27* Injection

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Je cours la peur au ventre. L'air est lourd, chargé de menace, d'odeur de vieux tabac, d'urine et de cadavre en décomposition. Ma chemise de nuit me fouette les jambes. Je cours. Les rues sont étroites, sombres, et le silence est pesant : il est tard. Tout le monde dort, à l'exception des trafiquants qui cherchent certainement de nouvelles victimes à vendre et à violer. Et pourtant, ce n'est pas d'eux dont j'ai peur.

Derrière moi, je peux entendre la course lourde et régulière d'un homme. Une femme le suit, et elle crie :

-Il faut lui injecter le reste !

Je ravale un sanglot. Depuis quelques semaines déjà, ils me prennent pour un sujet d'expérience. Sans que je le veuille, ils m'injectent des produits étranges et extrêmement douloureux. Et mon corps devient un peu plus étrange à chaque piqûre. Cela semble leur plaire et les satisfaire. Mais pas moi.

Rien que de penser que ce sont mes parents... ça me dégoûte.

Je zigzague dans ces ruelles que je connais bien. Je les ai parcourues des centaines de fois. Je dois réussir à fuir loin d'ici, loin de cette folie. Mais je n'ai aucun endroit où me réfugier. Abigaëlle, ma seule amie dans cet enfer, a été raflée. Je ne sais pas où elle est, ni si elle est toujours vivante.

Je suis seule.

Pourtant, j'ai souvent songé à aller à la surface. Bien sûr, je sais que tous ceux qui y vont se font exécuter par l'armée, mais ne vaut-il pas mieux essayer que de rester là à se morfondre ?

Ma décision est prise. Je dois partir d'ici. Je dois laisser tout ça derrière moi. Je dois quitter les fous qui me servent de parents. Je dois...

Je glapis. Ma cheville se tord, et j'entends un craquement rapidement suivit d'une douleur fulgurante. Je tombe à terre. Non, non, non ! Relève-toi ! Impossible, ma cheville est trop douloureuse.

Paniquée, je sens qu'on m'attrape par le col. Une voix d'homme résonne tout près de mon oreille.

-Enfin !
-Injecte-lui le produit ! hurle la femme. Vite !

Ils me plaquent au sol et me maîtrisent. Je me débats en hurlant, espérant alerter quelqu'un. Mais je sais que personne ne viendra : ici, on ne se mêle pas des affaires des autres sans risquer de finir poignarder.

Je continue de hurler. Puis je sens quelque chose de froid me transpercer la peau du bras.

Et vient la brûlure, terrible.

Je hurle.

-Lise ! Lise !

Une voix m'appelle. Une voix familière. Je sens deux mains fermement posées sur mes épaules me secouer. Un long hurlement résonne. Il fait froid. Que se passe-t-il ?

Et soudain, je sens qu'on me gifle. Les hurlements cessent aussitôt en un cri étranglé. Lentement, mon champ de vision devient plus clair. Je vois deux prunelles gris acier me scruter.

-C-Caporal ?

Levi ne répond pas. Ses traits son tendus et je peux voir dans son regard une lueur d'inquiétude et de méfiance briller.

-Caporal ? appelle une voix masculine. Je reconnais le soldat qui me surveille depuis mon arrivée ici. Il semble effrayé.
-Tout va bien, répond Levi. Laisse-nous seuls.
-Mais...
-Dois-je vraiment te botter le cul pour que tu dégages ?

Le soldat déglutit, fait le salut et s'éloigne à petits pas rapides. Durant tout ce temps, Levi ne m'a pas quitté du regard.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? demande-t-il.

A choice with no regrets (Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant