Épilogue

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Quatre mois plus tard, Athènes, capitale de la Grèce, printemps de l'an 297 av. J-C...

— Elia dort déjà, annonça Mû en entrant dans le bureau privé de Camus, j'espère que Cénis ne va pas la réveiller.

Il s'était approché tout en parlant. Voyant qu'il n'obtenait pas de réponse de la part de son compagnon qui lui tournait le dos, il fronça les sourcils. Il pouvait voir à sa posture et à ses épaules raides que Camus était tendu.

— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda-t-il en parvenant à sa hauteur.

La grande fenêtre avait été ouverte et l'horizon est se dévoilait dans toute sa splendeur lumineuse : sous les rayons du soleil de cet été naissant, la mer bleue brillait.

Mû sentit son cœur faire un bond douloureux dans sa poitrine. Il attrapa instinctivement le poignet de Camus qui lui serra la main en retour.

Devant eux, la mer était envahie de bateaux qui, les voiles gonflées de vent, faisaient route vers le sud. À cette distance, il était difficile de se rendre compte s'il s'agissait de vaisseaux de guerre ou de navires marchands mais le drapeau aux reliefs écailleux ne laissait aucun doute : c'était l'emblème du Masque de Mort, le Capitaine de l'Armée d'Écaille.

— Ne t'inquiète pas, déclara Camus avec calme, si c'était une invasion ils ne se seraient pas montrés en plein jour. Je pense plutôt qu'il s'agit d'une migration.

Mû déglutit difficilement. Il n'avait pas vu la guerre de près mais son souvenir tenace était toujours là. Les morts s'étaient succédés et les hantait toujours – surtout la disparition de Dégel – et il ne voulait pas que ça recommence. La peur tenait de nouveau son cœur.

Durant plusieurs minutes, ils fixèrent ensemble la flotte qui rasait le littoral grec. Elle était impressionnante, immense, et il leur était difficile de croire qu'ils avaient réussi à repousser de tels envahisseurs.

Évidemment, Camus avait très rapidement parlé à Mû de ce qu'il s'était réellement passé sur le champ de bataille. Ce dernier avait à tout prix voulu en savoir un maximum à propos des Agharians et son compagnon avait souri devant son excitation.

Au début, Mû n'avait pas totalement approuvé sa démarche auprès du nouveau roi de Larissa, mais la réponse qu'ils avaient reçu de sa part après quelques jours l'avait forcé à reconnaître que Camus avait plutôt bien anticipé les choses.

Ikki, celui que son peuple surnommait déjà le Lion Noir, avait juré sur l'honneur qu'aucune attaque ne serait lancé sur Agharia durant son règne et avait expressément demandé à pouvoir correspondre avec son frère. Les deux souverains avaient longtemps échangé sur l'aide qu'ils pouvaient apportés aux agharians et était parvenu à un accord : ensemble, il leur était possible de leur fournir des vivres et du matériel.

De son côté, Camus avait décidé d'offrir également son aide aux Ours. L'Épire avait été terriblement touchée par cette guerre. Ioannina avait été pratiquement rasée.

Ce conflit ne s'étant fort heureusement pas éternisée, son coût restait relativement faible comparé à ce qu'il aurait pu être si Athènes avait eu à soutenir un siège. Une fois la solde des soldats versée, de même que la compensation financière aux femmes et aux enfants que tous ces combats avaient transformés en veuves et en orphelins, il restait suffisamment d'argent dans la trésorerie de la capitale pour soutenir la reconstruction de Delphes et de Ioannina.

Par un décret, il avait annoncé au peuple que toutes ces dépenses allaient créer une situation économique fragile durant les prochaines années mais la population avait plutôt bien accueilli toutes ces nouvelles.

L'Étalon de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant