Chapitre 43

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Après m'être donné en spectacle, j'ai proposé à Valerio de rentrer à l'emplacement. C'est moins la fatigue que la peur, qui me pousse à fuir la soirée. A fuir ma cousine. Il a accepté sans sourciller, et on a quitté le terrain avec des rires forcés, sous les blagues graveleuses des potes de Laura.

On ne parle pas sur le chemin, et ça me rappelle l'année dernière, lorsqu'on s'est embrassés au jeu de la bouteille et qu'on est rentrés presque aussitôt. Ça me donne une drôle de sensation de déjà-vu, et je ne sais pas si elle est positive ou négative.

— C'est quand que tu rattrapes tes heures de la semaine dernière ? finis-je par demander.

— Vendredi. Je vais finir à vingt heures.

— C'est long.

— Ouais... Je vais avoir la dalle !

J'ouvre la tente, et me faufile à l'intérieur à la suite de Valerio. Je me sens un peu vaseux, après toutes ces bières, et je balance mon t-shirt dans un coin avant de m'allonger pour faire cesser le tournis.

— Je vais encore pas être frais, demain.

— Et moi, alors ? rit Valerio en laissant tomber sa tête tout près de la mienne.

Trop près. Je pivote légèrement la mienne dans sa direction.

— On picole plus jusqu'au mois d'août, dis-je.

— C'est après-demain.

— On picole plus pendant un jour, donc.

Il pouffe de rire, et je sens ses cheveux chatouiller ma joue.

— Quel exploit !

Je récupère à tâtons mon téléphone dans mon short pour le mettre dans une poche de la paroi intérieure, et remarque un message non lu. Les bras tendus en l'air, j'ouvre le message.

« Faut qu'on parle !!! »

Les mots de ma cousine me font à la fois sourire et stresser. Je n'arrive pas à savoir si elle va juste me charrier, ou me dire que je la dégoute. Valerio se tend légèrement à côté de moi, et je me demande ce qu'il en pense.

Sans un mot, je verrouille mon téléphone et le balance dans la pochette. Les yeux rivés sur la toile tendue, je cherche quelque chose à dire. J'ai le sentiment que si on continue de laisser le silence s'installer, quelque chose va se casser entre nous ce soir.

— Tu veux savoir un truc drôle ? me demande alors Valerio.

Je tourne complètement la tête vers lui, observant son profil en attendant la suite. Je vois sa pomme d'Adam remonter dans sa gorge tandis qu'il déglutit.

— T'es la première personne à m'avoir embrassé.

Mes battements de cœur s'accélèrent, et je fixe à nouveau la toile au-dessus de nos têtes.

— Avec la langue, tu veux dire ?

— Avec ou sans.

J'ai chaud, d'un coup. Je savais que Valerio n'avait jamais eu de petite-amie, mais je ne savais pas que j'étais son premier baiser. Je me suis posé la question, l'an dernier, mais je n'étais pas sûr et je me voyais mal lui demander après coup.

— Je suis désolé d'avoir gâché ton premier baiser, dis-je platement.

J'ai mal au ventre, car je ne suis pas certain d'être tout à fait sincère avec lui. Suis-je vraiment désolé ?

— Tu ne les as pas gâchés, dit-il en secouant la tête.

Il a dit les. Pluriel comme ses premiers baisers. Avec moi.

W [EN PAUSE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant