W [EN PAUSE]

Chapitre 9

2005

— Chan-mé, sifflé-je en admirant l'intérieur du nouveau mobil-home de l'emplacement 15.

— T'as vu ? Grave stylé.

— J'avoue.

Le camping a remplacé l'ancien bungalow que loue maintenant tous les ans la famille de Valerio, et le nouveau est vachement plus moderne. Je vais venir squatter ici plus souvent.

— Tes parents ne sont pas là, aujourd'hui, Valentin ? demande Nadège.

— Ils sont partis passer une soirée en amoureux, c'est leur anniversaire de mariage.

— Oh, c'est bien ça. Tu dînes tout seul, ce soir ?

J'acquiesce. Ils m'ont laissé de l'argent pour acheter une pizza. Valerio se tourne vers sa mère et la regarde en papillonnant des yeux. Je ne peux pas m'empêcher d'être content.

— Comme si la question se posait, dit-elle en levant les yeux au ciel. Allez donc chercher le menu de l'été, pendant qu'on fait l'état des lieux.

Se jetant sur les vélos, on prend la direction du restaurant du camping tout en bavardant joyeusement pour rattraper le temps perdu cette année.

— Ta cousine vient la semaine prochaine, alors ?

— Ouais. Elle vient en train, on va la chercher à la gare samedi.

— C'est cool. Elle a quel âge ?

— Dix-sept ans.

Si la fin de mes vacances n'avait pas été gâchée par Jordan il y a deux ans, j'aurais sans doute invité Adrien à venir avec moi l'an dernier. En fait, ça m'a complètement coupé l'envie de partager l'amitié de Valerio avec quelqu'un. C'est peut-être stupide, mais je veux garder mon ami que pour moi ; on ne se voit déjà pas souvent alors si en plus je n'en profite pas...

Et cette année, la question se pose encore moins parce que depuis, on ne se parle plus. J'ai bien compris que j'étais devenu inintéressant et qu'il n'avait juste pas eu le cran de me le dire avant que nos chemins se séparent définitivement.

Sur le coup ça m'avait fait mal, mais en fait je me rends compte qu'on avait beaucoup moins de points communs que ce que je pensais. On continuait de traîner ensemble par habitude, parce que c'est comme ça que ça a toujours été, mais ça faisait des années qu'on était plus aussi proches que je peux l'être avec Valerio.

Mais ça ne me dérange pas que Laura vienne passer du temps avec nous. C'est une fille, alors c'est pas pareil, c'est pas comme si elle allait me voler mon meilleur ami. En plus, elle est trop vieille pour s'intéresser à lui romantiquement.

Manquerait plus que je tienne la chandelle...

— Tiens, double-V le retour ! nous salue Serge.

Il est occupé à arroser les fleurs autour de la grille de la piscine.

— Salut Serge, ça farte ?

— As-tu vu ton nouveau mobil-home flambant neuf ? lance-t-il à Valerio.

— Ouais, il est mega stylé !

— Haha. Amusez-vous bien, les jeunes.

— Merci, chef !

***

— Je vous ai pris du panaché.

— Quoi ? s'exclame-t-on, scandalisés.