Chapitre Second : Ou Sortir de l'Auberge (3)

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*Promis c'est la dernière partie de ce chapitre QUELQUE PEU LONG :')* *Du coup c'est un bébé chapitre* *J'espère que vous serez pas traumatisés* 





« Madame ? Elle revient quand Maman ? »

Et merde, pense l'Ombre. Elle souffle :
« J'ai... Je ne sais pas, petite. »

Avec tact et délicatesse, ricane Solène. Je... Pourquoi je mens ? Est-ce si dur de dire JAMAIS ? – de dire Fondue, Marie... –.

« Madame ?
— Oui ?
— Je sais qu'elle ne revient pas. »

L'Ombre se demande si c'est la honte qui lui brûle les yeux – évidemment, la honte ! Ça ne pourrait pas être un écho du passé qui crie avec sa voix « Où est Maman ? Et Papa ? Rendez-les moi ! », et d'une autre voix qui répond « Ils ne viendront plus, maintenant. Désolé. ». Non, ce serait ridicule. –.

Gabrielle avance, et Gabrielle tremble :
« Pourquoi est-ce que tous les adultes mentent ? Eux aussi, ils savent ! Toi aussi, tu sais. »

Il y a du sel dans sa bouche quand l'Ombre souffle :
« Oui. Je sais. Je sais, je suis désolée, Gabrielle.
— Arrête d'être désolée ! Dis-moi pourquoi tu mens.
— Pour... J'ai... Pour te montrer un monde tendre, je suppose.
— Non ! Tu veux me donner un monde faux. Je ne veux pas !
— Pardon. D'accord. Elle ne vient pas. Plus. Ta Maman. Elle ne revient jamais. Je suis désolée. »

Gabrielle tombe entre ses bras – elle pleure à s'en briser les côtes et à s'en noyer le cœur –. L'Ombre la serre, si fort – comme JAMAIS personne ne l'a serrée, elle –. L'enfant gémit :
« Je sais. »

Puis Solène se tait.

***

Le ciel est éteint, ce soir. Les étoiles sont mortes. Les Anges sont inquiets :
« Solène ? Comment ça va ? Tu parais... étrange, aujourd'hui.
— Bien. Toujours. Je... »
Mensonge. Mensonge. Mensonge.

Vérité :
« Tu penses qu'elle s'en sortira ? Gabrielle.
— Pourqu...
— Je suis mauvaise, en mère, je crois. Un peu. »

L'enfant dort. Le monde aussi. Il n'y a que l'Ange et ses yeux d'Homme pour voir Solène trembler :
« J'ai... Comment elle pourra faire si je n'apprends pas bien la vie ? Parfois, j'imagine une adulte. Seule. Dans un coin d'appartement triste. Perdue dans sa routine entre deux poissons rouges et un chat infidèle. Et cette adulte, c'est ma faute. Et...
— A peine un mois, Solène. »

La nuit tombe sur moi, s'effraie l'Ombre. M'étouffe et m'enlace. Ma tête hurle hurle STOP.

« C'est peu, un mois, tellement peu. Et tu t'en sors très bien.
— Je ne suis pas certaine. »

Le vent frappe les murs – son cœur brise ses côtes –. Soudain Solène sent une main posée sur son poing :
« Je t'aide, moi. »

L'Ange sourit, et l'Ombre pense : Ce n'est pas normal d'avoir tant de démons, n'est-ce pas ? Oh, réjouissons-nous, mes frères ! Tous les démons du monde sont cachés dans ma tête, et le monde est tranquille.

« Oui, Lili ! Oui, tu m'aides. Mais il faudrait que j'apprenne à me débrouiller seule, ta lumière divine ne sera pas toujours là pour guider mon chemin jusqu'au rayon des couches.
— De quoi tu parles ? »

Ce n'est pas normal, songe Solène, qu'il y ait quelqu'un pour tenir ma main tremblante ! – où est passée l'Ombre des vingt dernières années ? l'Ombre seule et l'Ombre triste et l'Ombre paniquée ? –.

Elle crache :
« Tu vas partir, un jour.
— J'ai...
—Lili... Pourquoi tu fais tout ça ? Je... Au début j'ai compris, il y avait quelqu'un devant ma porte, et des sacs, et un geste, c'était simplement un geste. Mais maintenant, tu...
— Je ne vais pas partir, Solène. Pas déjà. »

...Pas partir ?

« Tu ne... Mais Lili, pourquoi ?
—Je reste, d'accord ? »

Les deux évitent les questions. Est-ce le propre des Hommes, d'être comme les autres et de se croire unique ?

Oh, Solène lui broie plus ou moins les doigts :
« Tu... Merci. Putain, merci, Lili.
— Langage. » l'Ange souffle – ses yeux sourient –.

Tic tac tic.

Il y a ma peau sur ta peau, l'Ange. C'est... beau ? Si j'embrasse tes mains seront-elles salées ? Aurons-t-elles le goût de mes larmes ?

Un éclair troue la nuit. L'Ombre troue le silence :
« Arthur est repassé, tu sais.
— Arthur ?
— Dumont. Le flic. Ils n'ont aucune piste. Aucun indice. Je crois qu'ils vont enfin chercher à l'intérieur du Cadavre. Le cadavre de la maison, je veux dire. »

Fondu, sûrement. Tout, tout fondu. Fondue, Marie.

« C'est bien. »

Le tonnerre gronde. L'Ombre murmure :
« Lili ? Tu crois qu'elle est heureuse, ici ?
— Je pense, oui. Oui. »

Il y a petit quelque chose – de chaud, tellement chaud – qui éclate sous ses côtes. Lili s'approche et Lili souffle :
« Dis-toi que... par rapport à Marie, tu as quelque chose en plus. Quelque chose d'important.
— Je suis vivante ? »
J'ai passé ma vie à mourir mais je suis vivante pourtant, ricane Solène. Vivante comme tous ces morts qui se contentent d'exister !

« Non. Enfin, si. Enfin... Solène. Avec toi, elle ne vit pas cachée. C'est tellement important, d'accord ? »
Solène a un sanglot au bout de la langue, mais l'Ange murmure :
« Il est près de minuit. Je dois y aller, maintenant. Je reviendrai demain. Et dimanche. Et après. »

Sa main tombe. Elle s'en va.

Dans le silence, Solène tremble et pleure et rit.
Solène vit.
Peut-être que bientôt je ne serai plus vide, frémit-elle. Demain et dimanche et après. Peut-être que bientôt je redeviendrai Homme au lieu d'être Ombre. Pitié... Prions, mes frères !

Prions, oui, prions ! rit l'orage.

Marie avait prié, aussi. 








*Sur ce moment des plus joyeux, je vais vous poser des questions. Vous êtes d'accord ? Super. C'est pratique que vous puissiez pas répondre quand même. : 

- D'après le peu que vous avez vu, est-ce que vous pensez que Solène gère son ptit rôle de maman improvisée ? 

- Que pensez-vous de Lili ? Est-elle vraiment attachée à Solène ou est-elle manipulatrice ? 

- Alors là c'est un peu dépressif mais ça va aller mieux après. Enfin... peut-être ? ;) 

(Oui cette dernière n'était pas une question je voulais juste vous prévenir) 

BISOUS*

La SilencieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant