Chapitre quarante sept - Liam

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Je hurlais désespérément, frappant mes paumes contre la paroi qui, depuis plusieurs minutes, comprimait mon corps. Je ne pouvais plus respirer, me trouvait seulement ici, comme la plupart du temps, enfermé, sans moyen de me dégager. La cage était minuscule ; je me trouvais recourbé contre moi-même, mes genoux voûtés, quasiment trop grands pour êtres contenus par les cloisons. Mon crâne était pressé par ce qui semblait être un plafond et mes mains déposées à plat contre une surface lisse.

En son milieu, ladite surface était percée de quatre creux parallèles, ouverts sur ce qui se trouvait autour de la cage. Ces quatre fentes étaient situées au niveau de mes yeux ; je ne pouvais dans chacune que passer deux de mes doigts, mais le mouvement était trop douloureux pour que je tente de le faire encore.

La partie inquiétante de cette chose était le souffle putride, qui atteignait mon odorat, comme l'air rejeté frappait mon épiderme, mais ils ne provenaient de nul part. Aucune lumière, aucune personne, aucun bruit. La cage ne donnait sur rien. Les entailles n'offraient que les ténèbres et de lourdes respirations contre mon visage.



Plusieurs voix distantes vibrèrent au creux de mon oreille ; je semblais toujours enfermé. Pourtant, j'étais libre de tout mouvement, chez moi... Mes pensées me rendirent confus, alors que j'observais la pièce. Il ne s'agissait pas de mon ancienne chambre, il ne s'agissait pas de ma maison. Je n'étais pas chez Niall non plus. Je ne comprenais pas.

Je ne semblais pas progresser ; toujours le même cauchemar, toujours les mêmes situations. Quand m'étais-je nourri pour la dernière fois ? Quand avais-je eu un contact humain pour la dernière fois ? Qu'avais-je fait lors de mon dernier réveil...

Mes souvenirs furent impénétrables. Ils semblaient pourtant tellement proches, mais hors de porté, poussiéreux, obscures. La brièveté de ma mémoire me captivait, quelques minutes ; j'essayais de clarifier les superficiels vestiges de mes journées, sans pour autant succéder. Mes sens semblaient enduits d'un liquide épais, d'un brouillard compact.

Je dus cligner plusieurs fois des yeux, avant de stabiliser ma vision. Un filme plastique semblait déposé entre mon œil et le monde réel, tout passait pour irréel, nébuleux. Chancelant, je progressais à travers les pièces, balançant le poids de mon corps sur mes appuis, tel un nouveau-né lors de ses premiers pas. Je ne reconnus rien de l'endroit dans lequel je me trouvais–les pièces dépassées se multipliaient au fil des minutes, de plus en plus poussiéreuses, plus vides. Mes pas produisirent un écho singulier dans les espaces inoccupés, qui me rendit plus titubant encore, déséquilibrant ma raison, mes sens.

Je pris appui sur un mur maculé de saleté, à l'entrée d'une nouvelle pièce. Celle-ci était vaste, les murs ornés de dorures à l'aspect datées, que j'observais un instant, ma vision fuyante. Je sentis mes forces me quitter soudainement, mais la sensation n'était pas commune–ce n'était pas comme si je m'évanouissais, loin de là. Je sentais ma conscience se liquéfier, filant entre mes doigts. Je tentais de la retenir, refermait mes doigts pour l'emprisonner, mais elle ne fit que s'échapper plus vite et douloureusement. Mes sens s'éteignirent progressivement, m'enserrant sans pouvoir dans un endroit irréel, impuissant, incapable d'émettre la moindre réaction.

Lors d'un dernier éclat de raison, je réalisais que ma raison ne m'avait pas échapper–quelqu'un me l'avait dérober.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant