Moi qui craignais le week-end dernier que Laura passerait tout son temps avec nous et que je n'aurais plus un moment seul avec Valerio – sauf le soir – c'est finalement tout le contraire qui s'est passé. Je suis même déçu de l'avoir aussi peu vue, et plutôt content qu'elle nous ai invité ce soir.
Elle s'est fait des potes à la soirée blind test, et depuis elle traîne toujours à droite à gauche avec eux. Ou avec Nadia. Après avoir passé l'après-midi à la piscine avec elle dimanche, c'est comme si elles étaient devenues les meilleures amies du monde.
Je me sens trahi qu'elle s'entende aussi bien avec elle. Elle devrait être de mon côté, pas de celui de l'ennemi. Enfin, de toute façon elle n'est pas invitée ce soir, de ce que j'ai cru comprendre ils sont tous plus âgés – la vingtaine, comme Laura – et ses parents ne voulaient pas la laisser y aller. Bon vent.
On ne sait pas vraiment où se trouve l'emplacement 77, juste que ce n'est pas très loin du terrains de foot et de pétanque, au fond du camping. Je crois qu'il n'y a que des tentes et des caravanes, par là-bas.
Tout en marchant, je jette un œil à Valerio. Il a mis ses lunettes, ce soir. Ça lui donne un air sage, alors qu'on sait très bien qu'il ne l'est pas du tout. Je trouve ça drôle.
Cela dit, j'ai été personnellement très sage ces derniers jours. J'arrive à mettre un peu de côté le tsunami d'émotions qui m'a tiraillé tout le week-end ; en général en semaine c'est plus facile. On se lève, on déjeuner, on traîne un peu, on mange, on va travailler, on mange... Et on va se coucher. Rien qui ne mette mes nerfs à l'épreuve. On a terminé de regarder le premier film de notre trilogie en cours, et je me félicite d'avoir retrouvé mes habitudes du coucher. A savoir m'endormir sans penser au putain de corps de Valerio à côté du mien.
Bien entendu, ça a nécessité quelques ajustement, du style : lui tourner le dos.
— Val, youhou !
J'aperçois Laura se lever d'une chaise de camping devant deux tentes et une caravane. Il y a du monde, a priori. On s'approche, et je sens chez Valerio la même hésitation que moi. On n'est jamais très à l'aise quand il faut se joindre à des groupes déjà formés.
— Venez, je vais vous présenter.
Elle passe un bras autour de nos épaules, et nous approche du petit groupe rassemblé autour d'une vienne table en formica qui soutient une collection de bouteilles et de gobelets vides ou à moitié pleins.
— Les gars, voilà mon cousin, Valentin. Et Valerio, son pote.
— Salut !
— Yo...
— 'soir.
Je fais un timide signe de la main à la cantonade pendant qu'elle énumère tout le monde :
— Alors voici Lana, Chloé, Elise, Nolwenn, Ruben, Eddy, et Victor.
J'aurai oublié tout le monde dans exactement dix secondes.
— Cool. Euh, on a amené de la bière, annonce Valerio en soulevant le pack.
— Nickel, allez-y prenez une chaise ! nous accueille le barbu, Ruben ou Eddy.
— Merci.
— On vous sert quoi ? Y a de la bière évidemment, du Sky, de la tequila, du blanc... propose une fille qui doit être sa copine, vu comme ils ont l'air proches.
— Je vais prendre une bière.
— Moi aussi.
— Okay, deux bières pour les cousins !
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W [EN PAUSE]
RomanceBienvenue au camping « À la belle étoile » Ce panneau, Valentin l'a déjà vu un million de fois. En exagérant à peine. Chaque année, c'est là-bas qu'il se rend avec ses parents, où ces derniers ont acheté un mobil home pour goûter la tranquillité de...