Prologue - Liam

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Le cours de philosophie de monsieur Richard est une plaie, surtout avec un niveau comme le mien, mais, eh bien, j'essaye d'y survivre. J'écoute patiemment l'amphithéâtre parler du « peut-on rire de tout et avec tout le monde ? », mais arrête après cinq ou dix minutes de balbutiement de la part de certains amateurs. Merde, je n'y comprends rien. Je me penche sur mes notes de littérature, plutôt, le regard fixé sur celle-ci, lorsque quelque chose sur la table attire mon attention.

« La mort est-elle un recours ? »

C'est écrit de façon plutôt soignée, en réalité. Enfin, soignée. Tout est relatif étant donné que c'est creusé dans le bois de la table. Je tente de gratter le « L » de « La » avec mon ongle, mais ça ne donne rien. La question est encrée, là, devant moi.

« La mort est-elle un recours ? 

Je n'aime pas la philosophie, mais ça m'interpelle. Qui a bien pu écrire cela ? Je sais que ce prof n'a que quatre groupes, ce qui fait presque six-cent personnes, tout de même. De tous les niveaux. Des première année, des deuxième année, des troisième année et des quatrième année. Qui cela pourrait être ? Déjà, il ou elle ne fait pas partie de ce groupe-ci, étant donné que c'est ma place attitrée depuis le début de l'année et que cette gravure est récente – eh bien, il m'arrive d'observer la table en détail dans certain de mes moments d'ennui.

J'attrape mon crayon entre mes dents, le rongeant, les yeux encore rivés sur la phrase.

« La mort est-elle un recours ? »

Le bout de mon crayon frappe la table un moment, jusqu'à ce que je me décide à répondre. La mort est-elle un recours à la faiblesse ? Je me creuse la tête un moment, écrivant, effaçant, puis écrivant encore des phrases. J'écris un mot, deux, puis en efface un et recommence.

Lorsque je suis satisfait de ma réponse, je dépose le crayon sur mes notes de littérature, juste à côté de celles de philosophie inexistantes. La question est maintenant collée à ma réponse, écrite au crayon. J'espère secrètement que la personne la verra avant que quelqu'un ne l'efface ou ne le remarque.

Sur cette dernière réflexion, la sonnerie retentit, me sortant brusquement de ma rêverie. « Bien, vous semblez assez confiant sur ce sujet, vous me ferrez une dissertation sur cela pour lundi prochain », après ces paroles prononcées par le professeur, je jure, rangeant mes notes et glissant mon crayon dans mon sac.

« La mort est-elle un recours ? »

« Elle ne l'est pas s'il y a de la vie, elle t'attrape, mais tu ne l'attrapes pas. La mort provoquée, le suicide, n'est pas une solution. La vie persiste dans la mort. »

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant