Seconde chance

Chapitre 2.2

Sauvés, ils sont sauvés. Pas de massacre cette fois ci et pas d’innocents tués. Je regarde mes mains trembler, assise dans le coffre ouvert d’une de nos voitures. Je sais que je n’aurais pas du franchir cette ligne, nous nous interdisons ce genre d’action en tant normal. Mais les circonstances étaient extrêmes et je n’avais guère de temps et pas d’autre choix. Maintenant, il va falloir que je prenne sur moi, que je leur parle parce que je sais que là non plus je n’aurais pas le choix. Je me sais fragile après chaque cas de ce genre. Aujourd’hui plus encore et la fatigue de notre dernière enquête n’aide en rien.

Mes mains tremblent toujours et j’ai l’impression d’avoir une enclume dans l’estomac. Sensations familières mais qui semblaient avoir presque disparues ces derniers temps. Je refuse pourtant d’admettre que l’arrivée de Mike y est pour quelque chose. Je pense soudain à Jamie. Il va bien. Tout ira bien mis à part quelques cauchemars ces prochains jours. Ce petit bout de choux de 6 ans, que je me suis mise si vite à aimer, ira bien. Je ferme les yeux luttant contre l’image de Lucas qui s’impose à présent. Comment ne pas faire la relation avec ma propre histoire, comment ne pas se demander pourquoi ce jour là James a échoué là où j’ai réussit aujourd’hui ? Il était mon partenaire, le second profiler de l’équipe.

 Je sens les larmes arriver, l’adrénaline quitte mon corps épuisé. Je ferme les yeux, ne pas se laisser aller. Pas maintenant, pas ici.

J’inspire longuement agrippant le coffre sur lequel je suis assise aussi fort que possible. Mes mains blanchissent sous la pression. Et soudain je sens une présence, je sais qu’il est là. Son parfum le trahit toujours. Il ne dit rien, il sait. Il attend, il me connaît. Comment cela peut il être possible en si peu de temps ? James lui même n’y arrivait pas et nous étions un couple avant d’être partenaire. Henry a finalement trouvé mon binôme parfait. Et cela me terrifie autant que cela me soulage. Je n’ai pas besoin de réfléchir avec Mike, mais je ne peux rien lui cacher non plus. S’en est perturbant.

Je soupire et ma respiration hachée me surprend. Je suis passée maitre dans l’art de la dissimulation de mes sentiments et mes émotions. Alors pourquoi à ce moment précis je n’y arrive pas ? La fatigue, la violence de l’adrénaline quittant mon corps. Oui c’est pour cela. Soudain j’ai envie de me perdre dans cette douce léthargie qui me faisait tenir, l’alcool et les drogues m’appellent. J’ouvre les yeux avec horreur. Combien de temps ces démons vont-ils me harceler ?

Elle se tourna enfin vers son partenaire qui la fixait depuis plusieurs minutes et soupira de nouveau. Sans bouger, les mains toujours agrippées au sol du coffre de leur voiture.

_Ca va aller Mike. Mentit-elle avec toute la conviction qu’elle pouvait encore avoir.

N’importe qui l’aurait cru, même son équipe qui la connaissait pourtant mieux que personne. 

_Menteuse. Lança-t-il plongeant son regard azur dans le vert de ses yeux.

Elle se croyait sur le point de recevoir de lourdes remontrances, c’était tout le contraire.

Elle secoua la tête. D’habitude, cela la faisait sourire.

_Laisse moi une minute, je ….

Il la coupa soudain.

_Non Sarah. Tu sais que tu n’aurais pas dû faire cela.

Les voilà enfin, cela n’avait finalement pas tardé se dit-elle.

Cette fois le regard de Mike se fit beaucoup plus dur. Il le garda longtemps. Si elle était entêtée, il était bien pire.

_Nous mettons notre vie en jeu tous les jours pour sauver les autres Kyson. C’est notre boulot.