𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 [ᴋᴛʜ+ᴊᴊᴋ] RÉÉCRITURE

28

Le soleil flambait, juillet arrivait.

L'humidité brillait dans l'air, chaude, caressant les nouvelles peaux dénudées par la chaleur de l'été. L'Aube se montrait plus tôt, le Crépuscule plus tard.

Comme Taehyung, l'Aube se montrait dès la première rosée matinale, arrivant aux premières heures pour apercevoir un brin doré du Crépuscule.

Comme Jungkook, le Crépuscule fuyait sa lumière se cachant derrière la brume, tentant en vain de raviver sa chaleur, tant la culpabilité le rongeait.
Le cœur dans la main, prêt à s'abandonner, il marchait d'un pas lent et désolé. Fuyant du regard, les pas tremblants, sûrement rêvait-il d'un lendemain meilleur. Par erreur, ses yeux balayaient le visage tiraillé qu'il avait de par lui-même brisé.
Ses yeux s'y connectaient, suppliaient de céder, d'unir deux âmes complémentaires, poétesses, perdues dans un vaste horizon de désillusion.

Comme Mécompte, sournois, détruisait l'amour réciproque, il se noie.

L'Aube, trop faible, n'as pas su courir, la lumière l'aveuglait bien trop. Le Crépuscule, bien trop abîmé, comme un verre fissuré, s'est éclaté en plein vol alors qu'il touchait des doigts le cœur névrosé de L'Aube aveuglé.

Alors, ils se frayaient un chemin dans l'impasse de la solitude, cherchant quelques mots dans les yeux de l'autre cherchant un battement de cils, un tintement dans le cœur, reliant d'un fil rouge deux cœurs déchus de lumière. Lâchant la corde, brisant cette promesse coincée dans leurs iris. L'Ombre chasse, hante la lumière, alors ils volent, chassant la terre. L'Ombre est plus grande que cette brillante lumière, elle poursuit le Soleil.

Mais peut-être dans une autre dimension, Taehyung et Jungkook auraient compris que cette Ombre n'est que leur reflet.

A force de chasser l'Ombre, le soleil les a brûlés, transformant la névrose en cendres.

Les jours passaient, rien ne changeait. Une autre journée, comme hier et peut-être comme demain. Parfois, Taehyung confondait hier et demain, noyé dans les émotions. Taehyung était assis, seul, dans cette bibliothèque, derrière ce même paravent. Taehyung aimerait parler, il aimerait qu'on lui parle en retour, qu'on lui demande « ça va ? » et qu'il réponde que « ça va. » pas juste car il est supposé répondre ça mais car ça va, réellement. Il aimerait des sourires où ils ne sait pas mentir, la commissure de ses lèvres tremblerait à retenir son bonheur. Ils aimerait des jours inoubliables, car il sait qu'il oubliera. Taehyung a déjà oublié le mois dernier, il oubliera ce mois une fois passé. Taehyung se souvient du livre qu'il a lu la semaine passée, mais ne pourrait prétendre pouvoir citer une phrase de ce dernier.

Taehyung passait souvent voir ses meilleurs amis. Il discutait, ramenait de jolies fleurs, jouait ses morceaux préférés à la guitare, mais Jimin et Yoongi ne peuvent pas l'entendre, plongés dans un brouillard bien plus dense, là-haut.

Taehyung pourrait vendre ses propres os, brûler sa propre peau, pour revoir Jimin. Ses jolis yeux, ses bras chauds et si accueillants, main tendue vers lui, envers et contre tout. La lueur de sa vie, le soleil qui réchauffait sa peau un soir d'été.

Alors Taehyung pleurait son absence, lui criait dessus, lui pleurait au cœur, lui riait aux éclats. Taehyung était une aquarelle sans eau, une allumette sans phosphore.

Alors il lui parlait, encore et encore, et lui chantait de belles chansons d'amour. Mais les larmes ne coulaient pas, elle ne coulaient plus, et Taehyung était certain que Jimin aurait aimé Jungkook.

« Qu'aurait-tu fais, si tu étais là ? Que m'aurais tu dis ? »

« Je sais que tu m'aurais pris dans tes bras. Que tu m'aurais promis que tout irait bien, que tu essuierais mes larmes avant qu'elles ne sèchent sur mes joues. »