Saccagé || Niam - en pause

Chapitre trente - Niall

Je me trouvais dans une petite forêt, à l'extérieur de la ville. Harry m'avait avertie que Tara serait dangereuse ; mais Danielle et Guilia ne pouvaient pas le laisser seul dans cet état. Je me retrouvais donc seul, mais ce n'était pas tout ; mes sens étaient altérés. Les feuilles colorées des arbres virevoltaient autour de moi, alors que mes pieds s'enfonçaient dans le tapis de feuilles et de champignons, mouillant et tâchant mes chaussures. Je sentais et entendais le sifflement du vent dans les branches, masquant la plupart des bruits que je pouvais trouver suspect ; mes nerfs étaient sur le point d'exploser.

Je ne me sentais pas à mon avantage, alors que l'odeur de promeneur commençait à danser près de moi. Je ne savais pas à quelle distance ils se trouvaient, le vent rendait la détection impossible. Cependant, je savais que je ne voulais pas que des inconnus, humains qui plus est, assistent à ce qui allait arriver entre Tara et moi. Je n'arrivais pas à la repérer, mais j'imaginais que masquer son odeur était une chose qu'elle avait appris à faire.

Le froid engourdissait à présent mes mains, alors que je me trouvais ici depuis plusieurs heures. Le fait de devenir lycanthrope avait considérablement augmenté ma résistance au froid, mais je n'étais tout de même pas immunisé contre celui-ci. J'avais l'impression de tourner sans but, alors qu'aucun indice ne m'apparaissait clairement. Je ne savais pas où elle se trouvait et cela commençait à me frustrer ; cependant, je devais persister. Elle était dangereuse et avait en sa possession certains de mes biens, qui étaient considérablement importants.

Passé un moment, je sentais ma colère prendre en grandeur. Je ne comprenais pas, je n'avais aucune raison particulière–exceptant la fatigue, mais elle était supportable–d'être énervé. Cependant, je sentais la transformation démarrer sans que ne le veuille consciemment. Je fermais les yeux une seconde, les rouvrant sur un monde peint de rouge. Toutes les choses autour de moi étaient nuancées de couleurs rougeâtres, alors que je me mettais avancer. A travers les bourrasques, une odeur se dessinait lentement. Elle se trouvait là, je ne savais pas comment j'avais réussi à le détecter sans me concentrer, mais elle était là et cela m'apparaissait à présent clairement.

J'entendais les grognements effrayants que je produisais, lorsque je me mettais à accélérer le pas, sentant clairement qu'elle se déplaçait : elle m'avait également repéré. Cependant, malgré son début de fuite, je réussis à la rattraper, alors qu'elle courait entre les arbres, trébuchant sur quelques rochers recouverts de feuilles mortes. La peur semblait la ronger totalement lorsque je commençais à prendre de l'avance, les bourdonnements au fond de ma gorge prenant en intensité. Je me glissais entre les arbres, évitant les rochers et les obstacles, courant vers ma proie.

Lorsque je fus à sa hauteur, je me pressais à ses côtés puis, dans un mouvement souple, cernait sa gorge de mes griffes, obtenant une longue lamentation de sa part. Nous tombâmes au sol, son visage frappant un rocher d'une sanglante union, alors qu'elle s'égosillait dans la douleur. Je ne reconnus pas ma voix lorsque je hurlais :

–– As-tu prévenu les chasseurs ?

Elle ne répondit pas ; à la place, elle attrapait mon visage entre ses mains et griffe, essayant de me blesser. Mais, avant qu'elle ne puisse le faire, j'attrapais son bras et, d'une agile manœuvre, emprisonnait ses os de ma force. L'un d'eux cédait sous celle-ci après quelques minutes, la faisant s'étouffer plus fort, alors qu'elle essayait d'éradiquer la douleur. Je répétais une autre fois ma question, ne forçant pas ma voix, jusqu'à ce que ses insultes épuisent définitivement ma patiente. Certains aspects de ma force me semblaient étranges, mais j'étais trop occupé à hurler sur cette déloyale femme pour m'en soucier.

–– L'as-tu fait ?!

Ma voix avait été forte auparavant, mais, à présent, elle avait gagné quelque chose. Je ne pouvais pas le décrire, mais vaguement le détecter, additionner aux glapissements atténués et peureux de Tara. Même elle, une alpha expérimentée, était intimidée par moi ; elle semblait minuscule face à mon pouvoir.