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Le vent frappait la main de Taehyung qui dépassait de la fenêtre, en voiture, Jungkook roulait à toute vitesse sur les autoroutes vides de campagne.

Il était tôt dans la matinée, ou tard dans la nuit. Le soleil se levait doucement, laissant de fines lignes orangées dans le ciel. La musique de fond, auparavant basse laissait maintenant place à un grand silence. Seul le grésillement du bitume alimentait l'environnement. Taehyung avait les yeux fermés.
Crapotant sans grand intérêt sur sa cigarette déjà à demi entamée, il finit par tirer avec plus de conviction et de jeter le mégot par la fenêtre. Les yeux fermés, il se sentait s'y bien. Il faisait frais, sans plus. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes que le soleil se montrait un peu plus, colorant le ciel d'un rose orangé.

La chaleur s'y faisait un peu plus rassurante, alors Jungkook décapota le toit de l'automobile, le vent frappant sèchement ses cheveux. Taehyung rit, d'un rire pur et sincère. Il s'était retourné, observant son cadet qui se débattait avec ses mèches rebelles. Sous l'heure d'or, il était angélique.
Taehyung sortit un nouveau bâton de nicotine, le coinçant entre ses lèvres, l'allumant difficilement avec son briquet vert sauge.
Jungkook rit à son tour, observant d'un coup d'œil rapide son aîné qui se débattait avec son briquet quasiment vide.

L'autoroute était déserte, c'était eux et rien d'autre.

La veille, ils avaient passé la soirée dans les draps blancs, se berçants mutuellement. Puis, la nuit tournait aux 3 heures, quand le Crépuscule avait soufflé à son Aube qu'ils allaient refaire le monde. Ni une, ni deux, clés volées, sacs faits, ils étaient partis.
 
Jungkook vola malicieusement la cigarette de ses lèvres, tirant lentement dessus.
 
Une heure passa comme ça, et le Soleil était levé, toujours foncé.
 
Taehyung passa doucement sa main sur la cuisse de son cadet, recevant un sourire, un rougissement, et une main sur la sienne.

C'était comme ça, depuis quelques jours, tout s'officialisait.

Le téléphone du blond sonnait bruyamment, depuis plusieurs minutes. Sans surprise, ses parents envoyaient des dizaines de messages. Pour Jungkook, c'était une vengeance. Pour Taehyung, c'était un soulagement. Un demi soulagement.

Il voyait bien, les cernes sous ses jolis yeux en amande, il voyait bien, ses yeux de plus en plus rouges, de plus en plus éteints.
La veille, Jungkook s'était sciemment appuyé sur l'épaule de Taehyung, dans un message clair et bref, lui demandant silencieusement de le prendre dans ses bras.

Car Jungkook, se sentait aimé tellement fort, un peu trop fort, qu'il ne dépendait plus que de ses bras chauds, qui l'enlaçaient si fort qu'il aimerait s'y noyer pour toujours. C'était un amour passionnel, fusionnel, mais devenait-il destructeur ?
Ça ne les importaient peu, car ils se sentaient aimés. Taehyung ne s'était jamais sentit aussi soutenu, quand le monde lui criait que tout irait bien, Jungkook ne disait rien, l'entrainant dans une embrassade chaude. Et putain, Taehyung adorait ce silence.
 

C'était eux, L'Aube et le Crépuscule, Le Feu qui brûlait et l'Oxygène qui le calmait. C'était eux, sur une autoroute déserte, dépassant les limites de vitesses en s'aimant juste simplement.
 

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Arrêtés sur une aire d'autoroute, ils fredonnaient sous le soleil de la matinée. Là, sur les sièges baissées, Jungkook reposait sur le torse de son noiraud. C'était typiquement le genre de moments qui ne devaient pas avoir de fin. Les longs doigts du plus âgés caressaient doucement la touffe de cheveux blonds sur son ventre, encerclant de son autre bras sa fine taille, presque féminine tant elle était fine.
Ils parlaient lentement, rougissaient parfois, s'embrassant parfois. C'était calme, un peu trop calme.
 
Une heure passa, et une heure de plus sur la route avant d'arriver à destination.
C'était une petite maison, sur une parcelle donnant sur un lac de galets. Tout en bois clair, la maison était entièrement en bais vitrée, laissant place à la Lumière du jour qui tapait joliment dessus. Le cadre y était idyllique, presque irréel.
Cette maison appartenait à la grand-mère du plus jeune, lui ayant légué avant sa tragique mort. Elle était, la seule qui le soutenait réellement. Dans ses études, ses passions, ses choix capillaires ou encore son orientation sexuelle, elle était sans cesse derrière son petit fils pour le pousser vers le haut. Malheureusement, l'âgé venait rapidement.

Jungkook fut prit d'une brûlante nostalgie en revoyant la maison de son enfance, celle où il a vécu quand ses parents étaient à l'autre bout du monde. Un sourire ornait délicatement ses lèvres à voyant Taehyung qui regardait la maison avec de grands yeux écarquillés, lui donnant un air enfantin sous son t-shirt blanc immaculé. S'approchant à pas de loup, il l'enlaça par derrière, laissant son visage plongé au creux de son cou tandis que ses bras trouvaient refuge autour de sa taille. L'instant était si doux, si pur, qu'on croirait voir des étoiles au point culminant du soleil.

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«  ...Plus tard dans la nuit, Éros la rejoint, lui demandant de ne jamais chercher à connaître son identité, cachée par l'obscurité de la chambre. Toutes les nuits, il lui rend visite puis la quitte avant l'aurore. La jeune femme apprécie de plus en plus les étreintes et les mots doux qu'ils échangent alors. Rien ne manque au bonheur de Psyché, si ce n'est de connaître le visage et le nom de son amant nocturne, et de revoir sa famille. »

Taehyung lisait son encyclopédie mythologique d'une voix calme, sur les genoux de Jungkook qui était enroulé dans une serviette, les cheveux encore trempés de la baignade qui avait eu lieu, quelques minutes plus tôt. Il somnolait, bercé par l'odeur fruitée de son aîné.

Le soir venu, ils avaient préparé une soupe au crabe, pour le plus grand plaisir du blondinet qui dansait doucement au rythme de la musique qui entourait la maison.
 

Kisses on the foreheads of the lovers

Wrapped in your arms

You've been hiding them in

Hollowed out pianos left in the dark*

 
Le rythme lent, les paroles douces et l'atmosphère étaient suffisants pour trouver les deux amoureux enlacés à en perdre la notion du temps. Un baiser sur la tempe du plus jeune, un repas finit et les voilà allongés dans les draps bleus, le matelas à même le sol. L'Aube, sur son flanc droit, ceinturait son Crépuscule dos à lui, soupirant doucement dans sa nuque.

Avant même d'avoir pu observer les derniers rayons de Lune, ils s'étaient assoupis, sans penser au lendemain, car c'était eux, ensembles, envers et contre tout.
 

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La lune est grande, le ciel clair
Et plein d'astres, la terre est blême,
Et l'âme du monde est dans l'air.
Je rêve à l'étoile suprême,
 
À celle qu'on n'aperçoit pas,
Mais dont la lumière voyage
Et doit venir jusqu'ici-bas
Enchanter les yeux d'un autre âge.
 
Quand luira cette étoile, un jour,
La plus belle et la plus lointaine,
Dites-lui qu'elle eut mon amour**
 
 

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*CIGARETTES AFTER SEX-APOCALYPSE
*Sully Prudhomme
 

𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 [ᴋᴛʜ+ᴊᴊᴋ] RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant