Chapitre XIV: Le rocher des sirènes

16 1 2
                                    

Aquilo et Arios arrivèrent au rocher des sirènes après avoir longuement marché. Le blond avait fini par lâcher la main du dieu pour triturer le bout de sa toge. Aquilo angoissait. Le garçon s'efforçait d'inspirer puis expirer calmement à mesure qu'ils s'approchaient, mais il entendait déjà leurs voix diaboliquement mélodieuses s'infiltrer au creux de ses tympans. Une expression incertaine étirait les traits de son visage. Aquilo aurait bien fait demi-tour, mais il ne voulait pas se montrer lâche devant Arios. Alors il avançait, bien qu'un peu plus lentement.

Arios plaqua bien vite ses mains sur ses oreilles sachant pertinemment que cela ne servait strictement à rien. Ils n'étaient pas à côté d'elles qu'ils voulaient déjà se transpercer la tête d'une longue lame. Il abandonna rapidement l'idée de se boucher les oreilles. A la place, il glissa sa main dans celle d'Aquilo pour le rassurer et se rassurer lui-même. Il leva les yeux, les sirènes volaient autour du rocher sans quitter leur proie des yeux. C'est-à-dire eux deux.

Aquilo leva les yeux vers le ciel lorsque des ombres commencèrent à les survoler. Il sentit la main d'Arios se loger dans la sienne et son visage se tourna vers lui quelques secondes. Le blond esquissa un faible sourire avant de reporter son regard en haut. Elles chantaient, et c'était plutôt joli à entendre. Leurs instruments de musique dans les bras, les sirènes tournoyaient autour d'eux dans une cacophonie organisée. Le garçon avait le cœur qui palpitait. Sa respiration s'accéléra à mesure qu'il avançait, et une fois que son regard pu apercevoir le fameux rocher, Aquilo s'arrêta. Il ne pouvait pas. C'était tout bonnement impossible. Impossible pour lui de faire un pas de plus. Même si la fuite n'était pas envisageable, le blond était pétrifié sur place. Il leva les yeux vers le ciel, une fois de plus, puis soupira en abaissant la tête.

- Je... Je peux pas, j'y arriverai pas.

Arios posa ses yeux sur Aquilo qui avait l'air d'apprécier ce qu'il entendit à sa différence. Elle devait sûrement l'amadouer. Tandis qu'Arios était repoussé par les sirènes en entendant tout autre chose. Il sentit sa main se resserrer sur la sienne. Il n'avait pas l'air bien, ce qui était assez compréhensible. Arios se plaça face à lui.

- Écoute, sache que tu ne peux pas mourir. Elles veulent juste se mettre face à l'une de tes peurs. Tu vas y arriver.

Le jeune dieu se concentra pour reprendre une respiration calme tandis que la voix d'Arios couvrait à peine le chant des sirènes. Il leva le regard vers lui, les prunelles humides. Le blond n'arrivait jamais à se défaire de ses émotions, il lui était impossible de camoufler ses ressentis. Son chagrin était amplement visible et il ne faisait rien pour l'atténuer.

Il hocha la tête après ces quelques paroles et se frotta un œil où une larme avait failli s'échapper. Aquilo regarda plus loin, vers le rocher. Et son cœur manqua un battement, ou plutôt quelques dizaines. La question de la familiarité venait d'être résolue. Il l'avait sous les yeux. Nilo.

- Lui...

Aquilo avait le regard rivé dans sa direction, si bien qu'il en oublia Arios et fit quelques pas en avant.

Plus les minutes passaient, plus Arios avait le cœur serré. Comment pouvait-il rester sans rien faire ? Il se sentait impuissant et inutile pour lui. Il avait envie de le serrer dans ses bras et lui assurer que ça irait. Mais Aquilo en décida autrement. Il le suivit du regard. Aucune idée de ce qu'il pouvait regarder. Il ne voyait strictement rien. Arios se mit à sa hauteur.

- Aquilo. Dis-moi ce que tu vois. Tu sais que c'est un piège, tu es plus fort que ça.

Le blond secoua négativement la tête. Il n'en croyait pas ses yeux. Il avait beau savoir que tout ceci n'était pas réel, puisque Nilo était mort il y a six siècles, Aquilo ne voulait pas voir la réalité en face. Il avait été blessé par cet homme, et pourtant il ne lui en voulait pas le moins du monde. C'était à cause de son pouvoir, tout avait été erroné, faussé, truqué à cause du charme.

GOLD MELTING [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant