Partie 22 - L'explication.

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Aurélien entrouvrit les yeux lorsqu'il sentit les doigts de Guillaume ralentir sur son dos, jusqu'à s'arrêter tout à fait. Est-ce qu'il s'était endormi ? Guillaume l'avait entraîné jusqu'au canapé de la grande pièce principale après l'avoir rejoint sur le balcon et le plus grand l'avait attiré à lui une fois qu'il s'était assis sur ce dernier à ses côtés. Il avait eu peur un instant que Guillaume veuille coucher avec lui, encore, avant de se rappeler que c'était son rôle. Mais non, le plus grand avait seulement posé sa main sur son dos avec délicatesse avant de commencer à caresser sa peau par-dessus son tee-shirt de pyjama. Il s'était alors mis à trembler, dans l'attente du moindre geste de côté qui annoncerait qu'il allait devoir se donner à lui, mais Guillaume n'avait absolument rien tenté. Il l'avait seulement senti déposer des petits baisers par-dessus ses cheveux emmêlés, lui répétant des paroles rassurantes, et il avait fermé les yeux doucement, une grande fatigue le submergeant soudain. Il était tellement fatigué de se sentir comme ça. Comme un moins que rien. Il ne servait à rien, il le savait. Guillaume devait s'occuper de lui pour tout. Et il ne pouvait même pas le satisfaire de la seule façon pour laquelle il avait été conçu. Pour laquelle le plus grand l'avait acheté. Il sentit ses yeux le brûler à ça, une vague de culpabilité montant soudainement en lui, et il se redressa du plus doucement dont il était capable afin de ne pas réveiller Guillaume si jamais ce dernier dormait. Il le dévisagea un instant en le voyant la tête tournée dans sa direction, un petit sourire sur les lèvres et les yeux fermés. Il se prit à penser alors que Guillaume était vraiment beau. Il ne s'en était jamais fait la réflexion avant ça. Il avait l'air tellement paisible, son expression de l'instant à l'opposé de celle qu'il avait vu sur son visage quand il était venu le trouver sur le balcon un moment plus tôt. Cette fois-ci, il ne résista pas à l'envie de glisser sa main dans ses mèches brunes, mais lorsqu'il vit Guillaume froncer légèrement les sourcils au contact, il la retira aussitôt. Son cœur s'emballa dans sa poitrine en se rendant compte de ce qu'il avait osé faire et il se leva précipitamment, effrayé de l'avoir réveillé.

« Pardon... » murmura-t-il en observant d'un air inquiet Guillaume qui avait toujours les yeux fermés et n'avait pas bougé d'un iota avant de tourner les talons pour s'enfuir.

Où ? Il ne savait pas. Mais il avait honte. Il se sentait coupable de ne pas pouvoir donner à Guillaume la seule chose que ce dernier attendait de lui et des larmes s'échappèrent à cette pensée de ses yeux, alors que ces derniers le brûlaient déjà.

« Aurél. »

Il s'arrêta net en sentant une main s'enrouler autour de son poignet et il écarquilla les yeux en reconnaissant la voix de Guillaume. Il l'avait bel et bien réveillé. Il ne l'avait pas entendu se lever, ni le rejoindre tant il était perdu dans ses pensées.

« Aurél, qu'est-ce que tu fais ? »

Il sentit son cœur devenir lourd dans sa poitrine en entendant Guillaume lui poser cette question d'une voix ferme et lorsqu'il se retourna vers lui, il lui lança un regard effrayé en voyant l'expression sur son visage. Guillaume avait l'air énervé. En tout cas, ce dernier avait les sourcils froncés et il vit une lueur de confusion passer dans ses yeux clairs.

« Où c'est que tu vas ? lui demanda Guillaume et il le sentit alors caresser le creux de son poignet de son pouce.

— N-Nulle part... Nulle part, je te jure...

— Tu me jures que tu n'allais pas t'enfuir ?

— M'enfuir ? répéta-t-il en écarquillant les yeux en l'entendant lui dire ça. N-Non. Bien sûr que non, je te jure. »

Guillaume lui lança un regard méfiant avant qu'il ne le sente doucement desserrer ses doigts autour de son poignet, puis le lâcher tout à fait.

« J'ai eu peur... que tu t'enfuie, lui dit alors Guillaume en lui lançant un regard penaud. Je ne veux pas que tu partes, Aurél. Je t'apprécie. Vraiment. Et je ne te ferai plus jamais de mal, j'espère que tu me crois quand je te dis ça. »

Il poussa un petit sanglot sans pouvoir s'en empêcher en sentant Guillaume glisser sa main dans ses cheveux longs, venant caresser la peau sensible de son cou, près du bouton.

« Je pense... Enfin, j'y ai réfléchit tu sais et... Je me suis dit... que peut-être si tu t'éteignais à chaque fois que je tente quelque chose avec toi... c'était parce que ton esprit n'en avait pas envie, mais que ton corps avait appris à se laisser faire...? Comme si... y avait un vrai duel entre les deux à chaque fois ? Qui faisait surchauffer ton système et te forçait à t'éteindre pour te préserver ?

— Je... Je sais pas... balbutia-t-il en jetant un regard effrayé à Guillaume en l'entendant parler de ce sujet.

— Ou peut-être... Enfin, en parallèle... Comme ce mec... Comme à chaque fois après t'avoir... utilisé... il t'éteignait de force. Pour que tu oublies. Peut-être que maintenant ton système lie les deux ensemble et qu'il préfère t'éteindre pour t'éviter de souffrir inutilement. »

Il dévisagea le plus grand d'un air inquiet, pensant à quel point ce qu'il lui disait semblait logique.

« Ou peut-être encore qu'il t'a brisé à force de trop te redémarrer ainsi. Il a brisé quelque chose en toi. Dans ton système.

— N-Non... bégaya-t-il alors en écarquillant les yeux. Ne me jette pas, Guillaume, s'il te plaît.

— Pardon ? lui répondit le plus grand en fronçant les sourcils, semblant réellement surpris.

— Je ne sais pas si je suis cassé mais... Laisse-moi m'améliorer. Je sais que je peux faire mieux que ça, dit-il précipitamment et il sentit Guillaume sursauter quand il posa ses mains sur son torse. Ne me jette pas, je t'en supplie...

— Quoi ? Mais Aurél, je n'ai aucune intention de te jeter, hein... Et n'utilises pas ce mot. Ne parle pas de toi comme d'un objet, s'il te plaît.

— Mais... c'est ce que je suis, non ? Et si je suis cassé... Je ne te suis d'aucune utilité... Alors tu aurais le droit de me jeter... De me renvoyer... À l'institut... »

Il se perdit dans ses pensées en disant cela et la silhouette imposante de son maître flasha devant ses yeux. Il sentit son cœur s'emballer alors et quand il sentit Guillaume poser ses mains sur ses épaules pour le ramener à la réalité, il sursauta violemment.

« Aurél...! Tu m'entends ?!

— O-Oui... balbutia-t-il d'une petite voix alors que sa vision se refaisait plus net, ses yeux se posant sur Guillaume qui le regardait d'un air inquiet.

— Pourquoi voudrais tu que je te jette ? Je te l'ai déjà dit, non ? Je t'apprécie.

— C'est faux... Je dois te dégoûter...

— Quoi ? Mais non, Aurél... Pas du tout...

— Mais tu ne veux même plus coucher avec moi... J'ai été créé pour ça, Guillaume. Je te promets de me laisser faire, tu n'as pas à t'en faire pour moi... Je te promets de me forcer à aimer ça... À participer même.

— Au-rél ! Arrête un peu, lui dit Guillaume d'un air sérieux alors qu'il le regardait d'un air implorant. Tu es plus qu'un simple robot sexuel pour moi, tu es important. Et c'est pour ça que je ne veux plus coucher avec toi. Pas parce que tu me dégoûtes ou je ne sais quoi... Crois-moi. Je ne veux pas que tu te forces à quoi que ce soit pour moi. Pour mon plaisir personnel. Alors voilà ce qu'on va faire. On va apprendre à se connaître. On va aller à ton rythme. Et tout va bien aller, ok ? Ça te va ? »

Il lança un regard hésitant à Guillaume, incertain de la sincérité de ses paroles. Alors comme ça... s'il ne voulait plus coucher avec lui, c'était parce qu'il l'appréciait ? Pas parce qu'il le dégoûtait à présent ? Il ne savait pas s'il pouvait le croire. Guillaume était un humain, lui un robot, et son seul rôle était de le satisfaire ce qu'il ne réussissait pas. Alors pourquoi Guillaume disait qu'il l'appréciait ? Comment le pouvait-il ? C'était impossible. Il se sentit cependant hocher la tête doucement et à ça, Guillaume l'attira à lui. Il se laissa entraîner dans l'étreinte et sentit Guillaume se mettre à caresser avec tendresse sa nuque de ses doigts. Il ne savait pas s'il pouvait le croire quand il lui disait qu'il le considérait comme plus qu'un simple robot pour lui. Mais il allait essayer.

Fiction OrelxGringe - Apprends-moi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant