Chapitre 26 : À bout de souffle !

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Il ne suffit pas de savoir voler un tam-tam, encore faut-il savoir où le battre sans se faire prendre !
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Quelquefois cependant, d'une situation tragique à priori, peut ressortir un grand bien et Fat Kiné ne le savait pas encore mais la suite des évènements allait précipiter la fin de son supplice... ou presque !

Mor MBAAYE était un homme peu scrupuleux et il n'en était pas à son coup d'essai concernant le vice. Ce fut même la raison pour laquelle il fut jeté hors de *Kërr Nguéwël* = la grande concession familiale *Mbaayène* dans le quartier populaire à Pikine.
Le demi-frère de Mor, Salif MBAAYE, soupçonnait alors ce dernier d'avoir des vues honteuses sur sa petite fille d'à peine 13 ans.
Très attentif à sa progéniture et en homme expérimenté, Salif avait surpris plus d'un regard douteux de son fainéant demi-frère dirigé vers sa petite Satou. Un jour, Salif prit en flagrant délit Mor en train de tripoter l'adolescente dans l'arrière-cour de la maison alors qu'elle sortait toute fraîchement de sa douche.

Une scène monstre éclata alors à *Kërr Nguéwël* entre les différentes fratries de mères différentes et Salif menaça de porter plainte contre son demi-frère. Une réunion de famille s'organisa en urgence et pour étouffer l'affaire avec l'éternel *masla* à la sénégalaise = histoire de sauver les apparences et éviter une dislocation de la grande famille MBAAYE, le patriarche trouva un compromis entre ses enfants. Mor fut ainsi jeté hors de la maison et se trouva une petite chambre à louer.

[Des pédophiles prédateurs sont dans les maisons avec nous et, la plupart du temps, ce sont ceux que l'on ne soupçonnerait sous aucun prétexte. Alors faisons attention aux gosses !]

En ne dénonçant pas le pédophile et en le "chassant" juste hors de *Mbaayène*, Salif avait certes sauvé la petite Satou mais il laissait ainsi un prédateur dans la nature en liberté, à la merci de potentielles futures victimes qui, comme Kiné, n'auront malheureusement aucune chance !

Aussi jeune qu'elle soit, Fatou Kiné SECK, elle, n'en était pas moins forte et courageuse. D'autres, ailleurs, s'étaient suicidées pour moins que ça ! La vie avait déjà appris à Kiné à encaisser les coups, mûrissant ainsi à une vitesse folle. Elle passa de l'enfance à l'âge adulte sans transition aucune, si tant est qu'elle ait déjà eu une enfance à proprement parler !

L'adolescence, âge propice à la rébellion avec toutes ces hormones en ébullition, n'épargna pas non plus Fat Kiné. Décidée, la jeune fille avait bien sûr tenté de fuir son calvaire, les sévices et tortures qu'elle subissait au quotidien mais pour aller où ?
Elle ne le savait guère !
Fat Kiné avait conscience que seule face à la merci de la rue qui n'avait aucune foi ni loi, elle pouvait largement subir, peut-être même pire que ce qu'elle vivait déjà dans cette maison du diable.

Le Wolof dit *kou ame kërr Ndaye, ame gua kërr Baay*, autrement dit, toute personne qui a une mère a aussi forcément un père. Il arrivait donc souvent à Fat Kiné de penser à la famille de feu son père. Elle ne les avait jamais connus. Le peu qu'elle savait d'eux était qu'ils étaient originaires de la région de Kaolack et que son père les avait quitté assez jeune pour venir tenter sa chance à la capitale, sans plus. D'après Khoudia, son père n'avait qu'un seul petit frère et deux demi-sœurs mais comment les retrouver ? Peut-être qu'eux, au moins, auraient pu l'aider mais... hélas !

Récemment, Dave avait promis de lui donner un coup de main et elle avait bon espoir.
Daouda DIAGNE ou Dave pour les intimes, était celui que l'on surnommait le petit voyou du quartier, toujours imbriqué dans des magouilles de toutes sortes et des business pas trop nets.
Kiné connaissait Dave depuis toute petite, il l'avait défendu bien des fois quand certains gros gaillards du quartier cherchaient à l'embêter.
Un jour, en revenant du marché, Dave l'avait abordé et ils avaient discuté. Depuis, ils échangeaient assez souvent et il s'avéra même qu'ils partageaient plus de choses qu'il n'y paraissait.
Il était bien facile de juger une personne sur son faciès quand on ne connaissait rien de son histoire de vie ! Dave, comme tout un chacun, avait aussi sa part dans cette vie !

De Victimes à Bourreaux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant