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TW : Ce chapitre évoque des faits de prostitution sur mineurs, de pédophilie et de violence. J'use de ces sujets avec la plus grande prudence, merci de respecter l'histoire et mes personnages.
NDA en fin de chapitre. Bonne lecture !

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3 ans plus tôt.

L'eau brûlante coulait sur son dos endolorit de la veille, il massait fermement sa chute de reins.
La nuit dernière avait été épuisante.
C'était encore une de ces semaines, où il enchaînait plusieurs clients par jours.
Le destin se jouait de lui,

perdant-perdant.

Alors, un vendredi soir de plus, il était méconnaissable : Ses yeux, fermement cernés par le manque de sommeil étaient désormais blancs laiteux, tâchés par sa pupilles bleuâtre et son eye-liner, d'un noir à chavirer son regard.
Dans le monde de la prostitution, les règles étaient simples ;

Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis.

Un perpétuel jeu du chat et de la souris, une compétition malsaine et des liasses de billets.

Taehyung attrapait ses clients, comme des mouches, ils tombaient dingues de lui.

Ses jambes laiteuses, d'une maigreur enfantine tant elle l'était, étaient soigneusement recouvertes de bas en résilles roses, de porte-jarretelle en similicuir, sa jupe bien trop courte pour être appelée « jupe » et de grosses bottines montantes, plus facile d'y stocker les billets. Son apparence totalement aguicheuse, son haut qui n'en était même pas un, cachant seulement ses cotes, son chewing-gum pendant de sa bouche rosée par son gloss à la framboise, il attirait les prédateurs par dizaines, ce soir là.
Son premier, de ce soir là, il en fut surpris. Si bien que ses lèvres brillantes s'étaient recourbées d'un petit sourire, presque paralysant tant il semblait ironique.

Un nouveau.

Riche, marié, le bilan rapidement établi par l'adolescent ne lui laissait aucun doute sur son comportement à adopter avec le nouvel arrivant.
Dans la pénombre de cette ruelle, invisible aux yeux des forces de l'Ordre, il tripotait impatiemment le pli de sa jupe, rose pastel, comme ils aimaient.
Au plus vite ça commencera, au plus vite ça finira.

Quand son client d'un soir fut devant le jeune garçon, il se redressa, balançant sa sucette au sol avant d'encercler la nuque de l'adulte de ses jolies mains manucurées.

- « Âge ? » sa voix était rauque, comme trop usée par la fumée, ou par son âge avancé.
- « 14 » sa voix était aussi belle que le tintement d'un piano, il caressait le torse ferme de son client.
- « Parfait. »

L'homme lui prit le poignet, tirant l'adolescent vers sa voiture de luxe, avant de quitter la ruelle, dans le seul espoir de trouver un motel non loin, pour rentrer au plus tôt border ses enfants.

Bien longtemps ,que les gens avaient arrêtés de demander son âge au noiraud. Alors, il avait été surpris, quand en prononçant « 14 » , les pupilles du quinquagénaire s'étaient dilatées, sa bouche entrouverte pour lécher ses propres lèvres d'envie, inclinant légèrement la tête et serrant les cuisses à travers son costard.

Il était le parfait exemple d'un prédateur à l'état pur, et Taehyung aurait pu jurer que l'homme aurait été encore plus charmé si son servant d'un soir avait été plus jeune de quelques années.

Alors, Taehyung ne fut pas étonné en entendant l'homme susurrer dans son oreille juste avant d'enfoncer sa langue dans sa bouche , l'entraînant dans un baiser chaotique :




Tu seras bien payée, ma princesse.



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Soulevant la jeune fille par le col de sa chemise, il jura en lui frappant violemment la tête contre l'escalier en pierre du collège. Elle saignait, hurlait un appel à l'aide vite étouffé par de bruyants sanglots alors qu'il lui attrapait ses longs cheveux, lui donnant un coup de poing sur la pommette droite.

Les jambes de la jeune fille lâchaient, elle semblait complètement délirante, de la salive coulant de sa bouche à son menton, ses yeux révulsés par la douleur, et d'un coup, plus rien.
Jungkook l'avait lâchée, reculant de trois pas sous les regards avides de toute l'école qui filmait la scène en criant. Il regarda ses mains, puis la fille, avant de courir à toute vitesse vers la sortie.

Il courut, sûrement une bonne trentaine de minutes, ou beaucoup plus, ou beaucoup moins, mais son esprit était paralysé, comme enseveli dans une folie passagère.
Il courut jusqu'à ce que ses jambes lâchent, jusqu'à sentir la nausée venir , jusqu'à ressentir une douleur indescriptible à ses tempes.
Il faisait déjà nuit, pensait-il.
S'asseyant au bord d'un toit usé, il prit sa tête dans ses mains rouges de sang.
Pestant contre lui-même, contre ses parents, contre lui et contre lui.

Prenant son portable en main, l'horloge numérique affichait bientôt minuit.
Son étonnement en voyant la vidéo partagée, repartagée, sous différents angles, n'en était plus un.

Ils allaient en parler un moment, puis passer à autre chose. Pas même convoqué par le proviseur, ses parents n'étaient pas même informés.

C'était à la guerre, comme à la guerre.

Les yeux fermés, il ignora les appels de sa génitrice, préférant regarder de temps à autres les étoiles, inventant des poèmes, en l'espoir de trouver, l'âme poétesse qui comblera son Être.

La brise automnale caressait doucement ses traits tirés par la fatigue.

La colère passait, comme la foudre, elle était dévastatrice, brûlante.

Certains accusaient l'adolescence, la folie du 14, cette envie de liberté.
Jungkook savait qu'il y avait pire que lui, mais dans son monde, il était au paroxysme de son malheur.

Les coups comblaient le manque d'affection, comme cette voix dans sa tête qui l'embrassait.
Son sang bouillonnait, il pleurait à en faire couler la pluie, courait à s'en priver d'air, car la vie lui avait privée la seule lumière qu'il voyait ; l'amour.

Il passa la nuit dehors, ses yeux dilatés et rougis par un mélange de tabac et de larmes. Son monde se dérobait, l'Espoir était si sombre qu'il couvrait la Lune d'un voile opaque. La lumière était ternie, les couleurs de l'Aube semblaient fades, si bien qu'on croyait y voir un monde achromate.

Son monde riche d'enfant unique, de parents hauts classés, s'offrait comme un cadeau empoisonné.

La faille entraîna alors une cassure, et le désormais Achromate était abattu. La colère ne grondait plus, il ne grondait plus, ne parlait plus.

La cassure entraîna un séisme, le mutisme l'entraînait dans un cercle vicieux, comme une ombre autour de son âme atone.



Ils rêvaient d'une main tendue, juste une dernière, avant la Renaissance.
Ainsi le Crépuscule et l'Aube s'était découverts.



Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l'attendre,
Toujours l'aimer.

Ouvrir les bras et, las d'attendre,
Sur le néant les refermer,
Mais encore, toujours les lui tendre,
Toujours l'aimer.

Ah ! Ne pouvoir que les lui tendre,
Et dans les pleurs se consumer,
Mais ces pleurs toujours les répandre,
Toujours l'aimer.

Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais d'un amour toujours plus tendre
Toujours l'aimer*


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*Sully Prudhomme, Soupir.
NDA : Shadow vient d'atteindre 1K de vues, c'est juste dingue et j'ai pas de mots assez forts pour décrire à quel point j'aime cette histoire. Elle n'est pas parfaite, parfois remplie de fautes et d'incohérences, mais elle représente tout ce que j'ai de plus fort en moi, alors j'espère faire résonner mes mots sur quelques personnes, si ce n'est que ça.
Ce n'est que le début. ღ

𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 [ᴋᴛʜ+ᴊᴊᴋ] RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant