L'amour, cependant, a ceci d'étrange et de magique qu'il peut venir à bout de toutes sortes d'obstacles, même les plus coriaces !
************************************-Comment vous sentez-vous aujourd'hui Fatou Kiné ?
-Bien, merci !
-Vous sentez-vous vraiment bien ou alors ne me répondez-vous "bien" que parce c'est l'usage, une sorte d'habitude de langage ? ... Vous savez quand quelqu'un nous demande "ça va", en général c'est pour être gentil. On répond rarement "ça va pas". Beaucoup trouverait que cela ne se fait pas. On répond alors "ça va" la plupart du temps, pour faire gentil à notre tour, même si au fond de nous, tout va de travers...
-Mais on... on ne peut pas dire à tout le monde quand ça ne va pas...
-Avec moi Kiné, vous n'avez pas besoin de faire semblant ou de respecter certains codes... Je suis là pour vous aider à faire le point sur votre vie, vous réconcilier avec vous-même... Je souhaiterais savoir ce qui se passe tout au fond de vous sans tabous aucuns pour qu'on puisse avancer ensemble... alors, comment vous sentez-vous Fatou Kiné... réellement ?
-Je me sens bien madame SEYE... vraiment ! Sourit discrètement Kiné.
-Parfait Kiné, vous m'en voyez ravie ! J'aimerais juste savoir ce que vous mettez dans le mot "bien". Comment décririez-vous votre état actuel ? Pour vous, c'est quoi "je me sens bien" dans un langage plus développé ? Posait calmement la thérapeute sur un ton invitant à la confidence avec son éternel sourire rassurant.
-Je n'ai certes rien oublié mais j'ai compris que je ne pouvais pas rester cantonnée aux affres du passé... Je suis jeune et j'ai de belles choses à vivre... Je dois savoir me décharger de ce poids qui m'empoisonne la vie, m'alourdit et ralentit mes pas... Je veux avancer et je ne pourrai le faire correctement qu'en étant libérée... au moins dans ma tête et là... je vais bien... Je me sens bien avec moi-même !
La thérapeute sourit à ce monologue.
-C'est très bien Kiné ! Je vois qu'on a fait de grands pas ensemble et j'en suis très heureuse !
Ces séances avec madame SEYE duraient depuis un peu plus de sept mois maintenant et avaient été une évidence dès le lendemain du retour de Kiné chez les NDAO.
Ce fameux soir-là, mû sans doute par une sorte de sixième sens, toutes les pensées de Maïssa n'avaient cessé d'aller vers Kiné. N'y tenant plus, il avait souhaité sortir s'aérer l'esprit. Ses pas le conduisirent tout naturellement vers un certain banc public devant une certaine "Brioche Dorée" où il lui arrivait souvent de passer depuis le départ de Kiné dans l'espoir de l'y revoir. Cette fois-ci fut la bonne.
Le matin du lendemain de ce fameux soir où Maïssa Élimane NDAO "ramassa" donc pour la seconde fois une Fatou Kiné SECK aussi bourrée qu'un âne, une immense sensation de gêne s'invita à la table du petit déjeuner des NDAO.
Devant ses bienfaiteurs, Kiné gardait la tête obstinément baissée.
En ce moment précis, Kiné aurait voulu n'être qu'une petite souris et disparaître furtivement sous les chaises de la table à manger ou alors n'être qu'une autruche et pouvoir creuser ce dur carrelage pour enfuir sa tête dans les profondeurs du sol afin d'éviter ces trois paires d'yeux, qui au final étaient presque tout aussi gênés que les siens.
Une situation plutôt cocasse que la jeune fille estimait être la plus grande honte de sa vie. Sa gueule de bois qui lui renvoyait une tronche de soûlarde et un mal de crâne atroce qui menaçait de lui arracher les cheveux, ne venaient rien arranger à la bizarrerie de la situation.
Il ne manquerait plus que je me mette à gerber devant tout ce beau monde pour clore la honte, se disait la jeune femme, presque au bout de sa vie.
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De Victimes à Bourreaux
Romance[ŒUVRE PROTÉGÉE] Ne dites jamais à propos d'une histoire qu'on vous aura raconté dans ce monde pourri jusqu'à la moelle "cela n'existe pas ! Ce n'est là qu'un ramassis de récits fabriqués" mais dites plutôt "je ne suis pas encore tombé dessus" ! Ou...