Seconde chance

Chapitre 3

Aujourd’hui je fête mes 33 ans, du moins c’est la date que les médecins ont donné aux soeurs lorsqu’elles sont venu me chercher à l’hôpital. On m’avait trouvé non loin en hypothermie et visiblement née presque trois mois avant terme. Voila l'histoire que ces 'chères' soeurs ont bien voulu me raconter. Et pour parfaire mon enfance, aucune famille n’a jamais souhaité m’adopter. Cet orphelinat a été une torture jusqu'à mes dix-huit ans. Je n'avais que l'école pour y échapper et Daniel. Mon frère de coeur et aujourd'hui le mari de Jennifer. Il est dans ma vie depuis si longtemps. Son premier acte de grand frère s'est fait le premier jour de classe. A la récréation alors que des enfants plus âgés se moquait de mes vêtements de pauvresse, il s'est interposé. Lui, issu d'une famille les plus riches de Sacramento. Et du haut de ses presque huit ans, il a scellé notre futur et sauvé une fillette de cinq ans. A sa majorité, il est parti à San Francisco suivre, comme tous ceux  de sa famille,  un cursus afin de devenir avocat. Cette séparation nous a brisé le coeur mais je me suis jurée de tenir le coup et deux ans plus tard, je le rejoignait et passait le concours de police d'abord avant le FBI. Je lui dois en partie cette réussite, lui qui m'a toujours soutenu, hébergé et nourri en secret de ses parents jusqu'à ce qu'enfin je puisse subvenir seule à mes besoins.

Je suis en voiture avec Mike, nous revenons de Sacramento.  Suite à notre intervention, la police locale souhaitait une formation au dur métier de profiler. Nous venons de passer devant l’orphelinat, toujours en activité. Je n’ai pas dis un mot. Mon partenaire, sait d’où je viens et il a certainement du remarquer le regard que je viens de jeter à l’immense maison. Il a du y voir de la colère en voyant cet établissement toujours en fonction. Cela ne me dérange pas, il ne posera pas de question. Il sait toujours quand intervenir et malgré la peur cela m'apaise.

Nous avons quelques heures de route avant de rentrer, j’en profite pour fermer les yeux. Je sais qu’ils ont prévu une petite fête en mon honneur chez Jen et Daniel. Bien sur Mike se doute que je sais ce qui se trame. Je tourne la tête vers la fenêtre et ferme les yeux, cachant un sourire. Ils sont incroyables et cela me fait du bien, spécialement aujourd’hui et surtout après les deux mois que nous venons de vivre. Nous sommes déjà en juin et je n'en reviens pas. Voilà plus de cinq mois que Kyson est mon partenaire. Il a déjà réussit a devenir mon ami et surtout à me dérider. Son fils y est pour beaucoup, sa mère également. Nous partageons certaines blessures.

Je repense aux deux derniers mois. Trois enquêtes bouclées, non sans mal, non sans perte. 

La première nous a le plus secoué. Nous sommes restés presque trois semaines à San Diego qui nous avait appelé à l’aide. Leur tueur, changeait de MO à chaque meurtre. Nous avons finit par le trouver et Benjamin a du l’abattre à distance trois secondes après notre arrivée dans sa maison. Il venait de décapiter sa dernière victime et menaçait directement un des membres de l’équipe locale. 

Benjamin est notre tireur d’élite, notre pilier. Celui qui parle le moins mais qui semble en exprimer le plus rien qu’avec son charisme et son calme. Il semble chétif avec son physique aussi élancé, pourtant c’est un roc. Tim et lui semble en total opposition physiquement et mentalement et pourtant ils s’entendent comme larrons en foire. Ben lui a sauvé la vie en Afghanistan alors qu’ils servaient dans la même unité. Il a sauvé son sergent, son frère d’arme. Sur le terrain, ils semblent ne faire q’un seul homme. Le responsable tactique et le sniper. Ils reviennent de loin tous les deux.

Je sens mes yeux s’alourdir et se fermer, je me laisse bercer par le trajet. Je profite des rares moments où le sommeil semble me rattraper.