Chapitre 27 : Sur le Chemin du Destin !

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La carence affective est, sans aucun doute, l'un des maux les plus largement partagés dans ce pays. Elle ronge le cœur en le grignotant par petites doses et finit par l'achever mortellement !
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La vie est bien étrange et les voies du Seigneur sont définitivement insondables !
Quelques fois dans la vie, c'est quand on pense que c'est la fin que, c'est réellement le début !

Fat Kiné SECK marchait un peu sans but précis. Elle se souvient d'avoir quitté Yarakh, ce quartier témoin de toutes ses souffrances, un peu avant le crépuscule et d'avoir marché, plutôt traîné, jusqu'à épuisement avant de se poser, lasse, sur un banc devant une "Brioche Dorée", elle ne savait même plus laquelle.

Sa valise devant elle, le regard perdu et la mine dévastée, Kiné se saurait dire depuis combien de temps elle était assise là, hagard et en perte totale, et de repères, et d'espoir.
Toutes sortes de personnes l'y avaient dépassé et aucune n'avait daigné s'arrêter. Kiné se demandait si quelqu'un l'avait même remarqué.
Je me sens si transparente, tellement insignifiante !
Dans cette vie, chacun a son lot de soucis ! Les gens marchent mais en réalité, chacun en a plein la tête ! Se disait tristement Kiné.

Il faisait maintenant nuit noire... plus nuit que noire en réalité, mais dans les sombres ténèbres où s'enlisait Fatou Kiné SECK, même la lumière éclatante du jour avait des allures d'obscure terreur.
Plus la nuit s'enfonçait, plus l'inquiétude de la jeune fille grandissait.
Où vais-je donc pouvoir passer la nuit en sécurité, se demandait-elle ? Il y a toutes sortes d'horreurs qui font chaque jour la une de la rubrique "fait divers" des journaux pour que je sache que la rue n'est point un endroit pour une personne seule et vulnérable... et enceinte jusqu'au cou pour ne rien arranger.
Me ferais-je encore violer ? Me ferais-je violenter ? Me ferais-je tuer ? Avec ma valise, des agresseurs pourraient penser que j'ai de l'argent ou quelque objet de valeur avec moi alors même que je n'ai pas l'ombre d'un petit franc dans mes poches trouées !

Si seulement j'avais un peu d'argent en ce moment, je pourrais au moins me trouver un endroit sûr où dormir et demain, je pourrais commencer à chercher un travail.
Cela dit, quel genre de travail pourrais-je trouver ?
Aide ménagère ? Qui acceptera de me prendre chez elle dans l'état dans lequel je suis ?
Lingère ? Avec ma grossesse à risque, mon corps supportera-t-il autant d'effort physique ?
Que vais-je devenir ? Je suis fichue ! Pensait tristement Fat Kiné pendant que ses larmes, trop longtemps contenues, se déversaient sur son visage pâle en flots continus et incontrôlés.

-*Ça va soxna ci* = est-ce tout va bien madame ? Entendit-elle alors qu'elle tentait d'essuyer discrètement ce flot de liquide salée qu'elle s'en voulait de ne pouvoir retenir.

Les larmes, à part nettoyer les yeux, n'ont jamais rien résolu de toute façon ! Pensa Kiné amère.

-Vous m'avez l'air fatiguée ? Puis-je vous aider ? Poursuivait la voix, pleine de sollicitude.

En levant les yeux sur cette voix grave mais douce, Fat Kiné SECK su que ses prières avaient été exaucées.
Dieu l'avait entendu !

En face d'elle se tenait un homme en uniforme, un soldat sûrement. Fat Kiné avait en ce moment-là bien d'autres choses à décoder dans sa tête que de détailler la personne qui était en face d'elle. Sur le coup, elle ne retiendra que ce qui sautait à l'œil.
Il était grand et très costaud, imposant même serait le mot adéquat, le port strict et droit comme à l'armée, les traits graves mais bienveillants. Le soucis semblait réellement se lire sur le visage de cet inconnu qui fixait la jeune fille avec ses grands yeux inquiets.

-Que me voulez-vous ? Réagit cependant instinctivement Kiné sur la défensive, jetant ses épaules en arrière en un geste de fuite ou d'auto-défense.

De Victimes à Bourreaux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant