Chapitre 14

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Je me sens attrapée par le sommeil. Cette fois je ne dois pas lutter. Je ne peux pas lutter. Il nous faut des réponses et pour le moment je pourrais être la seule à en avoir. Je laisse donc Michael me guider, sa voix m'apaise et mes peurs s'amenuisent. Avant de sombrer je sens sa main glisser de mon poignet, pivoter et soudain je sens son pouls sous mes doigts. Personne, je le sais, ne peut l'avoir remarqué. De plus ils ne se doutent pas de la raison de ce mouvement.

Michael me fait remonter le temps, je suis calme et je trouve cela presque anormal. Il me demande de me souvenir des évènements de la semaine précédent le drame. Les images affluent et je sens mon coeur battre plus fort. Michael me parle doucement et je me calme aussitôt. Je sens qu'il force son pouls à accélérer juste pour moi, pour m'apaiser. Bientôt, je sais que mes souvenirs seront à nue et cela ne me dérange plus. Voilà, je sombre totalement sous l'effet de l'hypnose en espérant trouver quelques informations cruciales.

Il lui posa des questions pendant plus d'une demi-heure. A mesure que les minutes s'écoulaient, une théorie se détachait dans l'esprit du profiler. Rien, dans l'enquête précédent le drame ne suggérait un lien entre les lettres et la fusillade.

Et pourtant, les coïncidences se cumulaient et dans leur métier, ce genre de chose n'avait pas sa place.

Sarah avait bien reçu une lettre une semaine après le drame. Et puis pendant des mois plus rien. Une autre était arrivée quelque mois après l'arrivée de Michael et sa famille. La semaine suivante avait eu lieu la prise d'otage. La semaine suivante, une seconde arrivait identique à celle arrivée après la fusillade du café Terrasse. Les dates correspondaient parfaitement au moment où Sarah commençait à s'ouvrir aux autres uniquement grâce aux Kyson. Il lui arrivait de passer ses moments de libre avec son partenaire et sa famille. C'était le moment, où Michael était devenu en plus de son partenaire, un ami. C'était le moment également où Sarah avait délaissé les ombres de son passé pour revenir vers la vie.

Cet homme devait savoir qu'ils étaient ensemble à présent, la dernière lettre en était la preuve flagrante. Michael sentit sa poitrine se comprimer. Il savait ce qui les attendait, il connaissait sa partenaire par coeur. Il pensa à sa mère et son fils, protégés dans sa maison par deux patrouilles. Il savait cependant qu'ils ne risquaient rien. Ce n'était pas le mode opératoire du fou qui traquait Sarah depuis des mois. Il était cependant profiler et il ne pouvait pas qualifier quelqu'un uniquement de fou. Il devait analyser son profil, établir une pathologie et ses traits de caractères. Plus tard, se dit-il avant de la réveiller. Plus tard et avec son aide, il traquerait l'homme qui en voulait à la santé mentale de sa partenaire plus qu'à sa vie.

Ayant réussit à remonter le fil du temps concernant les lettres. Mike la réveilla lentement, lui murmurant comme à chaque fin de séance d'hypnose qu'elle se souviendrait de tout mais qu'elle serait absolument calme.

Il savait que cela fonctionnait, il aurait tellement voulu qu'à l'époque elle accepte de se faire soigner ainsi. Cela lui aurait certainement évité de sombrer et de frôler la mort. Il savait pourtant que son refus venait justement du fait que cela l'aurait sorti de sa torpeur. Elle ne voulait pas leur dire adieu, elle ne voulait pas vivre sans son fils et son mari. Elle qui pensait être fautive, elle qui s' était longtemps sentit si coupable de ne pas avoir été là. Elle avait apprit, bien plus tard, à accepter la tragédie. Mais aujourd'hui, qu'en serait-il lorsqu'il lui ferait part de sa théorie? Comment réagirait-elle? Il se demanda si le plongeon dans sa mémoire n'avait pas déclenché chez elle le même processus d'analyse. Si elle n'allait pas arriver aux mêmes conclusions que lui.

Et ses doutes furent confirmé lorsque leurs yeux se croisèrent enfin. La culpabilité, disparue depuis de longs mois, étaient réapparu dans son regard. Et les premiers mots de la jeune femme lui comprimèrent la poitrine.

Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant