TW mention de suicide, juste en-dessous là, si vous voulez éviter passez juste aux *** suivants ;)
Il marche.
Les trains passent, devant lui. Les gens aussi. Le temps.
La foule est écartée telle une mer se brise, quand trois policiers pénètrent dans la gare,
ARMES lourdes dans les paumes.L'Homme n'a pas peur, pourtant. Ce n'est pas pour lui. Ce n'est jamais pour lui.
Comme tous, il est innocent. Son sourire est un masque blanc.
Les officiers passent devant lui, lui mêlé à l'océan.
Il contemple en silence le chemin de fer. Un homme s'est jetée là, le 22 Août, il y a une semaine,
il le sait.La voie observée bientôt est obstruée d'un wagon. Wagon n°4. Train de vingt-deux heures six.
Alors l'homme pense :
Ô Nord où je m'avance, entends les trains siffler ! Ils siffleront bientôt la gloire de mes succès ! Le cri de mes proies vaincues, victimes de mon art.Puis,
il monte.***
La neige recouvre de ses voiles le chaos des maisons noires. Les rires d'enfant, les confidences, les pages d'un livre tournées.
La semaine a passé.
Désormais le monde est muet, les rues vidées, le ciel aveugle. Solène n'entend plus que sa tête
qui hurle et hurle et hurle et tombe.« Solène, à quoi tu penses ? » s'approche Lili dans la cuisine étroite.
« Aux vers.
— Les vers de terre ?
— Les vers écrits, Lili. Mais tu as raison, un peu. Ils me dévorent comme des asticots ! Je les sens frétiller.
— Elégant.
— Toujours. »L'Ange doucement sourit – sans croiser pour autant les yeux tristes de l'autre –. L'Ombre voudrait hurler.
Lili, tu vis presque ici désormais. Seules les nuits tu pars – alors que le soleil tremble à peine encore sur notre bout d'horizon –. Ton corps est proche, toi lointaine pourtant. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Depuis le rendez-vous. Depuis le Jour Maudit Du Carnet Disparu ! Depuis qu'on commençait à être à peine quelque chose...
Tout à coup les mots jaillissent de sa bouche, brutaux et tendres:
« Lili ? Tu voudrais un autre rendez-vous ? »Son souffle enroulé dans sa gorge gonfle tel un serpent – Un reptile à la gueule grande ouverte, qui attend d'être enfin nourri ! L'espoir est une jolie chose. Surtout entre deux crocs d'Ombre –, pourtant... rien.
Quelques longues secondes enflent, puis Lili lâche :
« J'ai... Solène. Non. Non, désolée. Non, non. Pardon. » l'Ange souffle ses mots comme une prière morte. Puis, elle part – vive telle une âme enfuie de son corps putréfiant –.L'Ombre, juste avant que l'amie – Amie toujours. Rien de plus ! Jamais rien ! – ne soit tout à fait, disparue, murmure et sourit – oh, il n'est pas aisé de sourire avec des crocs englués d'eau, eau lourde salée triste – :
« Lili ? Pourquoi tu me fuis ?
— Je ne te fuis pas ! Je ne te fuis pas, Solène. »Alors pourquoi le temps d'Avant le Jour Maudit paraît-il enterré ? ricane l'Ombre sans voix. Parce que TU LE TUE, Lili. Peut-être que tu me tue un peu avec. Qui sait ? Le mystère reste entier. La foule est en haleine !
« Depuis le rendez-vous ! Je vois, Lili. Lili, s'il-te-plaît. Tu m'évites. Pourquoi tu m'évites ?
— Je ne te fuis pas, Solène. »Mais qu'est-ce qui m'échappe ? tremble Solène laissée seule. A part Lili, je veux dire ! Elle s'est depuis longtemps déjà évadée d'entre mes doigts. Même pas d'au revoir. Peu de manières. Cela voulait-il dire adieu ? Lâche-moi ? Dégage ? Crève ?
Adieu, Lili ?
***
« Je vous le dis, les gosses, quelqu'un dans le village a du sang sur les mains ! Ou, au moins, un carnet pourpre dans ses poches. »
Le vent cogne les murs. Ses larges poings secouent les vitres, étirent la pluie en traits durs, pressent les nuages cracheurs de feu. Pourtant le vieux Bill, affalé dans le fauteuil, est plus virulent que la tempête !
Il vient souvent, maintenant. Ça tue la solitude, avait-il déclaré, et j'observe Solène dans son milieu naturel. C'est un beau divertissement. Digne du monde d'aujourd'hui.
Solène ricane – et Lili se tait – :
« Je propose qu'on fasse un raid dans toutes les maisons du village pour retrouver le coupable.
— J'ai toujours su que tu avais l'âme diplomate, gamine. »La porte tout à coup claque, et le Paon policier est bientôt au salon – Lui aussi souvent vient, désormais, songe l'Ombre. Ma demeure est un refuge pour humains abandonnés. C'est tellement émouvant. –.
« Notre brave fonctionnaire a besoin d'un abri contre la tempête ? Ceux de mon époque étaient plus résistants.
— On cesse les recherches. »Silence. Silence qui hurle, puis Ombre qui murmure :
« Pardon ?
— Tout le commissariat s'est persuadé que votre carnet n'était qu'un canular. Ils refusent d'avancer plus loin sur une piste menteuse. Terminé. Plus d'enquête sur la disparition.
— Terminé... » répète Solène, le mot tapissant de cendre dure sa bouche.Ensuite, elle rit – et la suie pâteuse coule dans sa gorge – :
« Bien sûr. Je comprends. Mieux vaut, tout à fait, ne pas avancer du tout. Nous irons loin, ainsi. Vers l'infini, vers la vérité, ou vers le tiroir poussiéreux des affaires non-résolues, qui sait ? Attendons sagement un signe de l'univers, n'est-ce pas ? Cela me paraît la solution splendide ! »Le policier soulève le coin de ses lèvres dans un sourire railleur – Il faut croire que personne ici ne sait sourire sincèrement. Les grands tristes. – :
« C'est vraiment toujours un plaisir de converser avec toi. Ton positivisme éclaire mes journées.
— Questionne-toi sur tes choix de vie, mon grand. Je n'ai pas décidé de t'accueillir ici. Tes propres pas t'amènent.
— Elle est pire que d'habitude, n'est-ce pas ? » Arthur se tourne vers l'âgé. Bill alors soupire, à peine tendre sans vouloir l'être :
« Il faut croire que ta présence la stimule, gamin. »Il faut croire que tes mots la tuent, gamin.
* MAIS KESKISPASS AVEC LILI ?!? Ah oui et aussi
musique à suspenseLechauvin se rapproche :) *
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La Silencieuse
Romance"Ils disent que c'est un meurtre." La tasse entre les doigts resserrés de Lili tremble comme un volcan. Et le rire de Solène s'étrangle dans l'air chaud. Mais tout va bien, toujours. (Solène est terrifiée. Du meurtrier, oui ! des ombres, aussi... m...