28/ Partir au combat et être fauchée dès les premières salves

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La semaine passa plus vite que prévu finalement. Hunter était occupé avec la mignonne petite Sakura qui, malheureusement pour lui, avait son frère jumeau également inscrit au lycée. Et même si ce dernier n'était pas un foudre de guerre, il veillait sur sa sœur comme sur la prunelle de ses yeux. Sakura fondait de loin dès qu'elle voyait Hunter lui sourire. C'était navrant.

Le club de physique appliqué s'était remis au travail avec pour objectif, le concours de juin. Les idées de Jack avaient été ajoutées à celle des autres. Il allait falloir choisir. Chacun y allant de ses arguments pour pousser son bébé. C'était amusant et enrichissant. Le résultat fut une combinaison de plusieurs idées pour former LE SUPER PROJET.

Tous les membres du club étant désormais en couple, sauf Jack, elle se retrouva avec la plus grosse charge de travail. Et ce malgré ses heures au Rook. Elle ne se plaignit pas. Elle ne voulait pas insister sur le fait qu'elle était toujours célibataire.

Et même si elle avait été tentée, elle n'avait pas envie de s'inventer un petit ami imaginaire. Ça aurait été beaucoup trop casse-gueule. Elle se connaissait. Avec sa chance et son karma, ça n'aurait pas tenu deux minutes. Elle aurait été ridicule en plus de pitoyable.

Le samedi arriva enfin. Jack avait répété son speech devant Martha. Devant la glace. Dans sa tête. Ça allait bien se passer.

Elle passa un temps fou à choisir ce qu'elle allait mettre, sous les yeux amusés de son frère, qui avait deviné qu'il y avait un garçon au bout du long tunnel de la prise de tête vestimentaire. Sans son uniforme, elle se sentait différente. Et comme elle avait un message à passer, il fallait que ses fringues ne crient pas le contraire de ce qu'elle avait à dire.

Elle finit par prendre un jean, un tee-shirt blanc, une chemise à carreaux. Son sweat à capuche zippé devant, lui tiendrait chaud. Elle attacha ses cheveux en un chignon serré. Juste une touche de maquillage pour ne pas paraitre trop maladive. Ensemble passe-partout. Pas de signaux clignotants. Elle était prête.

Un petit rappel : fucking karma au rapport !

D'abord, il s'était mis à pleuvoir à verse au moment où elle était sortie. Elle était arrivée trempée au centre commercial. Mais comme elle avait perdu du temps à tenter de se protéger sur le trajet, elle fila direct au point de rendez-vous.

Elle arriva la première. Son chignon n'avait pas survécu à la capuche. Elle le défit et rattacha ses cheveux en queue de cheval. Ça irait. Elle enleva son sweat trempé et le posa sur le dossier du banc qui se trouvait près d'elle. Le vêtement se mit à goutter sur le sol, tandis qu'elle s'approchait de la rambarde juste derrière pour voir la place de la rotonde juste sous elle.

Elle pensait le voir arriver. Ce ne fut pas le cas. Elle sentit le tissu d'une veste lui envelopper les épaules. Puis elle reconnut son parfum. Un effluve légèrement musqué qui se mêlait parfaitement à son odeur corporelle. Elle frémit.

- Tu vas attraper froid, dit-il

Pourquoi fallait-il qu'il se montre parfois aussi gentil ? Ne pas réagir. Lui signifier ainsi qu'elle acceptait la veste simplement parce qu'elle avait froid. Ne pas lui laisser le moindre espoir. Elle ne se l'autorisait pas. Et pourtant.

Et pourtant, en cet instant précis, dans cet endroit bondé et bruyant, elle aurait eu envie de se retourner et de l'enlacer. De l'embrasser aussi. Pourquoi ? Pour apaiser son cœur à lui. Pour exalter le sien, à elle. Martha avait raison et tort. Jacklyn aurait pu danser avec lui. Mais elle avait pris conscience aussi qu'elle serait incapable de s'arrêter. Or, Hunter Stafford lui broierait le cœur si elle le laissait s'en emparer. Et c'était bien ça qui l'empêchait de s'abandonner dans ses bras. C'était bien ça qui érigeait des murs de colère entre eux. Elle connaissait sa réputation, et elle refusait d'être une conquête parmi tant d'autres.

Et lui luttait pour qu'elle ne lui échappe pas.

C'était sans issue.

Fucking karma.

Elle se reprit. Il fallait se battre. Elle était là pour ça. Elle se tourna. Il était si proche qu'elle eut un mouvement de recul. Sauf que derrière elle, il n'y avait qu'une paroi de verre et une rambarde. Elle se cogna. Il lui attrapa le bras et l'attira contre lui. Elle était coincée.

Pas si vite, jeune homme ! se hurla-t-elle intérieurement avant de le repousser gentiment mais fermement. Il sourit, mais se laissa faire.

- Merci pour la veste. C'est juste le temps que la mienne soit un peu moins trempée, lança-t-elle sur un ton faussement enjoué en récupérant son sweat.

- Pas de problème, dit-il en la fixant avec son demi sourire de beau gosse.

- On se prend un café ?

- Si tu veux, dit-il en la suivant.

Il n'y avait de place nulle part. Ils prirent finalement une boisson à emporter et allèrent s'asseoir sur un rebord de bac à fleur, déjà bien occupé par plusieurs personnes plongées dans leurs téléphones.

Intimité zéro. C'était le but recherché. Elle prit une gorgée brulante de son chocolat et savoura la chaleur s'inviter en elle. Ça lui redonna un peu de courage. Elle observait Hunter en douce. Lui, la fixait franchement. Elle prit conscience que ce n'était pas un vrai rencart, qu'il avait peut-être quelque chose à faire après.

- Tu voulais qu'on parle, dit-il comme pour confirmer ses soupçons.

- Oui. Ça ne prendra pas longtemps.

- J'ai tout mon temps.

- On ne dirait pas. Peu importe. Écoute... je ne cèderai pas.

- Moi non plus, répliqua-t-il avant qu'elle ne poursuive.

Il lui avait briser son élan. Elle avait la tête vide. Il lui avait fait oublier la suite de son speech !

Merde, merde, merde...Arrrgghhhhhh !

Ô sweet sweet fucking karmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant