Chapitre Quatrième - Ou Ding Dong Dong

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* Attention les enfants, regardez au bas du chapitre pour un petit Trigger Warning (petit petit, MAIS je préfère faire gaffe* 


On croirait qu'il fait nuit, ici. Qu'il a fait nuit toujours.

« Non, vraiment, il faut qu'on s'interroge sur nos choix de vie. » souffle une voix. Arthur Dumont, le policier, l'ami d'enfance. A ses côtés trônent deux ombres : leurs mains s'évitent et leurs regards se sourient. – Solène et Lili –.

Soudain
Des cloches sonnent, au loin.
Ding ding dong. Marie-la-dévorée va dormir dans sa tombe.

Arthur murmure :
« L'enterrement a commencé.
— Et je vous convie au nôtre dès la fin de la semaine !
— Tais-toi, Solène. Pitié. »

Dans le ventre du Cadavre ! de la maison calcinée... ils respirent dans les cendres les drames du passé.
Et la Mort, et le feu, et les cris dératés !

L'Ombre ne se tait pas :
« On ne trouvera rien ici. Les flics sont déjà passés. Quoique... un petit cancer du poumon, pourquoi pas. Avec un peu de chance.
— Les flics, ils ne savent rien d'Eliott Lechauvin. Solène, s'il-te-plaît, il faut chercher. L'enterrement bientôt sera terminé, et les rues se rempliront. Je vais à droite. Vous, à gauche ?
— Lil... »

Mais l'Ange sans ailes vole vite. Lili déjà a disparu.
« D'accord, très bien. » siffle Solène. Elle déclare au Paon :
« Tu l'as entendue. A gauche, camarade. Gauche toute. »

Ding dong dong.

Les cloches, encore. Quasimodo pleure sa Dame. Ding dong dong. Lointaines, de là-bas, où une mère est mise en tombe. Et sa fille fait la sieste à deux rues du cimetière ! dans les couettes brodées de sa nourrice. C'est peut-être cela qu'on appelle ironie. Même position, n'est-ce pas ? Même silence, même sang. L'une respire, et l'autre non. La vie a de l'humour, surtout quand elle s'éteint.

Ils avancent.

Ding dong dong.

Sur la tapisserie, un trait de sang s'écaille. Des morceaux sont collés, dedans. De tous petits, petits, morceaux beiges et craquelés.

« Tu crois que...
— Oui. »

Cerveau, probablement. Cerveau de Marie morte.

Solène s'étouffe :
«Arthur. Si on meurt saches que tu avais le mérite d'être pratique pour pénétrer illégalement dans les scènes de crime.
— Tu vas me faire pleurer. Viens. »

Ils avancent. Les débris d'une vie craquent sous leurs pas. Ils ne regardent pas. Ils avancent.

Soudain Solène a l'impression qu'un fantôme la mord. Frisson. Elle gémit.

Arthur sursaute :
« Qu'est-ce qui se passe ?
— Je crois que des esprits vengeurs essaient de me manger.
— Solène... Tu es ridicule.
— C'est comme ça que tu me prouves ton soutien inconditionnel ?
— Je te ferais un poème plus tard. Allez. »

Ils avancent.

Ding dong dong.

Puis plus rien.

Le clocher s'est tu.

« La morte est enterrée. Vive la morte ! »

Un long gémissement répond à Solène. Partout dans la maison, les choses sont mortes. Ils ne sont que trois, vivants. Ce sont les intrus. – Peut-être... les proies ? –.

Ce bruit, c'est la bête qui se réveille ! s'affole l'Ombre. Non, bien sûr que non. C'est le vent. Rien que le vent tranquille.

L'Ombre a les mains moites – sueur ou sang ? sang ? sang ? –.

La SilencieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant