Saccagé || Niam - en pause

Chapitre seize - Liam

–– Vous n'avez pas été aidé, alors.

Je secoue la tête, observant le professeur relire quelques lignes de ma dissertation en haussant les sourcils, les mains croisées sur ses genoux. Il relève ensuite le regard vers moi, qui déglutit discrètement.

–– Quand êtes-vous devenu bon en philosophie ?

Je hausse les épaules, un peu plus stressé. En réalité, je ne l'ai pas fait réellement seul. Enfin... Les idées sont celles de l'inconnu, mais tout le reste vient de moi et uniquement de moi. Ce n'est pas trop... Déloyale. Mais apparemment, je suis tellement mauvais en philosophie qu'un bon devoir en devient suspect.

–– Bien. Je suis sûr que vous vous êtes fait aider, mais ce devoir vaut un B, au moins. Les idées sont bonnes mais parfois mal développées.

Il note ma note sur la feuille, me faisant grimacer. Peut-être ne suis-je pas si bon que cela, finalement. Même dans le développement des idées de l'inconnu. Tout le mérite lui revient, je l'avoue. Je récupère mon devoir, sortant ensuite de la salle à la hâte. Je ne veux pas rester avec ce professeur. Lui en particulier. Je sais qu'il me hait et je le déteste tout autant, ce qui est plutôt bon, dans un sens.

Je dois retrouver Guilia après les cours, pour l'aider, encore. J'essaye toujours de lui faire sortir la tête de l'eau et également de recoller les morceaux. Tout le groupe est brisé et c'est simplement ennuyant. Zayn refuse à présent de parler avec Greg, ce qui est un gigantesque merdier. Je suis le seul à encore parler à tout le monde et je suis également celui qui est censé nous réunir. La situation s'est trop étendue et... C'est, disons, épuisant. Mon portable vibre, ce qui me fait le sortir de ma poche.

De : Inconnu

A : Liam

As-tu reçu ta note ?

Je réponds directement, tapant en vitesse sur mon clavier.

De : Liam

A : Inconnu

Oui. J'ai eu un B. « Les idées sont bonnes, mais le développement à revoir »... Tout le mérite te revient, merci beaucoup.

Je traverse les couloirs, mon portable en main. Je dois sortir rapidement étant donné que mes parents sont ici pour la semaine et que mon père m'attend à l'extérieur de l'université. Je passe par les grandes portes avant, déboulant en vitesse sur le départ du campus, mais également sur le grand parking de l'université. Rapidement, je repère la camionnette brune de mon père, garée tout près de moi. Je m'avance jusqu'à celle-ci, entrapercevant celui-ci au volant.

Mon père est un drôle de personnage. Beaucoup d'enfants ou même d'adultes le prennent pour un fou ou alors une sorte de sorcier étrange. Il porte des choses étranges, c'est vrai. Parfois, ma mère lui fait des remarques, mais elle abandonne quasi-instantanément, à chaque fois. Je n'ai jamais compris pourquoi il avait besoin de se comporter de cette façon, de s'habiller de cette façon, mais je l'accepte. J'ouvre la portière et entre dans la voiture côté passagé. Aujourd'hui, mon père porte un large tee-shirt noir, un short dont la couleur est impossible à définir et des sandales étranges – étranges et que je trouve, personnellement, affreuse. Oh, il a aussi accroché dans ses cheveux blancs un bandana multicolore.

–– Bonjour, papa, dis-je en souriant.

Il passe une de ses mains garnit de bagues dans ma nuque, m'approchant de lui pour embrasser ma tempe en souriant. Ses poignets sont couverts de nombreux bracelets et une de ses deux oreilles est percée. En réalité, même à cinquante-trois ans, il s'habille encore comme une sorte de jeune étrange n'ayant pas trouvé de réels styles.