9/ Prendre une décision et se planter en beauté

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Le lundi arriva beaucoup trop vite. La fatigue était toujours là. Pourtant Jack s'en tint à sa décision de prendre son vélo. Ça lui donnait plus d'autonomie et ça lui faisait faire de l'exercice. Même si sa mère n'aimait pas la savoir sur ce vieux biclou, Jack apprécia parcourir la ville avec. Dorénavant, il serait son moyen de transport principal. Même pour le Rook. Elle ne revivrait pas la soirée de samedi. Plus jamais.

Partie plus tôt, elle arriva avec les premiers élèves. Elle passa au club de physique et déposa ses dernières réflexions sur leur projet pour les olympiades. Elle était très contente d'elle. Elle s'installa en physique-chimie confiante. Son binôme n'allait pas tarder à arriver. Le TP s'annonçait bien. Paisible et consacrer à l'étude.

Dans tes rêves.

Cléa Miller arriva effectivement à l'heure, mais ne rejoignit pas sa place près de Jacklyn comme elles avaient convenu. Elle s'assit à la première table libre et se tourna vers elle en lui adressant un « désolé » muet, tandis que Hunter Stafford s'installait à la place où Cléa aurait dû s'asseoir.

Jacklyn prit sur elle, répéta comme un mantra la décision prise la veille et ne se préoccupa plus de son binôme. Elle commença les manipulations. Il s'intégra comme la première fois. En silence et avec application. Une fois le cours terminé, elle attrapa son sac et sortit sans un mot. Il n'avait rien dit non plus, mais l'avait épiée, ce qui l'avait moins gêné qu'elle n'aurait pensé. Tant qu'il n'ouvrait pas la bouche, ça irait comme ça. S'il voulait perdre son temps à la regarder !

Cléa vint s'excuser en riant de la situation. Elle l'enviait, c'était évident. L'attention qu'Hunter lui portait, commençait à la rendre populaire. C'était une catastrophe !

Avant la pause méridienne, elle alla déposer ses affaires à son casier. Elle resta un long moment devant la porte ouverte à fixer la boite qui avait été déposée sur la pile de livres et de cahiers à l'intérieur. À l'intérieur !

Pas de mot. Inutile. Seul Hunter savait qu'elle avait casser son téléphone. Or, il s'agissait de la boite d'un appareil téléphonique dernier cri. Un modèle haut de gamme hors de prix qu'elle n'avait ni les moyens d'acheter, ni de rembourser.

Première question : Comment Stafford avait-il réussi à ouvrir le cadenas du casier sans le forcer ? Deuxième question : Comment pouvait-il croire qu'elle accepterait un cadeau aussi couteux, voire un cadeau tout court ?

Se répéter son mantra n'allait pas suffire. Il fallait qu'elle règle le problème immédiatement. Elle attrapa la boite, la fourra dans son sac et se dirigea vers la salle de repas d'un pas décidé. Il était à une table, entouré de ses potes et de quelques groupies, comme d'habitude. Elle avança sans se préoccuper de personne.

Elle se planta près de lui et le silence se fit immédiatement autour d'eux. Jusqu'à ce qu'une fille qu'elle ne connaissait pas, d'une blondeur factice et aux seins limite en dehors du chemisier tant il était serré, lui dise avec un petit air suffisant, d'aller voir ailleurs. Mais elle ne s'en préoccupa absolument pas. Ses yeux étaient rivés sur Hunter qui se tourna lentement vers elle.

˗ Toi. Moi. Dehors. Maintenant, annonça-t-elle froidement avant de tourner les talons.

- Ch'ai pas ce que t'as fait ! Mais ça va être ta fête, mon pote ! s'exclama Christopher en riant.

˗ J'adore les tigresses ! J'y peux rien ! lança-t-il à la volée en rigolant avant de la rejoindre dehors avec nonchalance, couvé par les regards jaloux de ses groupies.

Une fois à l'extérieur, il se planta devant elle sans se départir de son sourire.

˗ Encore besoin d'un service ? demanda-t-il ingénument.

Elle crut qu'elle allait exploser. Elle ouvrit la bouche. La referma. Se pressa les yeux avec les doigts en se répétant son mantra. Haussa les sourcils et sortit la boite de son sac avant de la lui plaquer sur le torse. Instinctivement, il la retint pour qu'elle ne tombe pas. Elle en profita pour tourner les talons et partir vers le bâtiment où se trouvait le club de physique appliqué. Quitte à ne pas manger autant utiliser son temps de manière efficace. En plus, réfléchir à son projet lui permettrait de retrouver un peu de sérénité.

Il s'attendait si peu à cette réaction qu'il resta un bref instant dans sa position initiale, tandis que ses potes, collés à la baie vitrée derrière lui, tentaient de distinguer ce qu'il tenait. Puis, il se reprit et s'élança à la suite de Jack.

˗ Attends ! Arrête-toi ! s'exclama-t-il en lui attrapant le bras. Qu'est-ce qui te prends ? Pourquoi tu réagis comme ça ?

Explosion du mantra. Mise en orbite autour de la terre. Impossibilité d'ignorer cet abruti beau comme un dieu.

˗ Sérieusement ? J'ai besoin de me justifier ? cria-t-elle en dégageant son bras avant de reprendre sa marche vers le bâtiment.

˗ Tu as bien dit que c'était de ma faute ! Non ? Et bien, j'assume toujours mes responsabilités, moi ?

Est-ce qu'il sous entendait que ça n'était pas son cas ? Et puis, c'était quoi ces principes à la noix qu'il lui lançait sans arrêt au visage ! Il avait des principes ? Ok ! Et alors ! Ça lui donnait le droit de s'imposer dans sa vie alors qu'elle ne lui avait rien demandé ?

˗ Mais tu te prends pour qui à la fin ! explosa-t-elle en lui tapant sur le torse avec le doigt. Pourquoi... Pourquoi tu ne peux pas me fiche la paix ? Ça t'amuse de me pourrir la vie ? Qu'est-ce que tu veux ?

˗ Toi.

La réponse avait été dite sans ironie. Il avait le visage sérieux. Pas de petit sourire en coin. Juste un regard intense posé sur elle. Puis, il était parti avec le téléphone, sans un mot de plus.

C'était parfaitement impossible ! Toute cette situation était parfaitement impossible ! Il ne pouvait pas nourrir de vrais sentiments pour elle. Il en était incapable, c'était certain ! Elle avait vu comment il se comportait avec les autres filles. Elle avait vu Virginia pleurer seule aux toilettes, la semaine précédente. Elle était prête à parier que c'était à cause de lui.

Et puis, comment pourrait-il nourrir le moindre sentiment pour elle ? Il ne la connaissait pas et il n'était pas le genre à apprécier les filles qui avait un QI supérieur au sien. Sans compter qu'elle était loin d'être la fille la plus belle du lycée. Loin ! Loin ! Loin de là !

Elle était tout ce qu'il y a de plus banal. Plutôt petite. Quelques rondeurs, mais sans plus. En tout cas pas les poitrines pulpeuses que certaines de ses groupies exhibaient comme des trophées. Elle n'avait pas de beaux yeux à la couleur inattendue et stupéfiante comme Emily. Ils étaient marron ses yeux ! Bordel ! Marron ! Sa peau pale virait maladif dès les premiers jours d'hiver. Seuls ses cheveux détonnaient. Ils avaient la couleur dorée du pain d'épice et de certaines feuilles d'automne. Auburn disait sa mère en les lui coiffant parfois. Mais elle les attachait toujours. Un, pour justement éviter d'attirer l'attention. Et deux, parce qu'elle ne supportait pas de les avoir dans les yeux quand elle travaillait.

Non, vraiment ! Il devait y avoir une autre raison. Un coup fourré, sans aucun doute possible. Mais alors pourquoi l'avait-il regardée ainsi ? Non ! Il était très fort avec les filles ! C'était tout ! Il avait de l'expérience !

Jacklyn se frappa le front subitement. Elle savait ! Mais oui ! Bien sûr ! C'était évident ! Ce qu'il voulait c'était la posséder parce qu'elle ne s'intéressait pas à lui ! C'était le challenge qui le motivait ! Uniquement le challenge ! Elle ne voyait pas d'autres raisons ! Et il mettait le paquet le bougre !

Ô sweet sweet fucking karmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant