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La chaleur de l'eau, douce comme soie, encerclait les corps entrelacés de l'Aube et du Crépuscule. Tel une éclipse, ils se trouvaient fermement enlacés, ne faisant plus qu'un dans l'eau du bain chaud.

Taehyung n'avait jamais connu ce genre de luxe. La beauté, le confort dit idyllique d'une richesse. Jungkook ne semblait pas épanouit. Il avait une belle maison, un grand bain, de la bonne nourriture, mais il n'était pas heureux. La grandeur des pièces semblait disparaître face à ce luxe, soudainement, tout semblait exigu, semblait l'étrangler, l'asphyxier.

Elle était sournoise, elle empoisonnait l'air, comme un mortel gaz rodant dans l'atmosphère.

Avec Taehyung, Jungkook ne souffrait plus de son asphyxie.
Avec Jungkook , Taehyung ne souffrait plus de ce manque d'oxygène. Il ne souffrait plus de son orphelinisme. Il n'était plus seul, la lueur semblait s'entrevoir entre les morceaux brisés de son cœur névrosé de tristesse.

La vérité semblait terrifiante tant elle était douloureuse à admettre. Comme pour se mentir, Jungkook essayait de s'effacer. Et Jungkook ne pouvait plus respirer sans Taehyung. Comme une longue balade, ses talons semblaient tomber sous la pression.

Il avait mal, si mal.
Il brûlait, se consumait.
Le feu, la braise se propageait,
enflammait.
Et pourtant, Jungkook avait toujours mal. Le feu ne brûlait pas la névrose, il l'alimentait, comme un venin en manque. Cette douleur l'enveloppait, douloureusement, amoureusement. Si on tendait l'oreille, nous pourrions entendre son âme pleurer, tant la peur d'autrui l'accablait dès 4 heure. Fatigué, le ciel lui tombait sur la tête, gris, anthracite, absorbant les dernières notes de lumière, l'euphonie déséquilibrée. La pluie coulait, au rythme d'un piano mal accordé, le tintement de l'Horloge indiquait 5 heure, mais la peur ne semblait pas décrocher , cachée, là, sous le ciel embellit d'une odeur pétrichor. La pluie semblait durer une éternité, son âme coulait de petites gouttes glacées tombées d'une nuit d'Éclair.


C'est l'histoire du Crépuscule, déchu de lumière.

C'est l'histoire de l'Aube, donneur de lueur.

Une dernière lueur, un dernier baiser, un dernier vers chuchoté au creux de son cœur.

Tout disparaissait à la fin du dernier Sonnet.

Alors l'Aube s'en allait.
Le ciel grondait, troublant le silence, l'écho sans Résonance dans une course contre la montre. Il s'y enfermait, il enfermait ce dernier brin de lumière, comme la prunelle de ses yeux de bronze.
Le Crépuscule perdit cependant sa lumière, à son tour, l'Or ternissait.
Alors l'Aube rencontrait à nouveau le Crépuscule. Il l'embrassait, si fort à nouveau, si fort que le Ciel lui-même semblait en trembler. Il enlaçait son corps, maintenant plongé dans l'eau bouillante saveur cerise.
Il posait sa tête où il avait chuchoté sa dernière parole, ravivait la flamme sous sa peau.
Papillonnants, de doux baisers parsemaient la peau abîmée du Crépuscule doré. Une main à plat sur son cœur, pour sceller sa promesse, la pulpe de ses doigts retraçait ses Plaies rosées.
Son cœur pulsât sous ses doigts, et il le sentit. Le souvenir d'une nuit froide remontât alors, comme l'écho d'une note.

On vivait dehors, car on faisait battre nos cœurs au rythme du goudron sous nos pieds effrénés par notre course enragée, celle contre notre destin.

Ils s'aimaient, d'un amour si fort, qu'il brisait leurs cœurs en une centaine d'éclats.

Son pouls s'intensifiait, sa fine peau, nue, aimée. Il sentait, entendait, ressentait.

Il aimait la sensation mielleuse de cette peau contre la sienne. C'était doux, c'était amoureux. Mains enlacées, ils retraçaient ses courbes, retraçaient sa douleur, effaçaient le passé. Comme une brise matinale, mélangée à la fraîcheur de la rosée sur les pétales de cerisier. Il frissonnait au cœur de son épiderme, mains entendues vers l'horizon.

𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 [ᴋᴛʜ+ᴊᴊᴋ] RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant