Chapitre trente six - Liam

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Je n'avais jamais été aussi confus. Ma vie, jusqu'à présent, avait été une sorte d'enchaînement logique et irréfutable. Mes pensées étaient pourtant enchevêtrées, mêlées et obscurcies sans que je ne puisse les dénouer.

Je savais deux choses : j'étais confronté à deux camps distincts, qui tous deux avaient avantage et inconvénients. Chacun avait blessé l'autre, également, je le constatais. Mon père boiteux et sanglant se trouvait devant moi, ses petits yeux contrariés braqués sur moi. Ils m'avaient libéré : ils savaient que, sans la force de mon géniteur, aucun d'eux ne réussirait à me retenir. Il me retenait pourtant encore mentalement.

–– Regarde ce qu'ils font, Liam.

Je détournais le regard, secouant la tête un moment. Il essayait de me corrompre, bien sûr qu'il l'essayait.

–– Tu ne fais pas mieux, tu as presque tué Niall.

Je reniflais, déglutissais, puis repoussais mes cheveux hors de mon visage. Ils avaient raison, dans un sens. J'étais tellement confus, je ne savais plus quoi faire et c'était tellement embêtant, intolérable, accablant ; je ne pouvais plus supporter tout cela.

–– Au fond de toi, tu sais que j'ai raison. Tu es mon garçon.

Que faisais-je ici ? Je marchais calmement dans la pièce, mes yeux fixés sur la silhouette fantomatique de ma sœur. Nous sommes chez lui, nous sommes chez lui. J'imprégnais cette pensée le plus possible, papillonnant des paupières. Nous allions essayer de le tuer : c'est ce qu'il y avait de mieux à faire, le mieux à faire. Je serrais le revolver gelé entre mes doigts tendus, essayant de me débarrasser de la désagréable sensation qui parcourait mon corps.

Tout cela était juste. Nous étions « obligés » de le faire, il avait raison. Il avait raison, nous avions raison, nous étions cohérents, justes. Ils étaient dangereux.

Ma sœur s'arrêtait, se dirigeant vers une chambre, tournant son visage vers moi une seconde. Je hochais la tête lentement, lui emboîtant le pas. Nous devions le faire, nous n'avions pas le choix. Ce n'était pas, comme, un réel meurtre. C'était plus de la légitime défense. Nous allions sauver la vie de nombreux innocents et honoré la mémoire de plusieurs autres, nous avions raison de le faire.

J'étais en droit de le faire, tout cela était totalement logique, convenable. Nous allions le tuer, puis nous allions provoquer du regret et de la peine ; ils s'arrêteraient tous.

Sinon, nous les tuerions également. Nous allions le faire, nous étions assez forts, j'étais assez fort.

Mes mains tremblaient. Je sentais mon corps être pris de frissons et de secousse, alors que nous entrions dans la pièce. Tout était sombre, sa respiration lourde résonnait dans l'espace obscur. C'était un devoir : nous devions sauver toutes ces vies. Nous devions le faire. Je m'approchais du lit, essayant de réguler ma respiration hors de contrôle, alors que je pointais d'une main oscillante son crâne de mon revolver.

Je devais le faire. Je n'avais aucun choix. Ce que je faisais était correct, c'était cohérent.

–– Liam, fait le, tu dois le faire, a-t-elle murmuré, sa voix douce imprégnant mes sens.

Je devais le faire. Je n'avais aucun choix. Ce que je faisais était correct, c'était cohérent. Il était un meurtrier–j'avais aimé ce meurtrier, mais il en était un. Il était fou, je devais le faire. Je devais le faire. C'était un devoir.

Mon estomac chuta au moment où le coup de feu retentit. Ce n'était pas une sensation agréable, ce n'était pas du confort ou du soulagement, seulement de la peur. J'était encore plus terrifié maintenant que je l'avais fait. Mes mains se mirent à trembler incessamment alors que je laissais tomber l'arme sur le sol, reculant de quelques pas. Je venais de le faire, je l'avais tué, je devais le faire.

Des cris retentirent sous peu, mais ma sœur réussit à maîtriser les assaillants. Je fermais les yeux un instant, les rouvrais. C'était irréel. Pourtant, son cadavre était ici, sur le lit, ce n'est pas comme si je pouvais l'ignorer, il était là, bien réel, comme le sang et l'immobilité de son corps. C'était une dépouille, il était mort. Mais je ne pouvais pas l'intégrer.

Il était mort. Je l'avais tué. Je venais de tuer mon père.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant