C H A P I T R E . 13

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Point de vue de Jadde

Je ne me couche jamais sans avoir fini ce que j'ai prévu, et je ne vais jamais en cours sans avoir fait tout ce qui est demandé, même plus. Je n'ai aucune raison d'en faire autant, mes parents sont fiers de mes résultats mais ils seraient fiers de moi même si je ne m'en sortais pas si bien.

Je me mets cette pression moi-même, j'ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas aller dans une aussi grande école qu'eux par exemple. Ils disent qu'ils s'en fichent mais dans le fond je me demande comment ils réagiraient si je ne faisais pas tout ça. Et puis même, cette pression vient de moi depuis toujours et je ne sais pas pourquoi. J'ai besoin de cette validation.

Peut-être que ça m'occupe, que ça me force à avoir des objectifs ou que ça me rend simplement fière de moi-même. Pourtant je pourrais être fière de bien d'autres choses, je n'ai pas besoin d'une note pour savoir ce que je vaux, mais c'est une partie de moi, ça me représente. Les gens me voient comme ça et je ne sais pas ce que je serais sans.

J'ai travaillé toute la matinée, mais je dois descendre pour le déjeuner et préparer le repas. Mes parents travaillent le samedi, ce qui fait que je me retrouve à tout faire.

Avant on avait une nounou et je pouvais rester tranquille, mais ils ont décidé que je devais prendre des responsabilités et apprendre à me débrouiller. Le résultat est légèrement catastrophique : embrouilles avec Hannah à chaque fois, repas ratés parce que je suis nulle en cuisine et en plus je suis censée aider mes sœurs avec leurs devoirs, comme si j'avais le temps. Finalement ils ont engagé des professeurs particuliers, ce qui m'arrange bien, mais ça ne règle pas les deux autres problèmes.

J'arrive dans la cuisine et voit Alyce, du haut de ses 9 ans, transporter une énorme casserole d'eau. N'étant pas très douée elle la renverse par terre.

— Mais qu'est-ce que tu fais ! m'écris-je.

— Je voulais préparer le déjeuner, répond-elle avec un air innocent.

— Déjà, c'est moi qui m'occupe de ça, toi tu as d'autres choses à faire. Ensuite, pourquoi une casserole d'eau ?

— Parce qu'on fait des pâtes, intervient Hannah.

Hannah, 12 ans et seulement deux neurones.

— Bien sûr que non, mum a préparé un gratin de brocolis que je dois simplement réchauffer. Maintenant asseyez-vous et laisser moi nettoyer vos bêtises.

— Arrête de nous crier dessus comme si on était des gamines ! Mummy a dit qu'on pouvait faire des pates si on voulait, enchaine Hannah.

— Mais vous êtes des gamines !

Je continue de ramasser ce qu'il y a par terre pendant qu'elle m'imite en faisant une grimace comme une enfant. Je mets le plat à réchauffer et ignore ses réflexions débiles. Je commence à en avoir assez, je m'occupe d'elles à chaque fois et elles trouvent le moyen de m'impatienter. Je n'ai jamais demandé à être baby-sitter. J'aime mes sœurs, mais je me demande souvent comment les gens trouvent la motivation pour avoir des enfants. Je pense que je ne supporterais jamais ça.

Aux alentours de 16h quelqu'un sonne, ce qui me surprend puisque nous n'attendons personne. Évidemment, je dois faire une pause dans mes devoirs et descendre ouvrir sinon personne d'autre ne le fera.

J'ouvre la porte et il n'y a personne, c'est quel genre de mauvaise blague ? Je soupire et m'apprête à repartir, mais j'aperçois un papier par terre. Surprise, je me baisse pour le ramasser. Je regarde autour de la maison s'il y a quelqu'un qui traine, peut être un livreur, mais personne en vue. J'ouvre la lettre et il y est seulement écrit :

Fucking Butterflies 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant