59-De retour dans la course

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Dans la boulangerie. Il était à présent 10h et l'atmosphère ambiante qui régnait depuis 10 minutes nous empêchait de nous sentir totalement à l'aise.

-"Bon je pense qu'il est temps pour moi d'aller voir l'état de ma maison et la santé de mes enfants."

-"Ça va aller pour votre maison au fait ? Vous n'avez pas perdu beaucoup de choses précieuses ?"

-"Par chance, nous venions de la louer et seul le plus gros avait été emménagé dedans mais je m'en fiche. Ce qui compte c'est que mes enfants aillent bien. Merci, merci encore pour tout. Bon je pense que je devrais aller voir l'étendue des dégâts maintenant que le feu est éteint, de toute façon vous avez mes coordonnées si vous avez besoin de quoi que ce soit." Sur ce, il repartit en direction du camion de pompier, le feu avait cessé et la fumée s'estompait dans l'air petit à petit.

-"Ça veut dire que la police ne s'est toujours pas rendu compte de votre fuite tch ! Quels idiots !" Fit remarquer Katsuki.

-"Mais pourquoi ils ne te laissent pas tranquille ?" Demandait Eijiro à Fred. "Après tout ils ne peuvent pas te reprocher grand chose si ?"

-"Malheureusement les cartes d'identité de notre monde ne sont pas valables ici, alors ils comptaient me faire sortir du territoire. Et... il se pourrait que je leur ai dit que je venais d'un autre monde..."

-"Quoi !? Pourquoi vous avez dit ça !" Le reprimandai-je.

-"Je te l'ai dit, je ne sais pas mentir ! Je voulais vous innocenter, donc j'ai raconté la stricte vérité. Et tu oublies encore de me tutoyer."

-"De toute manière, ils ne seraient pas assez bêtes pour croire le premier venu !" Reprit Katsuki.

-"Tu ne leur a pas fait de démonstration de ton alter ?"

-"Non ne t'en fais pas, j'ai raconté la vérité en omettant de dire comment j'ai fais. Mais peu importe ce que j'ai dit, ma fugue ne leur donne pas une très bonne image et c'est surtout pour servir de leçon et éviter que je retente une bêtise qu'ils ne me lâcheront pas."

De nouveau soulagés - enfin à moitié - nous quittâmes la boulangerie et nous repatîmes à la voiture pour reprendre la route. Bien installés et rassasiés, nous regardions les décors surplombés d'imposantes montagnes à l'horizon bouger à vive allure. Seulement 15 minutes étaient passées depuis que nous avions quitté le lieu de l'accident et pourtant, elles semblaient durer 2h. Toujours la radio allumée sur les faits divers en espérant ne pas entendre la nouvelle de la fuite de notre seul chauffeur et seul billet de rentrée pour Eijiro et Katsuki. Quelques fois, un animateur mentionnait mon lycée pour parler de l'incident mais il ne disait rien d'autre qu'on ne savait pas déjà. Le reste du temps était calme, rythmé par le vague charabia de la radio.

-"On s'ennuie non ?" Fit remarquer Fred.

-"Il faudrait qu'on trouve un jeu à faire." Répondis-je en réfléchissant.

-"En fait je disais ça car on va passer devant un magasin qui a l'air assez grand, il y aura forcément quelque chose. Et j'ai envie d'aller encore une fois dans un magasin avant que des policiers pas très contents et touchés dans leur orgueil ne me pourchassent pour servir de leçon aux autres."

-"Alors allons-y ! Je connais des jeux parfaits pour la voiture !" Ma meilleure amie silencieuse depuis longtemps retrouvait sa joie de vivre et son énergie en un rien de temps.

De nouveau nous nous arrêtions sur une place de parking pour respirer un grand bol d'air frais avant de faire la route d'une traite.
Nous entrâmes dans le magasin pour jeter un œil à un peu tout. Il y avait des bouées de plage devant les rayons de droite et des lunettes de soleil en face, on en essayaient tous, des plus simples aux plus farfelues. Katsuki les trouvaient toutes affreuses tandis qu'Eijiro tentait de lui faire porter des lunettes avec la même forme d'étoile qu'il avait lui-même sur son nez. Fred nous montrait son talent pour les accents à chaque nouvelle lunette sur son nez.
On continuait de fouiller les rayons avec amusement, il y avait des panneaux avec des affichages uniques à mettre sur sa porte ou encore de simples ustensiles de cuisine où on essayait de comprendre la différence entre une poêle et une autre. Puis, nous trouvâmes enfin ce que nous cherchions entre les livres pour enfants et les cerceaux ; un jeu de sept famille, un uno, un jeu de petits chevaux et une bataille navale. Tous les jeux qui avaient bercé mon enfance et celle de mon amie durant les longs trajets. Nous prenions tout et nous rendions à la caisse, contents de notre trouvaille, pour n'y voir qu'une chaise vide.

-"Euh... il y a quelqu'un ?" Demandais-je assez fort.

Toujours pas de réponse, on se doutait que le magasin n'aurait pas été laissé sans surveillance et décidâmes d'attendre quelques minutes.

-"Il y a quelqu'un ?" Redemandait Fred un peu plus fort.

Cette fois ci, une femme sortit de l'arrière-boutique, préoccupée.

-"Oui, excusez moi je suis à vous. Que puis-je faire pour vous ?" Dit-elle doucement en se frottant le visage.

-"On va acheter ça !" Répondis-je tout sourire.

Elle prit les jeux et les passa sur la machine.

-"Ça vous fera 20€"

Son ton était pausé mais ses yeux enchaînaient timidement entre la direction du sol et de nos visages. Elle me semblait mal à l'aise.

-"Ça va, madame ?" Demandais-je doucement.

-"Oui simplement des problèmes de famille."

-"Personne n'est malade ? Vous avez des enfants ?"

-"Oui, un mais..." elle prit une grande inspiration. "On... il est avec un groupe de soutien dans la forêt..." elle éclata en sanglots. "Mon fils a disparu. On n'arrive pas à joindre le groupe depuis près d'une heure !"

-"Oh non, les pompiers sont arrivés ? Et votre mari ?"

À ma question, la femme cacha son visage de ses mains, les joues toujours plus rouges .

-"Mon mari travail beaucoup trop loin, il ne pourra pas arriver à temps... et... et les pompiers ne peuvent pas les rejoindre, il n'y a pas de chemin pour accueillir une voiture rapidement..."

Inquiets, nous la regardions essayer de reprendre la face devant ses clients. Je déposai vivement les deux billets de 10 sur la table avant d'enchaîner.

-"Allons-y ! Madame, allons sauver votre enfant !"

-"Quoi !? Mais je n'ai pas de voiture ! Je suis bloquée loin de mon enfant !"

J'expliquai tout notre échange à Katsuki et Eijiro qui ne contredirent pas ma décision.

-"Et aucune voiture ne passe." Elle éclata de nouveau en larmes en nous expliquant la situation. "Je n'aurais pas dû le forcer à y aller. Il ne voulait pas mais je me disais que ce serait bien qu'il se fasse des amis ! Il aime tellement la nature."

J'étais tétanisée devant la détresse et l'impuissance de cette mère. Je ne pouvais pas imaginer les idées noires qui passaient par la tête d'une femme désespérée.

-"Pas de temps à perdre, venez !" Je la prenais par le bras pour aller jusqu'à la voiture.

-"Je reste ici pour tenir le magasin !" Déclara mon amie, elle savait qu'il allait manquer une place dans la voiture. Je la remerciais en fermant la portière.

-"Où se trouve votre fils madame ?"

Elle tentait de se calmer devant cet infime espoir qui se présentait.

-"Tournez à droite..." Elle nous indiqua le chemin à prendre toujours le visage apeuré et impatient de se retrouver près de son enfant même si les larmes avaient séché.

Plus les minutes passaient, plus nous nous enfoncions dans une épaisse forêt.

-"Il fait quel sport votre gosse pour être autant paumé au milieu de nul part ?" Demandait Katsuki.

-"Il fait simplement des jeux dans les bois. Mon fils est... différent... ça l'aide beaucoup de faire ces sorties."

Soudainement, la voiture ralentit et Fred nous annonça :

-"Ah je comprends le problème, on va devoir s'arrêter là les enfants."






~~~~~~~Fin du chapitre 59~~~~~~~

L'énigmatique Voyage [ Mha X reader ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant