27/ Muscles en feu et fin des vacances. Retour du bon vieux karma pourri

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Le réveil du lundi fut cataclysmique, elle se leva en gémissant, se traina du lit à la douche sous les yeux hilares de son frère. Genna était déjà partie.

Qu'est-ce qui lui avait pris d'aller courir la veille de la rentrée ? Ses jambes étaient lourdes. Elle avait mal à des endroits où elle ignorait avoir des muscles. C'était un cauchemar !

Elle se prépara néanmoins, mais fut incapable de prendre son vélo. Son frère lui proposa de l'emmener en moto, car, lui, était motorisé. La moto bricolée avec papa. Elle aurait pu prendre ça pour un signe positif.

Quelle idiote ! Un signe positif ! Les muscles en compotes, ça c'était un signe ! Un signe que sa vie était toujours aussi merdique !

Elle arriva la dernière en physique-chimie en grimaçant. Hunter était déjà en place. Il la regarda s'affaler plus que s'asseoir sur son tabouret.

- Le type sur la moto. C'était qui ?

Il attaquait fort, direct. Elle le fusilla du regard sans répondre. Elle prit même plaisir à voir la colère montée dans ses yeux. Vilaine fille, va !

- Tu t'es trouvé un mec, donc.

Elle ricana, mais ne dit toujours rien. Elle trouvait plutôt plaisant de le mettre en colère, de le rendre jaloux... Son frère, en plus d'être baraqué, était plutôt beau gosse lui aussi. Il était de taille à affronter Hunter, même si ce dernier faisait de la boxe.

Mais qu'est-ce qui lui prenait ? C'était la course ! Les muscles endoloris ! Tout ça ! Tout ça ! Elle ne voyait pas d'autres raisons. Vraiment pas.

Vraiment pas ?

- C'était mon frère, crétin.

- Ton frère ? Tu as un frère ?

- Oui.

- Je ne savais pas.

- C'est normal puisqu'on ne se parle pas, toi et moi.

- On pourrait.

- Pour ça, il faudrait que tu arrêtes de te comporter comme un con avec moi !

Il n'avait pas choisi son jour. Elle avait envie de le mordre et de l'embêter. Elle réajusta sa position en grimaçant et sortit ses affaires pour suivre le cours.

- Je croyais que tu étais en pleine forme ?

C'était donc bien lui l'auteur des messages, et donc le généreux donateur de la boule à neige. Pas un psychopathe. Quoique...

- Ça, c'était avant d'aller courir.

Il eut un bref rire étouffé.

- Quoi ? Je fais du sport, et alors ?

- Je vois ça, répondit-il un large sourire aux lèvres, mais les yeux rivés sur le prof. Il faudrait prévoir du jus de carotte pour l'humeur de dogue, après.

- Ok. J'avoue. Je m'excuse. J'ai mal partout et ça n'aide pas à être super aimable.

- Tu t'excuses ? Ouh la... Qu'est-ce qui va suivre ? murmura-t-il rigolant à moitié.

Elle le fusilla de nouveau du regard. À croire qu'il aimait leurs joutes verbales. Très bien. Alors continuons.

- Cherry va bien.

- Je n'en sais rien, dit-il brusquement sérieux.

- Tu l'as relarguée ? Est-ce que je dois m'attendre à une attaque en règle dans les couloirs du bahut ?

- Pourquoi penses-tu qu'elle s'en prendrait à toi ? Tu n'es pas la seule fille qui m'intéresse dans le lycée. Il y a une nouvelle dans les classes en-dessous. Une vraie poupée japonaise... très appétissante.

- Tu m'en vois ravie. Cherry va l'être aussi. Est-ce que ça veut dire que je vais enfin pouvoir envisager les garçons du lycée comme autre chose que des morts potentiels.

- Cherry a changé d'établissement.

- Ah... Tu n'as pas répondu concernant les autres mâles du lycée... Comment ça « Cherry a changé d'établissement » ?

Il ne répondit rien et haussa les épaules.

Ils continuèrent la manipulation en silence. Jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus.

- Alors pour les autres garçons, tu vas continuer ton cirque ?

- Y'a des chances.

Elle posa sa tête dans ses mains un bref moment en soupirant. Il n'avait pas changé sa position d'un iota. Elle devait effacer son numéro de son portable, et peut-être même changer le sien propre. Il fallait d'urgence arrêter de lui parler, de lui écrire ou même de le regarder. Pas de signaux positifs, où elle ne s'en sortirait jamais.

- Aucun n'est assez bien pour toi.

La phrase avait quelque chose de stupéfiant dans la bouche d'Hunter. Jack arrêta ce qu'elle était en train de faire et éclata de rire, jusqu'à ce que le prof la rappelle gentiment à l'ordre. Il savait que l'élément perturbateur de leur binôme était Hunter Stafford. Pas elle.

- Ok. Hunter, dit-elle en se calmant. Il faut qu'on parle de manière urgente, dans un lieu public de préférence, mais en dehors du lycée. Le centre commercial ?

- Un rencart dans un centre commercial ? Pourquoi pas dans la cour, tout à l'heure.

- Parce que si on est dans un lieu public, je ne risquerai pas de te frapper, et toi de ... de faire ce que tu fais d'habitude !

- C'est à dire.

- Ce regard-là ! dit-elle en faisant claquer son livre en le fermant.

Il sourit. Craquant comme toujours.

- Arrête ça aussi ! Je ne suis pas l'une de tes groupies !

- J'avais cru comprendre.

Bordel, il allait falloir le préparer ce rendez-vous...

***

- Et donc ? Tu as rendez-vous quand ?

- Samedi après-midi avant le boulot au Rook.

- Pas avant ? Ben ma cocotte, la semaine va être longue !

- Ça, tu peux le dire ! Elle va être super longue, cette semaine !

- Pourquoi elle va être super longue ta semaine, petite tête ? demanda soudain la voix de son frère dans son dos.

Jonas se tenait dans l'encadrement. Son tee-shirt moulant exhibait les muscles de ses bras croisés sur son torse. Il souriait. Martha qui le voyait grâce à la caméra de l'ordinateur se racla la gorge et murmura un « madre de dios, c'est Jonas, ça ? », tandis que Jack lançait un coussin sur le jeune homme pour le faire partir fissa de sa chambre.

- Purée ! Il a changé ton frère ! Et pas en mal, s'exclama Martha quand il eut disparu de son champ de vision.

- C'est mon frère, je te rappelle !

- Justement, je peux le reluquer tant que je veux ! J'ai toujours été folle de lui !

- Martha !

Ô sweet sweet fucking karmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant