Chapitre 2.1

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Voilà trois mois qu’Henry Lone et mes supérieurs ont décidé de m’octroyer un nouveau coéquipier tout droit venu de la seconde équipe, basée à New-York. Les premières journées ont été loin d’être faciles. Michael Kyson a dû apprendre à se faire une place dans une équipe soudée, une famille. Il a dû apprendre à me connaître et faire preuve d’une infinie patience. Qu’en à moi, je me suis surprise après quelques semaines  à rire en sa compagnie, à faire de nouveau confiance en un partenaire. Tous les jours je me rapproche de celle que j’étais. Bien sur ma route est encore longue mais ce nouveau pas que je refusais de franchir a finalement été une bénédiction.

Hier soir mon thérapeute m’a annoncé que nous en avions terminé avec les séances régulières. Qu’il restait cependant présent à tout instant. 

Ma confiance en Mike s’est finalement bizarrement scellée lorsque, contrit, il a du m’apprendre l’existence de son petit garçon de 6 ans. Ce jour là son visage et sa réaction parlaient pour lui. Il n’avait pas pitié de moi, il me comprenait et il souffrait pour moi. Lui aussi était passé par des moments difficiles. Et lorsque ce petit garçon avait téléphoné à son papa et que j’ai décroché, j’ai vu une lueur de panique et de remords dans les yeux de mon coéquipier. Mon cœur s’est emballé, et j’ai mis cela sur le fait d’entendre une voix d’enfant sur ce téléphone qui était autrefois celui de James. Il s’est presque excusé scrutant la moindre de mes réactions. Je lui ai assuré que je comprenais et que je ne lui en voulais pas de n’avoir rien dit immédiatement. Cela faisait seulement deux semaines qu’il était avec nous, comment aurais-je pu lui en vouloir. Depuis, j’ai fait la connaissance de Jamie, et ce petit garçon est le portrait craché de son papa. Les mêmes cheveux, les même yeux et avec un air si malicieux. Mike m’a alors expliqué que sa femme les avait abandonné trois jours  à peine après sa naissance. Laissant un bébé sans sa mère et un homme avec le cœur brisé, bien-sûr il n’avait rien dit de tel, et la réputation de don Juan de Mike aurait pu faire croire à n’importe qui qu’il s’en était remis. Pas à moi, c’est mon métier de décrypter les émotions des gens, tout comme il a pu apprendre à lire en moi, j’en suis arrivée à faire de même. Don que nous possédons tous deux et que nous mettons au service des autres chaque jour. A présent chacun est soucieux de bien-être de l’autre, comme de vrais partenaires, comme de vrais amis.

Jamais je n’aurai cru pouvoir me lier d’amitié avec cet homme si sûr de lui, si sûr de ce don identique au mien et de sa capacité à séduire les femmes. Mais je dois avouer aujourd’hui que Mike est un incroyable profiler, meilleur que ne l’était James et je cite mon équipe « aussi bon que moi ».  Ils ont raison, c’est l’unique personne qui réussi à percer à jour mes combines lorsque je ne vais pas bien et que je ne souhaite pas en parler. Mike n’hésite pas à me remettre à ma place et à me soutirer ce que j’ai sur le cœur. Personne n’avait réussi cet exploit, pas même avant ma tragédie.

Henry n’est pas peu fier de sa recrue, je le lis sur son visage chaque fois que Mike me fait parler ou rire. Tim et Mike sont nos joyeux lurons. 

Jen a succombé au charme de mon coéquipier rapidement, et je devine chez elle un rêve secret de me voir tomber dans les bras de ce don Juan. Même Ben, de loin le plus protecteur de notre famille a adopté Mike le jour même de leur retour de New York après son arrivée. Ils l’avaient tous vu, en effet, gérer et s’adapter à une situation des plus compliquées. L’anniversaire de la mort de mes deux hommes. 

Quelque chose a changé en moi, la douleur est aussi vivace lorsque je pense à mon petit Lucas mais je n’ai plus envie d’en finir ni de vider une bouteille d’alcool tout en y mélangeant des médocs. Penser à James est plus facile, et pourtant je me surprends chaque jour à éprouver un sentiment de culpabilité chaque fois que mes yeux se posent sur Mike.

Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant