La dette de mon père

Chapitre 8

Elle avait parlé en pensant à sa sœur et s'en voulait d'être là à passer du bon temps alors que la petite était en danger. Éric la fixait surpris du ton qu'elle avait employé, du changement qui avait été opéré en seulement quelques instants.   

- Ai-je dis quelque chose de mal?   

- Non non, je suis désolée je ne voulais pas vous offenser, mais il vaudrait mieux que vous partiez.  

- Mais de quoi as-tu peur? On peut se tutoyer, non?    Elle acquiesça puis répondit:  

- Ce n'est pas que j'ai peur c'est que... je préfère...qu'on ne remette pas ça. Je n'ai aucun problème à ce qu'on continue à se parler mais je ne veux en aucun cas être si proche d'un homme... et surtout pas d'un homme de votre statut.   

- Mais...   

- Je vous en prie, partez. Lui coupa t-elle se levant pour débarrasser la petite table et ramasser les plats en carton pour les jeter à la poubelle.   

Sans cacher sa déception, Éric se leva, attendit qu'elle revienne puis dit:  

- J'ignore pourquoi tu réagis de cette manière, mais sache que... pour une fois depuis des lustres j'ai passé une excellente soirée en compagnie d'une femme que je viens tout juste de rencontrer... et pour la première fois de ma vie j'ai eu l'impression d'être quelqu'un de normal, de simple, je te remercie Esmeralda. 

Comment nier sa réalité ? Comment prendre du bon temps alors qu'elle savait particulièrement que ce genre de chose lui était interdite. Demain elle dévaliserait une bijouterie, sa vie avait basculé en une fraction de seconde, le moment était mal choisi pour se donner le luxe de batifoler avec un homme qui plus est, l'un des hommes le plus important et le plus respecté de cette ville.  Déçu, Éric s'en alla.   

Le fameux soir était arrivé, Esmeralda assistait à la planification du braquage, on lui donnait un ensemble noir d'une seule pièce qu'elle devrait porter, une paire de gants et une cagoule.  

Le Lion l'obligea à porter une arme, les autres avaient aussi leurs pistolets en main, nerveuse, priant pour que tout se passe comme prévu elle monta dans la camionnette avec les autres.  

La camionnette se gara quelques minutes plus tard devant le somptueux bâtiment qui servait d'atelier. Ce n'était pas un endroit immense mais il avait son charme. Ils étaient cinq dont quatre hommes.  

Le chef de la bande passa par derrière afin de prendre le garde par surprise, celui-ci lui tira une balle en plein dos.   Esmeralda qui était témoin de la scène en resta ébahie et tremblante de peur, dans quoi était-elle embarqué? un homme venait d'être abattu juste devant ses yeux.  

- Mais...tu l'as tué! réussit-elle à dire le coeur battant à tout rompre.  

- La ferme et allons-y.  Ils entrèrent brusquement à l'intérieur, tous pointant leurs pistolets sur l'homme qui se trouvait derrière le comptoir. Ils savaient tous très bien que ce soir là il n'y aurait que deux gardes.  

- Ne bouge pas si non je t'explose la cervelle! Menaça le chef de la bande pour lequel Esmeralda n'éprouvait que du dégoût. Aller emportez les bijoux! Ordonna t-il. Sans plus attendre, ils commencèrent à prendre les bijoux et les mettre dans un sac. 

Il était près de minuit, l'opération avait terminé depuis dix heures, elle avait dû attendre que Le Lion supervise les sacs afin de vérifier que le compte y était. Les autres étaient rentrés chez eux, mais Esmeralda voulait à tout prix voir Mony.   

- Elle va bien. Se contenta t-il de répondre, sans la quitter des yeux. Il la regardait tel un lion voulant bondir sur sa proie.  

- Je veux la voir. Rétorqua t-elle.