Partie 1 - Le robot.

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Guillaume releva la tête de la notice d'utilisation qu'il était en train de lire afin de regarder le garçon endormi sur son lit. Le garçon ? Non, le robot, se rappela-t-il à lui-même, tandis que son regard se posait sur le visage de ce dernier. Celui-ci avait la tête tournée sur le côté – cette dernière ayant glissé ainsi sur son oreiller lorsqu'il l'avait allongé sur ses draps –, et il se leva afin de pouvoir l'observer de plus près. Cela faisait plusieurs mois maintenant que cette idée faisait son chemin dans son esprit : il avait envie de faire de nouvelles expériences sexuelles. Et plus précisément faire l'amour avec quelqu'un du même sexe que lui. Cependant, un problème s'était vite posé à lui : son ego. Il était beaucoup trop fier pour se l'avouer. Et surtout pour l'assumer. Il avait envie de quelque chose de facile, sans sentiments, sans attaches, de ne pas avoir à en parler, pas avoir à assumer cette soudaine envie qui le prenait. Il avait envie d'essayer, et puis basta. Que ça soit fait et que personne ne soit au courant. Que personne ne vienne lui demander de rendre des comptes après le passage à l'acte. C'est pour cela qu'il avait eu cette idée en lisant cet article qui était apparu sur l'écran du portable de son ami Claude la dernière fois au bar, ce dernier étant parti commander au bar en laissant son portable sur la table. Commandez un robot sexuel et assouvissez toutes vos envies les plus folles sans avoir à rendre de compte à personne. Le titre de l'article l'avait tout de suite interpelé en pensant que c'était tout à fait ce qui lui fallait et, quand il avait fini de lire l'article, il avait pris sa décision. Il allait commander un robot pour expérimenter cette part de lui qui refusait de taire ses envies. Et quand il en aurait marre, il aurait tout simplement à le renvoyer de là où il venait. Il l'avait commandé le soir même en rentrant chez lui et c'est comme ça qu'une semaine plus tard – aujourd'hui donc –, il avait trouvé un colis devant la porte de son appartement en rentrant du travail. Il avait tout d'abord bugué en se demandant ce que pouvait contenir cet énorme paquet avant de se dépêcher de le rentrer chez lui en se rappelant de sa commande récente. Il espérait vraiment qu'aucun de ses voisins n'avait remarqué sa présence sur son paillasson ou encore n'ait été assez curieux pour regarder le nom de l'expéditeur. Sex Robot Institute. Il se sentit légèrement rougir en pensant au nom de la société chez qui il avait acheté le robot, puis il s'accroupit par terre devant son lit afin de mieux observer ce dernier. Il plissa les yeux et balada son regard sur son corps, essayant de percevoir la moindre trace de robotique en lui. Mais le robot était simplement habillé d'un pantalon en lin beige et d'un tee-shirt bleu clair, l'empêchant de voir quoi que ce soit d'étrange chez lui. Il faisait tellement humain, ça en faisait presque peur. Il avait eu tout le mal du monde pour transporter le carton dans lequel il reposait dans sa chambre un peu plus tôt. Pas que ce dernier eut été spécialement lourd d'ailleurs, mais assez volumineux, oui. Il l'avait ensuite ouvert grâce à un cutter pour découvrir le robot endormi à l'intérieur et, péniblement, il avait réussi à l'en sortir en le prenant dans ses bras pour le porter jusqu'à son lit. Ça n'avait pas été une tâche facile car il avait tout d'abord essayé d'y aller doucement, afin de ne pas faire de mouvements brusques qui auraient pu le réveiller, avant de se rendre compte que le robot semblait complètement hors service. Comme une véritable machine qui attend qu'on appuie sur un bouton pour la sortir de son trop long sommeil. Et un bouton, en effet, il venait de lire dans son manuel qu'il en possédait un. C'était la seule manière de l'allumer – et aussi de l'éteindre bien sûr – et il glissa sa main dans les cheveux du robot pour venir trouver ce dernier. Il le trouva en descendant sa main jusqu'à un endroit situé en dessous de son oreille gauche alors qu'il l'avait allongé sur son côté droit et il dévisagea un instant encore le garçon, hésitant à appuyer sur le bouton qui le réveillerait enfin. Il n'y avait plus de retour possible après ça. Il sentait les cheveux noirs du robot frôler avec douceur ses doigts et cette sensation lui fit penser à quand il les avait senti effleurer son avant-bras de même quand il l'avait porté jusqu'à son lit. En le sortant du carton, la tête du robot était tombée en arrière et ses cheveux mi-longs étaient venus rencontrer ainsi sa peau vu qu'il était habillé d'un simple tee-shirt. Il avait eu le loisir d'observer son visage complètement dégagé pendant un instant et il le fit de nouveau, ses doigts hésitant encore à appuyer sur le bouton sous son oreille. Celui-ci avait les traits complètement apaisés de ce qu'il pouvait voir, son visage étant à présent à moitié caché sous des mèches de cheveux noirs, et il ne put s'empêcher de lui trouver un air doux. Ce robot avait l'air doux. Sa peau était pâle et il balaya avec attention le moindre de ses traits, essayant encore une fois de repérer le moindre signe qu'il était, effectivement, un robot. Encore une fois, il n'en trouva aucun. À part le bouton qui servait à l'allumer situé quasiment sous son oreille, caché sous ses longs cheveux noirs, rien ne présageait qu'il n'était pas humain. Ses yeux se posèrent sur ses longs cils noirs qui recouvraient ses paupières closes, puis sur sa bouche qui était, elle, légèrement entrouverte. Il fixa un petit moment cette dernière, les lèvres du garçon lui donnant instantanément envie de se pencher pour les embrasser tant elles avaient l'air réelles. Plus tard, se dit-il en se retenant de justesse. J'aurais toute la nuit pour les goûter. Alors que du bout des doigts il caressait le bouton du robot, une envie à présent pressente de le mettre en marche, il se demanda pourquoi on lui avait envoyé ce prototype-là en particulier. Il n'avait pas pu choisir sur le site lorsqu'il avait passé commande. Il avait simplement reçu un message lui disant de faire confiance au hasard et qu'ils espéraient qu'il serait content de son choix. Et maintenant, en regardant le robot endormi devant lui, il ne put s'empêcher de se dire qu'il avait l'air vulnérable. Il avait un air d'innocence pure sur le visage et il plissa les yeux en s'en rendant compte, frôlant sa peau blanche de ses doigts. Ce n'est pas parce qu'il semblait complètement vulnérable qu'il allait s'empêcher de faire quoi que ce soit avec lui. C'était pour ça qu'il l'avait acheté quand même. Alors il arrêta de réfléchir et appuya sur le bouton, maintenant pressé de le réveiller.

Fiction OrelxGringe - Apprends-moi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant