Partie 17 - Les sentiments.

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Guillaume regardait le plus jeune qui dormait sur son lit, allongé face à lui. Un peu plus tôt, quand Aurélien avait fait sa crise de panique dans la cabine d'essayage du magasin où il l'avait amené pour lui acheter de nouveaux vêtements, il n'avait pas su comment réagir. Il l'avait regardé s'écrouler mentalement sans rien pouvoir dire ou faire pour le calmer, le plus jeune sourd à chacun de ses mots alors qu'il tentait de voir s'il s'était fait mal à la tête en percutant ainsi la glace derrière lui. Puis Aurélien avait commencé à dire des choses incompréhensibles, lui disant qu'il ne voulait plus, qu'il fallait qu'il arrête, et même qu'il allait mourir s'il continuait ainsi. Aurélien l'avait aussi repoussé violemment, semblant complètement paniqué à l'idée qu'il puisse le toucher. Il avait été complètement perdu, ne comprenant pas pourquoi il lui disait cela et le repoussait ainsi, et quand il lui avait demandé s'il voulait sortir de la cabine en l'entendant lui dire qu'il voulait sortir d'ici, Aurélien avait paru revenir un tant soit peu à lui. Aurélien s'était alors figé sur place, lui lançant un regard apeuré, et il avait vu quelque chose changer dans son regard. Comme s'il se rendait tout à coup compte que c'était lui, Guillaume, qui était devant lui et pas quelqu'un d'autre. Et Aurélien le lui avait bien confirmé par la suite, non, que ses mots ne s'adressaient pas à lui ? Le plus jeune était venu se blottir contre lui en le reconnaissant, en larmes, et il l'avait serré fort contre lui en l'entendant lui dire qu'il était désolé. Désolé...! Je suis désolé...! C'est pas toi... C'est pas toi, Guillaume... Je te le jure ! Tu n'y est pour rien ! Il avait été complètement perdu à ces mots, ne comprenant pas dans ce cas de qui pouvait bien être en train de parler Aurélien si ce n'était de lui, et celui-ci avait secoué la tête contre son torse, s'excusant encore une fois. Rien... Rien, je te le jure. Je suis désolé. Tu n'y es pour rien. Pour rien du tout... Il n'avait pas su quoi dire ensuite afin de le rassurer et n'avait pas osé lui demander plus d'explications, de peur de le voir se remettre à paniquer. Il l'avait alors tenu longtemps contre son cœur, sans rien dire de plus et caressant seulement son dos de sa main pour le rassurer, et au bout d'un temps qui lui avait paru infini, Aurélien s'était calmé. Il l'avait alors pris délicatement par la main pour l'entraîner hors du magasin, payant rapidement à la caisse pour les vêtements qu'il avait sur le dos, avant de le ramener chez lui. En sécurité. Aurélien n'avait pas dit un mot de tout le trajet et quand il l'avait emmené dans sa chambre, les larmes du plus jeune s'étaient remises à couler en le sentant l'allonger dans son lit. Est-ce qu'il avait pensé... qu'il allait profiter de lui à ce moment-là ? Alors qu'il était complètement hors de tout et... brisé ? Il avait rabattu son drap sur ses fines épaules et Aurélien avait alors fermé les yeux, cédant au sommeil qui semblait déjà prêt à le cueillir. Il passa une main délicatement dans les cheveux du plus jeune, les larmes lui montant aux yeux en se rappelant de ce qu'il s'était passé. C'était la deuxième fois à peine qu'ils sortaient ensemble à l'extérieur. Il avait cru que ça lui ferait du bien, surtout après avoir vu combien il semblait vide et mort à l'intérieur après qu'ils aient couché ensemble le matin-même. Après que je l'aie utilisé, pensa-t-il, se reprenant subitement et une énorme vague de culpabilité l'envahit alors à cette pensée. Justement, l'état du plus jeune aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Il se rappela de l'état d'Aurélien quand il l'avait rejoint dans la cuisine dix minutes après qu'il lui ait dit qu'il allait leur faire à manger : il l'avait vu entrer dans la pièce, un air absent sur le visage, les yeux vides et mal rhabillé comme s'il s'était seulement levé du canapé avant de venir, ne prenant même pas la peine de remettre un peu d'ordre à ses vêtements. Il s'était alors approché de lui pour le guider jusqu'à une chaise et l'avait servi, s'asseyant à ses côtés pour le nourrir. Aurélien était resté muet tout le repas. Ainsi que tout le trajet jusqu'au magasin. Il posa sa main doucement sur sa joue pour caresser cette dernière en repensant aux larmes qu'il avait vues sur son visage lorsqu'il s'était redressé pour le regarder après l'avoir utilisé. Aurélien avait paru complètement brisé, les yeux rivés sur le mur et le regard vide. Et il se dit soudain que c'était de sa faute si cette expression avait été présente sur son visage à ce moment-là. Il était celui qui l'avait brisé. Car Aurélien avait voulu lui dire non quand il avait commencé à s'allonger sur lui, n'est-ce pas ? Quand il avait posé ses lèvres sur les siennes. Il s'en souvenait maintenant. N-Guillaume... Aurélien s'était mis à pleurer quand il avait glissé sa main sous son tee-shirt pour caresser sa peau de ses doigts et il n'en avait pas tenu compte, pensant à ce moment-là qu'il pleurait parce qu'il était encore chamboulé par l'appel qu'il venait de passer à l'institut et par la discussion qu'ils venaient d'avoir. Ne pleure pas, ne pleure pas... Je ne veux pas me débarrasser de toi, je te le promets... Aurélien n'avait rien répondu quand il lui avait dit ça et s'était même mis à pleurer de plus belle. Il l'avait senti se tendre sous lui et il lui avait répété que tout allait bien, qu'il allait bien alors que le plus jeune commençait à haleter péniblement sous lui. Il avait même glissé ses doigts dans sa bouche alors même qu'il lui avait paru avoir de la difficulté à réguler sa respiration et à faire entrer de l'oxygène dans son organisme. Il l'avait forcé, pensa-t-il alors avec horreur. Parce qu'Aurélien avait beau censé être un robot sexuel à la base, il n'avait jamais agi comme tel. Aurélien lui avait toujours semblé si humain, et c'était justement le fait qu'il puisse ressentir toutes ces différentes sensations qui faisait qu'il ne pouvait plus à présent se voiler la face. Il ne pouvait plus se comporter de la même manière à présent avec lui. La ligne qui était auparavant un peu floue entre ce qu'il pouvait ou pas faire parce qu'il n'était qu'un simple robot désigné dans le seul but de le satisfaire sexuellement n'existait plus à présent. Il ne pouvait plus l'utiliser comme si c'était une vulgaire machine, à sa guise et sans son accord au préalable. Aurélien avait des sentiments – des vrais sentiments – et cela changeait tout pour lui. Il se pencha alors pour déposer un petit baiser sur sa tempe, fermant les yeux avec force. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver avant d'arriver chez lui pour être ainsi ?

Fiction OrelxGringe - Apprends-moi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant