Partie 11 - La tendresse.

141 4 0
                                    

Guillaume caressa les cheveux du plus jeune allongé sur le canapé avec douceur, se perdant dans sa contemplation. Aurélien était épuisé. Il l'avait amené faire un tour dans le parc d'à côté, s'étant rappelé qu'il avait lu la veille dans le manuel que les batteries des robots de cette société se rechargeaient automatiquement avec le soleil et qu'il s'était dit en lisant cela que ça réglerait peut-être le problème de fonctionnement d'Aurélien. De toute évidence, le problème ne venait pas de là. Parce qu'il s'était écroulé de fatigue à l'instant même où ils étaient rentrés chez lui. Il balaya le corps endormi du plus jeune du regard, observant ainsi ses habits sur lui – bien trop grands – et s'arrêtant sur les chaussures qu'il lui avait passées pour sortir à l'extérieur. Celles-ci étaient bien trop grandes pour lui aussi et il sourit tendrement en s'en rendant compte. Il se releva alors, accroupi comme il était sur le sol pour le regarder dormir, et se dirigea vers ses pieds pour lui enlever doucement ses chaussures. Il commença à les lui enlever avec une extrême précaution, ne voulant surtout pas le réveiller, et il posa son regard sur son visage endormi encore une fois lorsqu'il eut terminé. Les mots du robot retentirent alors dans son esprit, lui serrant le cœur : Tu vas me renvoyer, n'est-ce pas ? C'est vrai. Il y avait pensé. Cette idée l'avait traversé. Et plus encore que le traverser, cette idée s'était imposée à lui ces dernières heures. Il avait commandé un robot sexuel à la base, non ? Alors il était normal qu'il en reçoive un. Un vrai, pas ce robot dont il devait s'occuper comme d'un enfant. Il est vrai qu'il l'avait utilisé quelques fois depuis qu'il l'avait allumé et, mon dieu, comme il aimait faire l'amour avec lui. Mais faire l'amour... il avait l'impression que ce n'était pas vraiment le bon mot avec Aurélien. Le plus jeune se laissait tout simplement faire et lui, il avait l'impression horrible de faire quelque chose de mal quand il passait à l'acte avec lui. Et ce n'était pas normal, il n'était pas censé ressentir ça. Aurélien était sa propriété. Comme il le lui avait dit un peu plus tôt en hésitant sur quel mot employer, il était son propriétaire. Aurélien lui appartenait à lui, et à lui seul, et il avait tous les droits sur son corps. C'était une machine, bordel ! Mais justement... pensa-t-il tristement en dévisageant le plus jeune endormi, se dirigeant vers son visage pour passer une main dans ses cheveux tendrement en s'accroupissent de nouveau devant ce dernier. Il avait l'impression qu'Aurélien... ressentait les choses. Ce qui faisait de lui plus qu'une simple machine dénuée de tout sentiments. Il en était quasiment sûr. Aurélien avait des sentiments, comme un véritable humain. Il l'avait vu pleurer des quantités de fois en l'espace de seulement quelques heures. Ce qui prouvait qu'il pouvait ressentir de la tristesse, de la douleur, ou encore de la peur. D'ailleurs, en parlant de ce dernier sentiment, il avait l'impression de l'avoir lu plusieurs fois dans ses yeux depuis qu'il l'avait allumé. Quand il l'avait réveillé, mais aussi un peu plus tôt quand il l'avait surpris en train de lire son manuel et qu'Aurélien avait paru vouloir s'enfuir devant lui en se rendant compte de sa présence, semblant complètement terrifié de sa réaction. Il l'avait aussi vu éternuer, trembler de froid, rougir... Et gémir. Il sentit sa chaleur corporelle augmenter d'un cran en repensant aux gémissements de plaisir qui étaient sortis à plusieurs reprises de la bouche du plus jeune. Il faisait si innocent, presque enfantin, endormi à cet instant précis alors qu'il savait aussi le genre de gémissements obscènes qui pouvaient sortir de sa bouche. Aurélien était une véritable énigme. Il repensa soudain en un flash à comment ce dernier s'était rapproché de lui dans la rue, se collant presque à lui, semblant complètement déboussolé et surtout apeuré des gens qu'ils croisaient sur leur chemin. Il avait eu l'impression que c'était la première fois qu'Aurélien voyait autant de personnes d'un coup et il s'était demandé si, réellement, il avait déjà eu un autre propriétaire que lui auparavant. Aurélien n'en savait rien et lui, après cette journée, en doutait fort. Après tout, c'est vrai qu'il avait paru effrayé en le voyant la première fois lui aussi. Alors peut-être qu'en réalité, il était la première personne qu'il avait jamais rencontrée de sa vie. Allez savoir. Ses yeux se posèrent alors sur les lèvres entrouvertes du plus jeune et il sourit tendrement en voyant sa respiration passer de manière régulière entre ces dernières. Il se pencha dans l'idée de les embrasser avant de se stopper net, pensant soudain que la veille au soir avait été la première fois qu'il l'avait embrassé et qu'il ne s'était même pas arrêté dessus après l'avoir fait. Ses lèvres avaient été tellement agréables à embrasser... Mais là, emporté comme il l'était dans les limbes du sommeil et ressemblant à un enfant innocent, il n'eut pas envie de risquer de le réveiller en l'embrassant. Il se redressa alors légèrement afin de déposer un doux baiser sur sa tempe, par-dessus ses cheveux noir ébène, puis se leva, soulagé de ne pas l'avoir réveillé. Il le vit seulement froncer légèrement les sourcils dans son sommeil, retroussant imperceptiblement le nez dans le même temps, et il caressa ses cheveux avec douceur :

« Dors bien, Aurél. Je suis content de t'avoir à mes côtés malgré tout. »

Le plus jeune ne répondit rien, complètement perdu au monde, et il sourit tendrement avant de s'éloigner en direction de sa chambre. Il avait un coup de fil à passer.

Fiction OrelxGringe - Apprends-moi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant