Chapitre 13 : Les débuts d'un passé rocambolesque !

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Notre souffrance n'est pas forcément plus douloureuse que celle des autres mais on l'exprime peut-être plus à leurs yeux alors qu'eux vivent la leur en total silence !
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Quand on est un jeune fougueux avec des rêves plein la tête et qu'on nous rappelle que la vie est éphémère, on a plutôt tendance à ne pas forcément visualiser cette assertion. Cependant devant une telle scène, on aura vite compris qu'une telle affirmation n'était que vérité absolue, se disait philosophiquement Pape Djibril FALL face à la vision de sa tante allongée si piteusement dans ce lit d'hôpital.

Cette femme autrefois si belle, bien que sa beauté ait été entachée par cette grande méchanceté dont elle ne cessait de faire preuve face à tout le monde. Cette femme jadis très stratège, capable des pires ignominies pour arriver à ses fins gisait maintenant inerte tel un légume, ridée, défraîchie, chétive et surtout complètement réduite à l'impuissance. Elle était vieillie non pas par l'âge mais par la maladie et sans doute par toutes les vilenies dont elle s'était adonnée toute sa vie.
La foi du jeune homme se raffermit instantanément car réalisant, encore une fois, que la Toute Puissance n'était qu'à Dieu Seul.
Toute chose finit par avoir un terme dans cette vie, la souffrance y compris !

Sa cousine lui avait parlé d'un cancer de la gorge ou une horreur du genre en phase terminale, diagnostiqué un peu trop tard quand on ne pouvait plus rien y faire.

Elle avait l'air si pâle et toussait avec une telle vigueur qu'elle semblait vouloir y laisser ses tripes. Ses traits reflétaient une réelle souffrance et là, face à cette image, aussi sans-cœur que cette dame ait pu être avec lui, Pape Djibril ne put s'empêcher de ressentir une certaine pitié pour elle.

Se rendant compte de la présence de Djibi, qui, depuis son entrée dans la chambre d'hospitalisation, était resté près de la porte comme scotché sur place, la quinquagénaire lui fit un signe de la main, comme si elle appelait au secours, pour qu'il se rapprocha d'elle, toujours en toussant fortement.

Se résignant et surtout pour abréger ce moment pénible pour lui, Pa Djibi avança alors vers elle avant de finir par se poser sur le siège à côté de son lit.

-Je savais que tu viendrais ! Malgré tout le mal que je t'ai causé, tu n'as jamais eu une once de méchanceté dans ton grand cœur ! Tu as toute l'âme de feu ton père ! Commença-t-elle d'une voix faible, ses mots entrecoupés par des séquences de toux plus ou moins intenses par moments.

-Tu voulais me parler *Oumpañe* (ma tante) mais tu as l'air très mal en point... je... je devrais te laisser te reposer ! J'essaierai de repasser plus tard...

-Non Pa Djibi, objectait la mourante ! Il faut que tu m'écoutes car je sais que je n'en ai plus pour longtemps et... il... il y a des choses que tu dois savoir ! Je... je voudrais pouvoir... soulager ma conscience avant mon grand voyage vers l'autre monde !

Djibril se contentait de l'écouter en silence. Elle tendit alors sa main frêle pour qu'il se rapprocha davantage de son chevet. Djibi n'hésita que quelques secondes avant de s'exécuter. Oumpañe lui prit alors la main presque avec déférence malgré son état d'extrême faiblesse.

-Je sais que ce que je vais te dire là semble être trop facile après tout ce qui s'est passé mais... je suis sincèrement désolée Pape Djibril, pardonne moi s'il te plaît ! Supplia-t-elle en pleurs en serrant la main de Djibril avec toute la force dont elle était encore capable. Je sais que je n'ai pas d'excuses pour avoir agi comme je l'ai fait mais tous mes actes ont toujours été guidés par l'amour fou que j'avais pour ton père...

-Mon père ? Qu'a-t-il à avoir avec ça ? Interrompit le jeune homme choqué.

-Il a tout à voir Pa Djibi ! Oui, de toute ma vie je n'ai aimé qu'un seul homme et c'était lui...

De Victimes à Bourreaux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant