𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 [ᴋᴛʜ+ᴊᴊᴋ] RÉÉCRITURE

4

Une fin de journée venteuse se faisait sentir sur Séoul. Fin novembre, mois où le froid s'incrustait rapidement, la nuit était déjà tombée. Le ciel couvert frigorifiait les passants et semait un dense brouillard.

Un bus étroit passait tous les quarts d'heure, ramassant une vingtaine d'élèves avant de s'engouffrer dans les rues désertes de la banlieue. Au fond de ce dernier, il était assis, observant l'horizon flou de vitres teintées. Alors, le froid transperce le tissu fin , mouillant presque les mailles de son pull de par l'humidité qui s'en dégageait.

Taehyung.
Taehyung qui avait un sentiment amer dans la bouche, un sentiment d'échec , qui crève la gorge comme un alcool brûlant.

Taehyung qui eut plus d'une fois l'impression que ça n'en valait pas la peine.

Taehyung, qui n'entendit son nom que pour être chahuté.

Alors, il tenait bon. Taehyung eut la force de tenir pour une chose ;

l'Amour.

L'Amour, avec un grand A, l'Amour qui bousculait le cœur et fendait l'âme, l'Amour des films et comédies, l'Amour qu'il craignait, qu'il adorait.

Taehyung voulait aimer et être aimé, se perdre pour se retrouver,, pleurer de colère et d'angoisse, pleurer pour dire Merci et Je t'aime.

—

Sa respiration saccadée se faisait entendre , un épais brouillard s'extirpa de ses lèvres alors qu'il courait à grande enjambées pour atteindre le bus. L'arrêt délabré était bondé, les élèves grimpant maladroitement par la porte principale.

Jungkook a toujours été discret, bien qu'apprécié. Cela ne lui empêchera pas d'attirer quelques moqueries en début d'année, alors qu'il observait Taehyung d'un regard intrigué.

Alors que Jungkook balayait l'habitacle afin de trouver une place assise, il l'a vu.

Là, au fond du bus, tremblant, le nez rouge, les écouteurs emmêlés et les yeux vides. Le blond avait vu, comment les autres le fuyaient, l'insultant.

Jungkook ne connaissait pas grand chose de Taehyung. C'était un solitaire, un moqué, un chahuté. Il se plaisait à observer le brun légèrement plus âgé que lui, ses épais cheveux ébènes devant sa peau claire mais basanée. Le plus âgé était doté d'une beauté sans pareil, faisant frissonner son cœur et envoya de doux papillons dans son estomac plus d'une fois.

Il s'approchait, doucement, ne faisant pas attention au reste du monde, les yeux rivés sur celui qu'il se promit de protéger. Sans un mot, il se posait à ses côtés, sous le regard déplu de ses camarades.

En une fraction de seconde, le blond sentait son cœur s'accélérer, il rougit dès lors que ses iris croisent celles étonnées du beau noiraud.

Ne pouvant s'empêcher de percevoir le froid qui s'immisçait dans le corps du brun en face de lui, il se pencha, doucement, et chuchota d'un souffle ;

" Besoin d'aide ? "

Un regard confus suffit, un regard échangé entre deux inconnus, pour que Taehyung soit blottit dans la veste épaisse de celui à ses côtés, ne pouvant le remercier, alors celui-ci partit sans un mot.

—

Le lendemain, le blond n'avait pas vu son bien aimé. Il ne le verra peut-être pas le surlendemain, ni même le jour suivant. Malgré la peur, il ne put s'empêcher de penser que ce n'était qu'une coïncidence, que peut être , le hasard se jouait de lui, d'eux. Il est en colère, en colère contre cette grandeur, en colère contre lui et lui.

D'un soupir lassé, il cesse d'y penser, se disant que dans une autre dimension, il est là, avec lui.

Dans une autre dimension, il le serrait dans ses bras et lui promettait que tout ira bien.

Il esquissait un sourire, issu d'un sanglot solitaire à cette pensée. Il s'imaginait sentir sa chaleur envoûtante, son aura douce, chaleureuse et son odeur.

L'odeur naturelle de sa douce peau caramel, une senteur chaude et apaisante. Peut-être, dans une autre dimension, il aurait pu le toucher, le sentir, le voir.

Ses belles lèvres qui remontent ses joues, où était dessiné ses fins traits, un peu trop fin, un peu trop tristes.

Cela lui suffisait. Il sentait son esprit divaguer. Vers un pays plus beau, plus doux, cette dimension où il était sien.

Ses pensées s'accordent telles des notes, créant une partition, le faisant sombrer dans cette douce euphonie.