Chapitre 4

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Et voilà, il est deux heures du matin. Je suis réveillée par un cauchemar une fois de plus. Habituée, je me lève et revêt mes vêtement de sport. Inutile de chercher le sommeil, il ne me trouvera plus. Je me chausse, badge à la cheville droite, arme de secours à la cheville gauche et quitte mon appartement. C'est un rituel, une habitude et cela ne me gêne pas plus que cela. Je cours jusqu'au petit matin, parfois moins, parfois plus. Cette fois et comme les autres, je ne me rend pas bien compte de l'heure. Mes pensées ne quittent pas Lucas et James. Les souvenirs de mes anciens anniversaires me hantent soudain. Je le savais. Dans quelques jours tout ira mieux.

Comme chaque fois que je me laisse entrainer dans mes souvenirs. Et cours si longtemps que le jour commence à pointer. Je croise Michael. Il court tous les matins, à la même heure. Je me demande parfois si il ne le fait pas un peu exprès. J'aime le taquiner mais, bizarrement, je préfère ne pas le faire sur ce sujet là.

Il vient à ma rencontre, puis fait demi-tour et se met à courir à mon rythme. Comme chaque fois. Cela dure depuis ce fameux jour et au minimum une fois par semaine.

Il ne me parle jamais, sauf s'il voit que ma nuit semble avoir été pire que les autres. C'est le cas aujourd'hui, j'ai certainement l'air exténuée.

« Combien? »

C'est son seul mot, sa seule question. Chaque fois. Je lui réponds  tout en secouant la tête.

« Comme d'habitude. »

Il sait que je ment, le comme d'habitude veut dire quatre heures. Et il semble constater que cette fois c'est pire. Parce que ces deux derniers mois ont été une horreur. Parce-que la veille nous sommes rentrés à presque minuit tout en ayant roulé pratiquement toute la journée pour une conférence de quatre heures. Parce que tout simplement, il y a des jours avec et des jours sans. C'est un jour sans. Et je n'ai dormi qu'une heure tout au plus. 

Je le vois froncer les sourcils du coin de l'oeil et accélérer le pas. Je me cale sur lui. Evitant son regard, évitant de le regarder lui tout simplement. Refusant d'assimiler ce que mon corps semble me dire plus fort de jours en jours. Je finis par courir plus vite qu'à mes habitudes. Il veut me forcer à déconnecter mon cerveau. Et chaque fois, il y arrive. C'est une chose que je fais pour lui aussi lorsqu'il ne va pas bien. Et c'est très rare. Chaque fois, Jamie ou sa mère sont concernés. Chaque fois, il me parle longuement et semble aller mieux. J'aimerai avoir autant de facilité avec mes émotions autant d'automatisme que lui.

Nous nous séparons sans un mot, sachant que d'ici quelques heures, nous serons certainement de nouveau confrontés aux pires horreurs de l'humanité.


L'agent Stewart arriva la dernière, ses longues boucles brunes encore humides. Au fond de leur bureau, Jen semblait concentré sur ses trois écrans. Henry, se trouvait derrière elle avec ce regard qui en disait long sur ce qui était en train de se passer. Une nouvelle affaire. Tim et Ben, de chaque coté de leur responsable, semblaient analyser la situation de leur point de vue. Le tacticien et le sniper. Mike, devant son ordinateur, était plongé dans le dossier. Il analysait le rapport préliminaire des autorités locales sollicitant leur aide.

Sarah posa sac et veste sur sa chaise, et se dirigea vers le fond de la pièce. Ignorant la petite porte non loin du bureau de Jennifer qui cachait leur cafétéria et un café dont elle rêvait depuis des heures.

_Que se passe-t-il?

Elle venait de revêtir son masque d'agent et de profiler. Jennifer leva la tête, attrapa une télécommande et l'immense écran sur le mur derrière elle s'alluma. Ben et Tim regagnèrent leur bureau, tout comme Henry. L'ancienne hackeuse se leva et contourna son bureau. Une tablette entre les mains.

Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant