KageHina - Les couleurs des choses - TwS part 2

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Étalé sur mon lit. L'ordi à droite, les cahiers à gauche mais je traîne sur les réseaux. Trop fatigué pour bosser.

Et puis je pense à Hinata. Je me surprends à me demander ce qu'il fait.

Je pense à l'autre jour, quand je lui ai raconté pour les couleurs. C'était génial, il avait l'air trop heureux. Enfin, j'ai pas fait gaffe sur le coup mais quand même...

C'est vrai que parfois j'oublie qu'il ne voit pas. Je le sais, mais je ne pense pas aux notions qu'il n'a pas.

Il souffre de se sentir à part. D'un coté parce que les gens ont tendance à mettre les handicapés de coté – mais ça il n'a pas eu le choix que de s'y habituer – mais de l'autre parce qu'il est frustré de ne pas pouvoir satisfaire sa curiosité. Son insatiable curiosité.

Il a du mal avec sa mère, il sait qu'il la fait souffrir, bien que ça ne soit absolument pas de sa faute. Il le sait aussi, mais parfois j'ai peur qu'il doute, il n'est pas question qu'il culpabilise.

Il souffre de leur manque de communication, il a pourtant bien pallié à ça en grandissant. Avec ses bavardages et sa joie de vivre. Il a appris au fil du temps à éviter les questions. C'est triste. Mais c'est la solution qu'il a choisi pour éviter les pleurs et les cris.

Sa mère l'aime, mais je crois qu'au fond elle a toujours du mal à accepter la différence. Un jour ça ira, j'y crois.

Avec moi... Il a osé, et je n'ai compris qu'après, mais je suis fier de lui. Parce qu'il est en colère. Il en a marre. Il a toujours été habitué à faire abstraction de son handicap chez lui, à ne pas demander. Je crois qu'avec moi il n'y avait pas pensé. Et maintenant il a réussi à avoir des réponses, je suis content pour lui mais je me sens con.
Moi non plus je n'y avait pas pensé.

On a eu pas mal de discussions sur les mots. Ce que les gens disent, ne disent pas, leur ton et attitude. Il déteste lorsque les gens déguisent les mots, les phrases. Pour du « politiquement correct ». Il veut du direct, de la sincérité, je l'ai bien compris. Il aime le sens exact des mots, et il a raison. Il ne sont pas là pour servir à désigner autre chose que ce pour quoi ils ont été créés. C'est lâche, en quelque sorte, de les dissimuler par d'autres.

Je sursaute quand un oiseau se cogne contre ma vitre. Une autre cruauté de la vie. Pas que la pauvre bête ne meure sur le coup. Mais que les fait soient si imprévisibles et impitoyables.

Hinata.

Ça me rappelle tous les moments où il est seul à la récré. Il marche. Se pose au soleil. Tant d'énergie dans un corps si calme.

Il doit se retenir, je sais qu'il peut craquer. Je voudrais qu'il n'ai pas besoin de tout garder.

Il a toujours voulu jouer au ballon. Il insiste et pose des questions. Mais comme les enfants dans la cour de récré, les clubs l'ont gentiment rejeté. Ça fait mal. Toujours.

D'ailleurs...

Je souris en y repensant.

Le jour où j'ai appris qu'il rêvait de jouer au volley. J'ai pas hésité une seule seconde, je l'ai traîné jusqu'au gymnase, vide à cette heure. Pendant longtemps ça a été n'importe quoi. Mais on s'y est rendus plusieurs fois par semaine pendant des mois, et il joue maintenant. Pas besoin d'yeux pour faire du sport.

Il saute les yeux fermés, il me voue une confiance absolue. Une confiance aveugle... Une autre raison pour laquelle je suis fier de lui.

Et je suis en train de penser à lui justement, quand il m'appelle. Vers dix-neuf heures.

- Kag's ?

Un ton calme. Faussement enjoué.

- Moui Hinata ?

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