Partie 16 - La cabine.

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Aurélien se regarda d'un air absent dans le miroir qu'il avait devant les yeux, observant le pantalon en lin beige qu'il venait d'essayer avec le tee-shirt rose pâle que Guillaume lui avait trouvé. Le plus grand l'avait amené dans ce magasin pour lui acheter des vêtements à sa taille et en voyant qu'il ne choisissait rien dans les rayons, il l'avait fait pour lui. Son esprit se mit alors à divaguer en pensant à Guillaume. Tout à l'heure, quand ils avaient fait l'amour... il n'en avait pas eu envie. Il avait tenté de lui dire non, sans succès. Il avait essayé de le lui faire comprendre et Guillaume ne l'avait pas compris. Il ne l'avait pas écouté. Il lui avait répété que tout allait bien, qu'il allait bien, et qu'il finirait par aimer. Il n'avait pas aimé. Comme toutes les autres fois. Et comme toutes les autres fois, il s'était laissé faire. Parce qu'il était sa propriété et qu'il n'avait pas le droit de le repousser. Pas le droit de lui dire non. Il l'avait bien compris. Mais cette fois, alors qu'il le laissait l'utiliser encore une fois, une autre image s'était imposée à son esprit. Plus qu'une image, un souvenir. Il frôla de ses doigts la ficelle fine du pantalon qu'il avait sur la taille, sa main tremblant légèrement. Pendant que Guillaume s'enfonçait inlassablement en lui, il avait vu derrière ses paupières closes une autre personne en faire de même. Une personne portant une blouse blanche. Il s'était visualisé allongé sur le dos, dans cette même position dans laquelle il avait été à ce moment, bloqué sous Guillaume et dans l'incapacité de faire le moindre geste, et il s'était alors rappelé de tout. Tout ce qu'il s'était passé... là-bas. Il sentit les larmes couler sur ses joues alors qu'il s'observait dans le miroir devant lui et il se vit soudain dénudé, des marques partout sur le corps et une énorme ecchymose sur le visage. Il se sentit trembler en se voyant ainsi dans la glace, se demandant si cela c'était réellement passé ou si c'était seulement un tour de son imagination, et il sursauta violemment en voyant dans cette dernière le rideau de la cabine d'essayage s'ouvrir soudain derrière lui :

« Eh Aurél, je t'ai trouvé ça aussi...! »

Il se retourna précipitamment avant de se reculer de peur, venant percuter violemment le miroir à présent dans son dos et il eut seulement le temps de reconnaître Guillaume avant de fermer les yeux de douleur à la collision.

« Aurél ! »

Guillaume s'approcha brusquement de lui après avoir crié son prénom et il rouvrit les yeux difficilement, l'arrière de son crâne le lançant douloureusement au coup qu'il s'était pris en reculant ainsi. Il sentit Guillaume attraper son visage et quand il croisa son regard, il remarqua à quel point il semblait inquiet.

« Aurél, est-ce que ça va ? Je t'ai fait peur ? Tu t'es fait mal ? lui demanda le plus grand d'un air inquiet et il secoua lentement la tête, se sentant tout à coup très faible.

— N-Non...

— Je t'ai vu te cogner, Aurél, le coupa Guillaume, ne le laissant pas finir sa phrase. Je t'ai vu grimacer de douleur. Est-ce que ça te lance ?

— A-Arrête... R-Recule, s'il te plaît... balbutia-t-il d'une voix éraillée dans un sanglot alors qu'il sentait Guillaume lui tourner le visage afin d'inspecter l'endroit où il s'était cogné pour vérifier qu'il n'avait rien.

— Aurél, laisse-moi voir où tu t'es fait mal. Je suis sûr que c'est trois fois rien, lui dit Guillaume qui n'écoutait rien de ce qu'il lui disait et il sentit son cœur s'emballer en s'imaginant que c'était l'homme inconnu de ses souvenirs qui le touchait ainsi, refusant de le lâcher.

— Arrête !! Laisse-moi tranquille !! » s'écria-t-il alors soudain en repoussant fortement le plus grand et il le vit chanceler en arrière afin de garder son équilibre et ne pas tomber.

Guillaume le regarda alors d'un air choqué, les yeux écarquillés, et il fit un pas en arrière, venant entourer son corps de ses bras et se recroquevillant contre le miroir, fondant en larmes :

« Ne me touche pas, ne me touche pas... Arrête, s'il te plaît... Je ne veux plus... Je ne peux plus... Il faut que tu arrêtes... Je vais mourir si tu continues...

— Au-Aurél...? entendit-il Guillaume l'appeler d'un air inquiet alors qu'il avait l'impression de se noyer dans ses sanglots, complètement paniqué.

— Je ne veux pas... Pourquoi tu me fais ça...? Pourquoi moi...? Laisse-moi tranquille... Je veux sortir d'ici...

— Aurél... Aurél, qu'est-ce que tu racontes ? Tu veux sortir de la cabine ? Tu te sens mal ?

— G-Guillaume...? »

Il prononça son prénom d'une voix brisée dans un éclair de lucidité. Ce n'était pas cet homme devant lui, c'était Guillaume. Et celui-ci devait être complètement perdu devant son excès de panique, ne comprenant sûrement pas pourquoi il lui disait cela. Il le vit alors lui jeter un regard inquiet et il secoua la tête lentement avant de faire un pas hésitant dans sa direction. Guillaume lui lança un regard incertain, comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il avait ou pas le droit de faire et il s'effondra en larmes en venant se blottir contre lui. Il sentit Guillaume se tendre un instant avant qu'il ne le sente refermer ses bras autour de sa taille pour le serrer fort contre lui.

« Aurél... lui dit ce dernier doucement à l'oreille et il le coupa immédiatement.

— Désolé...! Je suis désolé...! C'est pas toi... C'est pas toi, Guillaume...! Je te le jure ! Tu n'y es pour rien !

— Aurél... Qu'est-ce qu'il s'est passé...? De quoi tu parlais ? lui demanda Guillaume en venant enfouir ses doigts dans ses cheveux mi-longs, par-dessus l'endroit où il s'était cogné, et il secoua précipitamment la tête sans jamais rouvrir les yeux contre son torse.

— Rien... Rien, je te le jure. Je suis désolé. Tu n'y es pour rien. Pour rien du tout... »

Guillaume resta silencieux à ça et il le sentit caresser doucement son crâne à l'endroit où ce dernier le lançait encore. Il trembla contre lui et poussa un petit gémissement de douleur, les larmes coulant toujours sur ses joues et le cœur battant de manière erratique contre sa cage thoracique. Il était terrorisé.

Fiction OrelxGringe - Apprends-moi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant