Fucking Butterflies 2

C H A P I T R E . 22

Point de vue de Clément

À peine ai-je ouvert les yeux que je veux déjà les refermer. Mon corps ne m'appartient plus du tout, on pourrait croire qu'avec le temps on s'habitue à la gueule de bois mais absolument pas. J'essaie de me lever mais je manque terriblement de force. Ma bouche est pâteuse, c'est affreux, alors j'attrape ma bouteille d'eau et m'assois doucement pour boire. J'ai encore rêvé de Jadde, même lorsque je suis inconscient elle ne sort pas de ma tête.

Je parviens enfin à me lever et vais directement boire un café. Pendant qu'il coule je baille et passe mes mains lentement dans mes cheveux, cette journée va être longue, comme d'habitude.

Heureusement que je ne travaille pas aujourd'hui, j'aurais été incapable de faire quoi que ce soit. La dernière fois que j'y étais je me suis fait remonter les bretelles parce que j'étais soi-disant "pas suffisamment agréable avec l'équipe et les clients". Je ne parle jamais avec mes collègues, je ne vois pas où est le problème. Et en ce qui concerne les clients je suis là pour les servir, pas leur faire la conversation. Mais bon, je n'ai pas d'autre choix que de faire des efforts si je ne veux pas me faire dégager.

Je me pose devant ma fenêtre et allume une clope. C'est une routine, je n'ai pas grand chose d'autre à faire seul ici. Alors que j'étais tranquillement en train d'essayer de récupérer, quelqu'un frappe à la porte. Il faut vraiment que je dise à la proprio de faire réparer cette sonnette.

Je pars ouvrir sans vraiment avoir envie de voir qui que ce soit. Je suis surpris quand je découvre Raphaël derrière la porte.

— T'es pas au lycée toi ? m'étonne-je.

— Si je suis là, je suppose que non. Sauf si j'ai un jumeau maléfique.

Je le fais entrer et il part directement se servir un verre d'eau.

— Faut vraiment que t'arrêtes de fumer dans cet appart.

— T'avais besoin d'un truc ? demande-je encore un peu dans les vapes.

— T'es vraiment pas en forme, rit-il, t'as foutu quoi hier ?

— Je suis allé dans un bar, et ça a duré plus longtemps quand une inconnue a proposé de payer mes verres. Je te laisse imaginer à quel point j'en ai profité. J'en suis sorti sans être ruiné, c'est un bon plan crois moi.

— Et t'es repartit avec elle ?

— Non.

C'est loin d'être mon délire ces trucs de coup d'un soir. Je trouve ça étrange d'être aussi intime avec des personnes qu'on ne connait pas, pour qui on ne ressent rien et qu'on ne reverra pas. Ça n'a aucun intérêt à mes yeux. Et même si j'en avais eu envie, je n'aurais jamais pu faire ça à Jadde. On n'a pas reparlé depuis notre dispute et je n'ai aucune idée d'où elle se situe par rapport à moi.

— Dommage, continue-t-il, je n'ai pas beaucoup de temps mais il fallait que je te parle.

J'attends qu'il se lance mais il ne le fait pas. Nous restons immobiles à nous regarder dans le blanc des yeux, et ce moment commence à devenir trop long à mon goût. Finalement, quelque chose sort enfin de sa bouche.

— On devrait s'asseoir.

Il ne peut pas vraiment faire pire niveau phrase inquiétante. Je ne vois pas ce qu'il pourrait m'annoncer de si grave, j'espère simplement qu'il n'a pas mis une inconnue enceinte. On s'installe sur le canapé et il ne me regarde même pas quand il reprend :

— C'est super dur à dire mais il faut que je le fasse, alors ne t'emportes pas. Tu sais que je t'estime énormément et que ton avis compte beaucoup.