je m'empêche de le faire, persuadée que Seulgi ne se privera pas de me taquiner là-dessus. Non, mon monde ne tourne pas uniquement autour de mon petit ami.

— Tu es sûre qu'il y a bien une soirée chez Taeyong?
— Oui. Ce sont les infos qu'on m'a données.
— Attendez-moi ici, je reviens vite.

Je monte au pas de course au troisième étage et frappe à la porte 32, dortoir de l'organisateur de la soirée. Une voix étouffée m'indique qu'elle approche. J'en perds mon latin quand Lucas ouvre la porte avec une simple serviette accrochée à la taille.

— Ouh! Je crois que mon cadeau est arrivé.

Son cadeau?
Sans que je m'y attende, il me saisit par la taille, nous fait reculer de trois pas et me bascule le dos sur le lit. J'en ai le souffle coupé par la chute. Le tissu qui servait à couvrir sa virilité se détache, ce qui n'empêche pas le fils de Zeus de m'embrasser dans le cou en frottant son corps contre le mien.

Mon corps se met alors en mode auto-défense avec un bon coup de genou dans les parties intimes. Mon agresseur se replie aussitôt, au pied du lit, le regard empli d'incompréhension. C'est à ce moment là que la porte s'ouvre sur Jaemin et Taeyong, accompagnés d'une jeune fille déguisée en infirmière.

— C'est quoi ce bordel? S'inquiète Jaemin.
— Putain, votre surprise m'a broyé les couilles. J'suis mort, les mecs.

Avec une analyse très rapide de la situation, je prends conscience qu'il y a mésentente.

— Tu fais quoi, ici, Yeri? Me demande Jaemin.
— Je... Je vous cherchais. Enfin, je cherchais votre fête.
— Elle est de l'autre côté du bâtiment dans le jardin. Là, on offre le cadeau de Lucas avant l'heure.
— Le cadeau? C'est ton anniversaire?
— Ouai, ma belle, dit le malheureux qui se frotte encore les bijoux de famille. Je crois que le tien a été plus qu'expressif.

C'est dingue comme ma culpabilité peut me frapper sans prévenir. Je me sens tout à coup honteuse de l'avoir mis minable.

— Je suis désolée...
— Non, c'est moi. J'ai cru que tu étais le fameux cadeau mortel dont ils m'avaient parlé. J'ai failli devenir fou en découvrant que tu t'offrais à moi. Mais ça ne restera qu'un fantasme.

Ou un moment gênant pour moi qui réalise que j'intéresse toujours le playboy passé à la faculté. Mis à part pour me servir de ses connaissances, je ne prends aucun plaisir ou intérêt à le côtoyer. Felix me suffit, même si je me rabache que non, il ne représente pas tout mon univers. J'arrive tout de même à m'ouvrir aux autres sans qu'il n'ait de lien avec lui.

La strip-teaseuse se racle la gorge, rappelant à tous qu'elle est là et patiente sans agir.

— Mon compteur tourne.
— Ouai, poulette. Vu le prix que tu nous coûtes, on ne l'a pas oublié, lui répond Taeyong.

Ceci sonne comme un signal pour que je quitte cette chambre où je n'aurais jamais dû me rendre. En même temps, cela était peu crédible que toute la faculté puisse entrer dans un si petit endroit. Je devrais peut-être commencer par réfléchir avant d'agir.

— J'suis content de t'avoir revu. Tu m'attends dans le jardin? Je n'en aurais pas pour longtemps avec elle.
— On a payé pour l'heure donc ô que si que tu vas la culbuter dans tous les sens, s'agace Taeyong.

Une envie de vomir remonte de mon estomac jusqu'à ma gorge. Je ne sais pas si Lucas se rend compte de ce qu'il vient de me proposer. Les garçons de faculté vivent réellement dans un monde parallèle.

— On se verra une autre fois, dis-je par politesse. Je peux juste te demander un service?
— Tout ce que tu veux, ma belle. Si tu veux prendre sa place maintenant, y a pas de souci.
— Non merci, sans façon. Je voudrais juste que tu ne parles pas de ce malentendu avec Binnie ou les autres.
— Tu flippes toujours devant ton grand frère ?
— Je n'ai pas envie que tu perdes la vie le jour où on célèbre ta naissance.
— Vu comme ça, je suis d'accord. Ca restera entre nous. Mais je suis touché que tu t'inquiètes pour les battements de mon coeur.

S'il n'était pas aussi instable en matière de relation, je pourrais reconnaitre ses efforts en matière de séduction.

— Bon, ben... Bonne fellation?
— Il a intérêt de passer par tous les trous car je m'ennuie, me répond la stripteaseuse.
— Ouai. Allez, on se casse. Faut réussir à attirer l'attention des joueurs de foot. L'objectif est de quitter cette résidence de merde pour entrer dans leur fraternité, marmonne Taeyong en direction de Jaemin.

Je ne prends pas le temps de rester à côté d'eux pour discuter de leur plan de carrière sociale et cours dans les escaliers. Je veux de l'air et de la normalité. Mes espoirs reprennent peu à peu leur place dans ma tête quand je retrouve mes amis au pied de la résidence.

— Tu ne sais pas ce qu'on a vu! Hurle Seulgi. Taeyong et un canon sont passés avec...
— Une stripteaseuse.
— Comment tu le sais?
— Parce que j'étais aux premières loges de la livraison du cadeau.
— Elle avait des sous-vêtements de quelle couleur?
— Je ne suis pas restée assez longtemps pour voir ça.
— Dommage, j'avais parié pour du rouge.
— Je demanderai à Lucas. Au fait, la soirée, c'est de l'autre côté du bâtiment. Dépêchons-nous avant de tout louper. 

En contournant l'énorme bâtiment, nous découvrons un jardin aménagé dans lequel se soule une cinquantaine d'étudiants. La musique est couverte par le bruit des conversations et des rires.

— On s'accorde dix minutes ensemble avant la séparation?
— C'est le temps qu'il nous faut pour repérer les boissons et trinquer.

Notre trio hétéroclite déambule au milieu de la foule sans se faire repérer. Seulgi récupère des bières et s'amuse à toutes les ouvrir. Ce laps de temps m'offre l'occasion de débusquer la jolie Solar, vêtue d'une longue robe noire, décolletée dans le dos avec des paillettes ornant la bordure. Je ne serais pas capable de mentir si on m'accusait de la mater ouvertement. Ses longs cheveux blonds glissent sur sa peau tel un voile de soie. Dans ses mains se trouve une bouteille d'eau, objet assez insolite en ce lieu.
Alors qu'une bière glacée est posée sur mon bras pour me faire réagir, nos regards se croisent et je crois apercevoir un petit mouvement de tête de la part de la nouvelle du lycée.