20/ Être une tentatrice sans l'avoir cherché ! Faut pas pousser !

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Le premier cours du lundi matin fut l'objet d'un drame. Jack s'était assise à sa place habituelle. Elle attendait de voir si Hunter se pointerait. Elle comptait l'avertir pour le téléphone. C'était aussi un bon moyen de lui signifier qu'elle partait pour les vacances. Elle ignorait pourquoi elle ressentait le besoin de lui dire. Mais c'était comme ça. Pas trop se poser de questions, aurait dit Martha.

Il fut fidèle au rendez-vous, mais pas seulement lui. Cherry était là aussi. La vampire blonde avait le rimmel dégoulinant, style drama queen. Elle murmurait, geignait. C'était pitoyable. Les autres filles étaient plus discrètes quand Hunter les lâchait. Cherry en était incapable. Elle vivait mal sa rupture, et entendait que tout le monde le sache.

La pleureuse s'assit à la table de l'autre côté de la rangée et se contenta de faire face à celui qui venait de lui briser le cœur et qui faisait comme si de rien n'était. Le prof un peu décontenancé, décida qu'il valait mieux ne pas s'en mêler et laissa donc Cherry à sa contemplation sinistre.

Les manipulations s'enchaînaient, et Jack n'avait pas encore ouvert la bouche. La présence de Cherry aussi près d'eux, la dérangeait. Il faudrait qu'elle trouve un autre moment pour parler à Hunter. Le cours d'histoire du lendemain, peut-être ? Ça serait moins discret... mais bon. Est-ce qu'elle avait le choix ? Pour ce sujet-là précisément, elle ne pouvait pas lui adresser la parole devant ses potes. Et encore moins dans les couloirs avec son ex dans les parages.

La fin du cours était proche quand Hunter lui effleura le bras pour l'aider à verser une substance dans le bécher. Il n'en fallu pas plus pour que Cherry surgisse entre eux en hurlant. Elle tenta de frapper Jack. Hunter la retint. L'emprisonnant sans difficulté dans ses bras, il proposa au professeur de faire sortir la furie. Ce que le prof accepta avec précipitation. Tout s'était passé en quelques secondes. Jack n'avait même pas eu le temps de réaliser ce qui venait de se passer.

En revanche, elle réalisa très bien la suite. Tous les regards étaient rivés sur elle. C'était sa faute. C'était elle, la tentatrice. Elle était trop belle. Elle était trop intelligente. Elle résistait inutilement à Stafford. Elle le rendait fou. Instable. Provoquait des ruptures. Elle n'était pas vraiment des leurs, après tout. C'était une intruse. C'était sa faute.

Bien sûr, personne ne lui dit explicitement tout ça. Mais elle le vit dans leurs yeux.

Elle attrapa ses affaires et sortit précipitamment dès que la cloche sonna. Épaules rentrées, tête baissée, elle alla direct à son casier. Elle prit le téléphone et le fourra au fond de son sac. Si elle n'était pas trop sûre de sa décision le matin même, elle était maintenant convaincue. Il fallait qu'elle change d'air au plus vite.

Elle entendait déjà les chuchotements dans son dos.

Elle referma le casier et tomba nez à nez avec Kyle. Sans Donni. Ce dernier avait très bien fini le bal du samedi. Il s'était fait toper par un prof en plein bouche à bouche avec Amélia. Un jour d'exclusion pour comportement inapproprié...mais une Amélia dans le cœur... Jack s'était réjouie en l'apprenant.

Kyle donc, lui faisait face. Maintenant que les olympiades étaient terminées, les projets du club de physique avaient moins d'importance. Et vue tout le temps qu'elle leur avait consacré, elle pensait souffler un peu. Kyle ne l'entendait pas de cette oreille. Ils avaient écrasé St Artus, mais n'avaient fini que deuxième. Il fallait trouver une idée encore meilleure pour le concours final de juin, et il fallait s'y mettre tout de suite.

˗ Écoute Kyle, je dois prendre un peu de temps pour moi. C'est bientôt les vacances. Mais je te promets d'y penser. J'aurai de nouvelles idées dès la rentrée, ok ? Là, j'ai vraiment besoin de souffler. Je ne suis pas aussi brillante que toi. Il me faut du temps pour me remettre de ce début d'année.

Kyle savait pertinemment qu'elle ne parlait pas seulement des olympiades. En plus, elle était presque aussi brillante que lui. Ce qui n'était pas rien.

˗ Ok, Jack... sinon, je me demandais... avant les vacances ... ça te dirait d'aller au cinéma avec moi ?

Kyle avait regretté toute la soirée du bal de ne pas avoir eu le courage d'inviter Jack à danser, malgré les avertissements de Hunter. Il était amoureux. Il en était convaincu. Il fallait qu'il tente sa chance. Hunter semblant très, très occupé avec la gestion de la crise « Cherry », Kyle saisissait donc une opportunité qui ne se représenterait peut-être jamais. Surtout que Stafford ne le calculait pas. Kyle savait comment les autres le voyaient en général. Une tête bien faite, mais un corps malingre de garçon ayant poussé trop vite.

Jack rougit. Elle ne s'attendait pas à ça de la part de Kyle. Elle n'avait vu aucun des signaux qu'il avait pensé avoir envoyés. Elle était tellement obnubilée par le travail et ses projets qu'à aucun moment, elle n'avait envisagé que Kyle, son Kyle, si gentil et affable, si faible physiquement, oserait braver un interdit lancé par Hunter Stafford.

˗ Je... Je suis prise tous les soir par le boulot cette semaine.

˗ Pas ce soir ? Non ?

˗ Non. Pas ce soir. Ce soir, je vais chanter à l'église...commença Jack en se souvenant de la remarque qu'il lui avait faite dans le bus. Tu peux venir si tu veux. C'est à St James, à 19h. Enfin, si tu n'as pas peur des cantiques...

˗ St James. 19h. J'y serai, dit Kyle en souriant aux anges.

Il avait rendez-vous avec Jacklyn Wilson, la fille la plus parfaite de l'univers !

˗ Je vous dérange pas, dit alors une voix derrière elle.

Hunter. Jack fit comme si elle ne venait pas de donner un rendez-vous à Kyle.

˗ Cherry va mieux ? Qu'est-ce qui s'est passé tout à l'heure ?

Kyle reculait stratégiquement. Il avait son rendez-vous. Il pouvait partir. Le regard de Hunter lui disait de partir. Tant que ça n'était que le regard.

˗ Qu'est-ce que tu manigançais avec Kyle Roberts ? C'est fini les olympiades...

˗ Cherry ? l'interrogea-t-elle énervée.

˗ Kyle ? répliqua-t-il sur le même ton.

Jack se frotta les yeux. La sonnerie du prochain cours n'allait pas tarder à sonner. Elle referma son casier et s'échappa sans rien ajouter.

Ô sweet sweet fucking karmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant