C H A P I T R E . 15

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Point de vue de Sarah

Je me dirige vers mon dernier cours de la journée avec appréhension, je n'ai pas spécialement envie de m'assoir à côté de Damien. J'ai eu de la chance que mes parents ne remarquent pas mon absence vendredi soir. J'ai pu parler à Eva pendant des heures. Je sais qu'elle compte quitter Damien, mais ils sont ensemble depuis la quatrième, alors ça ne va pas être facile.

J'ai aussi compris qu'il l'avait déjà trompée, plusieurs fois, mais il n'y a qu'avec moi que c'est allé aussi loin. Je n'arrive pas à croire que je me sois faite avoir comme ça, notre histoire me paraissait réelle. Je pensais qu'il ressentait au moins quelques sentiments pour moi, vu tout l'amour que je lui portais ça aurait été le minimum.

J'arrive en anglais et le vois étalé sur la table, je ne dis pas un mot et m'assois. Le cours commence et j'écoute la professeure attentivement. Seulement mon voisin commence à serrer son stylo de plus en plus fort, à tel point que sa main devient blanche. Certains élèves autour de nous chuchotent nerveusement en le fixant.

Sa respiration devient rapide et saccadée, ses épaules tremblent. Les regards inquiets de ses voisins ne font qu'accentuer sa vulnérabilité. Il a les larmes aux yeux, j'ai l'impression qu'il se force à mieux respirer. Je commence à m'inquiéter et pose ma main sur son bras.

— Dam's ? Tout va bien ?

Il se tourne vers moi sans me voir, puis se lève d'un coup.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'exclame la professeure.

Il se dirige vers la porte sans un mot, laissant derrière lui un écho de stupeur. Son départ abrupt laisse la classe dans une perplexité palpable. Les murmures montent, chacun se demandant ce qui a pu provoquer une telle réaction. Je suis là, figée, incapable de détacher mes yeux de la porte qui se referme derrière lui.

Aucun de ses amis ne réagit, et la professeure n'ajoute rien. Je lève alors la main et demande si je peux l'accompagner, ignorant les regard curieux de mes camarades. Elle accepte sans vraiment comprendre.

En traversant la classe pour sortir, je lance un regard à Eva mais elle ne réagit pas. La porte claque derrière moi alors que je m'élance à la poursuite de Damien. Dehors, je le trouve près des escaliers, adossé au mur comme s'il craignait de s'effondrer.

Je m'approche avec précaution, consciente de nos différends. Ce n'est pas vraiment à lui de pleurer dans cette histoire, mais j'oublie toute ma rancœur et essaie simplement de l'aider. Voir les autres dans des états pareils me fend toujours le cœur, peu importe qui c'est.

Je le rejoins et m'installe à ses côtés. Le silence persiste, mais il semble chercher des mots dans le tumulte de ses émotions. Sa respiration est tellement saccadée que ça m'inquiète, alors je tends ma main vers lui, offrant un soutien silencieux. Il hésite un instant, puis la prend, ses doigts serrant les miens avec force.

J'ai vu Clément faire des centaines de crises d'angoisses lorsqu'on était plus jeunes, et il en existe pleins de types différents, mais je les reconnaitrais à des kilomètres. Parfois il en faut peu pour les déclencher, il suffit que le coeur rate un battement pour être convaincu qu'il ne bat plus.

— Respire avec moi lentement, articule-je.

Il ferme les yeux en appuyant sa tête contre le mur, se forçant à inspirer calmement. Je le vois là, en proie à une tempête intérieure. Son visage est blême, ses mains tremblent, agrippant désespérément les manches de son pull.

Quand il se calme légèrement, je lui propose de marcher un peu. Nous nous déplaçons en silence, éloignés de l'agitation de la classe. Le vent caresse nos visages alors que je l'entraîne vers un coin plus isolé de la cours. Il hésite un instant, comme s'il évaluait s'il devait partager ses émotions avec moi. Finalement, il souffle un profond soupir avant de murmurer :

Fucking Butterflies 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant