Jack ouvrit la bouche. La referma. Soupira.
- Je ne serai pas l'une de tes conquêtes ! Ok ! Je ne serai pas un nom que tu ajouteras à ta liste.
- Ça ne sera pas le cas.
- Oh ! Arrête ton char ! Tu sais très bien que si ! Tout ce qui t'intéresse avec moi, c'est le challenge ! Je résiste, alors tu insistes ! Mais si je cède, je ne serai plus différente des autres, je n'aurai donc plus aucun attrait. Ma meilleure amie m'a dit de céder, pour que tu me fiches la paix. De profiter de l'occasion pour sortir avec le beau gosse du lycée. Mais je ne vois pas pourquoi, je devrais. Pourquoi ce devrait être moi qui cèderais. Ça n'arrivera pas, parce que je tiendrais le coup. Il reste quelques mois avant la fin du lycée. J'en suis capable.
- Tu n'as rien compris, dit-il en se levant.
Jack eut l'impression que quelque chose le poussait à bouger. Elle voyait la tension de ses muscles sous le sweat qu'il portait. Elle sentait l'effort qu'il devait produire pour se contenir. Mais se contenir de quoi ? Et qu'est-ce qu'elle n'avait pas compris ?
Il riva brusquement son regard au sien. Puis il tourna les talons et s'enfonça dans la foule. Un bref instant, Jack resta immobile, stupéfaite. Puis elle attrapa son sweat posé près d'elle et lui courut après. Il allait vite. Elle crut l'avoir perdu des yeux, mais remarqua la porte des escaliers de secours qui se refermait. Elle comprit pourquoi elle ne l'avait pas vu venir tout à l'heure, il n'avait emprunté ni les escalators, ni les ascenseurs.
Elle s'engouffra à son tour dans la cage d'escalier.
- Attends ! s'écria-t-elle avec peu d'espoir.
Pourtant, il s'arrêta. Elle descendit les deux volées d'escaliers qui les séparaient. À deux marches de lui, elle s'arrêta. Il avait ce regard plein d'intensité, et cet air sérieux qui produisait chez elle un frémissement qu'elle n'acceptait pas de ressentir.
- Arrête de me regarder comme ça.
- Comment ? Comment je te regarde ? demanda-t-il véhément en ne laissant plus qu'une marche entre eux. Dis-le !
- Tu es très fort à ce jeu. On le sait tous les deux. La liste de tes petites amies est là pour en témoigner !
- Arrête avec ça !
- Quoi ? J'ai tort peut-être ?
- Avec toi, c'est différent !
- Qu'est-ce qui est différent ?
- Tout. Tout est différent, dit-il en se tournant à moitié et en se passant la main dans les cheveux.
Jack déglutit. Comment pouvait-il être aussi énervant et aussi attirant à la fois. C'était vraiment pas croyable. Elle soupira. Il releva le visage vers elle.
- Tu ne comprends pas que je... que j'ai des sentiments pour toi ?
- Des sentiments ? Des sentiments ? Mais tu ne me connais même pas ! Comment pourrais-tu avoir des sentiments pour moi ! Je ne crois pas au coup de foudre ! Je suis rationnelle ! J'ai un cerveau et je m'en sers ! Ce que tu ressens, c'est de l'attirance physique... pas des sentiments !
- Bordel ! jura-t-il en frappant le mur avec son poing. Ce que tu peux être têtue ! Tu ne crois pas au coup de foudre ! OK. Moi si ! Parce que je le subis ! Dès que je t'ai vu à la rentrée, j'ai su qu'il se passait quelque chose. J'ai décidé d'ignorer ce que je ressentais ! J'ai continué comme avant. J'ai trouvé de quoi faire, Comme toujours. Comme tu le dis, les filles pour se jeter dans mes bras, ça ne manque pas ! J'ai tenté de t'ignorer. Ça allait à peu près. Jusqu'au jour où on est allé au Rook avec la bande. Là, j'ai dû encaisser frontalement ! Je n'ai pas supporté qu'on s'en prenne à toi ! Après, ça n'a plus été possible de faire comme si tu n'existais pas. Parce que tu existais, justement ! Et encore moins quand les autres garçons ont commencé à te tourner autour ! C'était insupportable ! Le soir après l'épisode du square, quand je t'ai rejoint et que j'ai vu que tu avais pris des risques inconsidérés, j'avais envie d'y retourner et de mettre une raclée à tous ceux qui t'avaient fait peur ! J'avais envie de te prendre dans mes bras ! J'avais envie de te protéger ! Tu n'imagines pas tout ce que je dois faire pour donner le change au bahut ! Pour m'empêcher de toucher ta peau... de t'embrasser ! Mais tu es tellement ... butée ! Tellement... et en même temps... C'est ça qui me rend fou ! Ça te va comme explications ! dit-il avec hargne en frappant de nouveau sur le mur.
Jack le fixait toujours en silence. Chacune de ses phrases était comme un uppercut dans son ventre. Parce que chacune d'entre elles trouvait un écho en elle. Elle avait été aveuglée par ses préjugés. Elle s'était effectivement trompée sur lui. Elle n'avait pas compris à quel point il cherchait à être différent avec elle. Il n'avait pas cherché à la brusquer. Il n'avait simplement pas pu la lâcher. Il en était incapable.
Et maintenant ? Quoi faire ? Comment faire ? Continuer à se leurrer ? Continuer à le repousser et le faire souffrir ? Céder à ses sentiments ? Où en était-elle ? Il l'attirait indéniablement. Et elle pouvait dire ce qu'elle voulait, elle appréciait qu'il ait des principes. Elle se remémora ce qu'elle avait pensé lorsqu'elle s'était retrouvée face à Marcus à Chicago. Quelque chose était possible.
Jack avança sa main vers le visage de Hunter. Elle suivit lentement le contour de sa tempe jusqu'à sa joue, puis ses lèvres. Il avait le souffle court. La tension de son corps était extrême. Il ressemblait à un prédateur près à bondir. Pourtant, il ne bougea pas. Il attendait. Il attendait qu'elle cède enfin. Qu'elle admette qu'elle aussi avait envie de lui.
Elle glissa sa main vers sa nuque et l'attira vers elle.
Un baiser. Court. Rapide. Pour sceller un nouvel accord. Un échange de regard. Puis un autre baiser, intense. Passionné. Il l'attrapa par la taille pour se coller à elle, la plaqua contre le mur. Elle sentit la tension se dissoudre. Devenir désir. Répondre à ses caresses, à ses baisers.
Une porte s'ouvrit brusquement à l'étage supérieur. Quelqu'un les interpella. Il se séparèrent rapidement, surpris de leur propre audace. Puis Hunter prit la main de Jack et l'entraîna plus bas, vers le parking où il avait garé sa voiture.
Ils roulaient en silence. La colère et l'incompréhension aient laissé place à une tension sexuelle si dense qu'elle en était palpable. Ils se jetaient des regards plein de désir, mais ne disaient mot de peur de briser cet élan qui les portait l'un vers l'autre.
En fait, Jack n'était pas sûr de ce qui allait arriver maintenant. Avait-il menti ? Avait-elle eu raison ? Peu importait. Elle avait juste envie de l'embrasser, encore, et encore. De sentir ses bras autour d'elle. De sentir son corps contre le sien.
- Arrête-toi !
Il s'exécuta immédiatement, comme s'il n'avait attendu que ça. Elle se pencha vers lui et l'embrassa. Ses mains exploraient son corps. Elle voulait toucher sa peau.
- Bordel ! Tu me rends dingue, parvint-il à dire entre deux baisers. Mais il faut s'arrêter ! Maintenant ! Parce que sinon je ne vais pas tenir longtemps avant de te renverser sur la banquette arrière... et c'est pas vraiment l'endroit.
Les passants regardaient intrigués la voiture mal garée à cheval sur le trottoir dans laquelle deux jeunes se bécotaient sévèrement.
Elle se rassit correctement à sa place en souriant.
- Roule, dit-elle en refaisant sa queue de cheval qu'il avait malmené en fourrant ses mains dans ses cheveux.
Peu importait où il l'emmenait. Elle le suivrait avec la promesse de le posséder et d'être possédée par lui. La promesse qu'une histoire était possible. Une histoire pas une anecdote.
Hunter Stafford avait gagné. Jacklyn Wilson aussi.
Retournement du karma ? À voir.
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Ô sweet sweet fucking karma
Fiksi RemajaPriorité numéro 1 : Réussir ses études. Priorité numéro 2 : Gagner assez pour se payer l'université Priorité numéro 3 : Tenter de déjouer le karma... Jacklyn Wilson ne devrait peut-être pas tenter cette troisième priorité, car à trop lutter, on se p...