Dans l'ombre d'une mère
Il existe, derrière l'Histoire originelle, une histoire bien différente. Celle de races d'hommes descendant d'animaux sauvages et puissants appelés thérianthropes.
Durant l'évolution, les gênes d'autres animaux se mêlèrent aux gênes de certains singes, créant ainsi cette race mêlée d'une grande diversité d'espèces. Malheureusement, le temps passant, certaines de ces espèces vinrent à s'éteindre, n'en laissant aujourd'hui que sept différentes en plus de celle des Hommes dits hommes-singes. Ceux-ci semblent d'ailleurs totalement ignorer l'existence de cette race si semblable à la leur ; ils ne la voient pas, ne la sentent pas, semblent totalement aveugles et sourds – ce qui aura sans aucun doute permis d'éviter de nombreux conflits.
Beaucoup d'Historiens tels que moi pensent que le berceau de la race thérianthrope se trouve en Grèce, le seul pays où toutes les espèces survivantes de la race-mêlée semblent se concentrer. Est-ce la vérité ? Le saurons-nous seulement jamais ?
Mais cela explique sans doute pourquoi ce grand pays est constamment la proie de rivalités incessantes et de guerres sanglantes.
Extrait de « Histoire du monde thérianthrope »
Par le prince Ilias le Lion
an 387 av. J-C
Larissa, capitale de la Thessalie, fin de l'été de l'an 298 av. J-C...
Lestement, lentement, il banda son arc en prenant une grande inspiration puis resta immobile en fixant sa cible. Il aimait cette sensation de force et de tiraillement qui retenait ses bras et faisait travailler les muscles de ses épaules ; il aimait ne voir que le drap sur le ballot de paille qui flottait au loin ; il aimait n'entendre que le vent autour de lui et sa respiration qui lui répondait. Dans ces rares instants de liberté qu'il parvenait à octroyer au temps, il se sentait en paix avec lui-même et ne pensait à rien d'autre qu'à la destination que devait avoir sa flèche. Toute autre pensée s'évaporait miraculeusement de son esprit, c'est sans doute pour cela qu'il aimait tant ces quelques moments d'intimité qu'il avait avec lui-même où une route et une seule apparaissait alors devant ses yeux : celle de son arc et de sa flèche.
Sentant que la corde rêche commençait vraiment à tirer sur ses bras, il relâcha sa respiration et tira. La penne en bois frôla sa joue avant de se planter un peu à droite du centre de la cible, non loin du point d'impact de la précédente. Il sourit, les épaules douloureuses. En restant si longtemps sans s'entraîner il avait eu peur de perdre ses capacités mais il ne lui avait suffi que de deux ou trois après-midis pour les retrouver.
Il plongeait tout juste sa main vers le carquois qui pendait à sa taille pour y attraper une nouvelle flèche lorsqu'une voix derrière lui l'interpela :
— Shun !! Ton frère et le roi arrivent !
Le jeune félidé sursauta, le cœur affolé et le souffle coupé, avant de se retourner. Une jeune fille courait dans sa direction, ses longs cheveux blonds entouraient son visage inquiet et sa toge virevoltait entre ses jambes.
— Dépêche-toi ! dit-elle en arrivant à sa hauteur. Ils ont déjà franchi la grande porte.
Shun défit le ceinturon qui retenait le carquois autour de sa taille et le tendit à la jeune femelle qui s'en empara vivement, et l'arc avec.
— Vite ! réitéra-t-elle en courant vers la réserve d'arme du Palais.
Il ne se le fit pas dire deux fois et courut de l'autre côté, vers la porte de service qui donnait sur cette cour d'entraînement, et pénétra ainsi dans l'arrière cuisine. La chaleur était encore plus lourde ici qu'à l'extérieur, entre ces quatre murs, derrière les fourneaux des cuisinières, mais il ignora la sueur qui lui montait au front et courut à travers la pièce sous les regards amusés et agacés des cuisinières. D'habitude, il prenait garde à ne pas se faire voir afin que ni son frère ni son père ne soient mis au courant de ses allers et retours fréquents entre cette cour et ses appartements, or à présent, cela lui était égal. Il lui fallait se dépêcher et peu importe que quelqu'un le voit. Il devait profiter de la lenteur du roi et de la distance qui le séparait d'eux pour se faire présentable et espérer qu'aucun des deux ne remarque quoi que ce soit.
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L'Étalon de Sang
FantasyIl y a sept ans, lors de ce que les thérianthropes appellent aujourd'hui la grande vague de "Purification", les Canidés bannirent les peuples Crocodiles, Cétacés et Serpents de leurs côtes du sud vers le nord, provoquant des milliers de morts. Après...