Chapitre 18 : Personne ne m'aime !

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"Dans la vie, il y a de ces pertes dont on ne se remet jamais, on apprend tout juste à vivre avec !"
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Bien que ce fut extrêmement difficile, Pape Moussa FALL avait une double raison de continuer à avancer : son fils que lui avait confié sa femme et sa foi qui le sommait de ne point sombrer et de s'en remettre au Tout Puissant.
Pa Moussa restait cependant un être humain avec ses faiblesses et il lui arrivait de craquer de temps à autre quand le manque de sa femme devenait quasi insupportable.

Dans la vie, il y a de ces pertes dont on ne se remet jamais, on apprend tout juste à vivre avec !

Le sevrage de certains types de relations, authentiques et sincères, demande du temps, beaucoup de temps et d'énergie. À chacun son rythme de deuil ! Et pour certains, parfois même, ce sevrage s'avère tout bonnement impossible.

Notre cher professeur entrepreneur ne le savait pas encore mais lui aussi, allait bientôt retrouver la paix mais son fils peut-être un peu moins.

Après la mort de sa femme, Pa Moussa FALL avait pensé vendre leur maison et s'en procurer une nouvelle car c'était devenu très pénible de continuer à vivre à Fallène sans sa Aïta alors même que chaque pièce lui rappelait cruellement sa présence. Il lui semblait la voir quelquefois se mouvoir dans la cuisine en chantonnant, elle qui avait toujours aimé fredonner quelques airs en lui cuisinant de bons petits plats. Il lui semblait même parfois sentir le parfum de sa défunte épouse dans chaque recoin de leur nid d'amour, surtout dans leur chambre conjugale. Pa Moussa n'arrivait plus à pénétrer dans cette grande pièce lumineuse, décorée avec soin et délicatesse avec des couleurs sobres mais vivantes où toute l'âme d'artiste de la mère de son fils s'était laissée exprimer avec brio.
Le jeune veuf passait désormais presque toutes ses nuits ou dans le salon ou alors dans l'une des chambres d'amis ou tout bonnement dans la chambre de son jeune garçon. Pa Moussa évitait ainsi l'impression d'hallucinations constantes car à chaque fois qu'il entrait dans cette chambre, il semblait alors y voir sa Aïta lui sourire de ce sourire apaisant qui suffisait à dissiper toutes ses peines.

Le jeune professeur s'était finalement résigné à garder Fallène comme une sorte d'hommage à sa femme car il y avait trop de souvenirs rattachés à elle. Aïta était imprégnée dans cette maison et sa touche se faisait sentir sur tout, de l'architecture à la déco en passant par les meubles. Ils avaient tout choisi ensemble et, comme les goûts de sa dulcinée étaient les siens, la plupart du temps, sa touche très féminine mais en même temps si discrète lui convenait parfaitement. Il se disait que cette maison était l'héritage de leur fils et que plus tard, il pourrait lui parler de sa mère. Pape Djibril serait sans doute heureux de posséder au moins un vestige de la vie de sa mère où elle avait vécu si heureuse. Ce serait une sorte de relique pour le jeune orphelin.

Cependant, comme il était particulièrement pénible de demeurer à Fallène, du moins dans l'immédiat, Pa Moussa décida de se mettre au vert. Il embarqua son fils direction la campagne où il resta plus de deux ans à respirer l'air frais, à vivre simplement et sobrement, à cultiver la terre en totale symbiose avec la nature. Il se sentait bien au village de ses ancêtres et son fils Pape Djibi semblait également bien y évoluer au milieu du bétail et des champs.
Le jeune professeur entrepreneur avait arrêté l'enseignement pour un temps et se concentrait désormais exclusivement à l'agriculture tout en continuant de piloter Fall@Transport à distance, ne se déplaçant que de temps à autre pour se rendre en ville auprès de son gestionnaire qui gérait le tout d'une main de maître.

Codou CISSÉ, pendant ce temps était carrément désœuvrée. L'objet de son obsession avait déserté la ville et elle n'avait rien vu venir. Pa Moussa ne lui avait pas dit au revoir et pire, elle ne savait même pas où il se trouvait. Sissi avait frôlé la dépression pour ne pas dire la folie tout court. Elle était devenue complètement hystérique et ne se contrôlait plus. Elle pouvait rester assise toute la journée dans un coin à la même position à prononcer le nom de Pa Moussa comme une litanie, le regard vague, l'air perdu et déboussolé comme dans un état second.

De Victimes à Bourreaux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant